Quand elle monta sur la scène, la peur la submergea.
Elle était sûre d'elle, sûre de sa voix. Tout le monde le lui avait dit : elle avait un talent fou. A elle seule, elle était capable de faire danser une salle entière comme elle pouvait l'émouvoir. C'était un don qu'elle avait. Jamais elle n'avait travaillé sa voix, jamais elle n'avait pris de cours, jamais elle ne s'était perfectionnée. Elle chantait juste sans se soucier de ce qu'elle faisait et regardait les gens s'émerveiller.
C'était ce qu'elle préférait : le regard des gens. Les voir en admiration devant elle. Certains pleuraient, d'autres se mettaient à chanter à tue-tête (de façon plus ou moins juste). Elle pouvait aussi déceler de la jalousie chez certaines personnes. Très souvent de la part de jeunes femmes qui pensaient avoir du talent mais qui ne lui arrivait pas à la cheville. Mas elle n'y faisait pas attention. Tout ce qui comptait pour elle, c'était le bonheur qu'elle apportait aux gens et surtout l'envie qu'elle provoquait.
Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se laisser gagner par le trac. C'était assez étrange. Sûrement la peur de décevoir, la peur de ne pas retrouver son public, la peur de ne pas ressentir cette fierté qui l'envahissait à chaque concert.
Laissant de côté ses inquiétudes, elle souffla un bon coup et prit son courage à deux mains. Alors, elle saisit le micro et se mit à lire en essayant de chanter les paroles sur la petite télé réservée au karaoké.
Et dans le bar, les quelques habitués encore présents l'écoutèrent d'une oreille distraite, espérant qu'elle résisterait à l'envie de chanter une autre chanson.
Alexandre