19 juillet 2015
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Je pourrais lui dire que Clifford a retrouvé sa vigueur, que ces nouveaux onguents venus de Paris ont fait merveille... mais Oliver mon garde-chasse n'a pas l'éclairage à tous les étages. Il ne comprendrait pas.
Allez parler de rigidité pénienne à un garde-chasse qui ne songe qu'à faire feu en toutes circonstances... et même quand la chasse est fermée.
Quand je pense au temps que j'ai mis à l'apprivoiser - une vraie bête sauvage - et à lui faire accepter de quitter ses brodequins qui rayaient le parquet du boudoir.
Je suis certaine qu'il est là contre l'huis à rouler ses yeux de sorcière et tirer la langue comme le font ces satyres aux oreilles de bouc et sans parler de l'odeur.
Ah il en faut de la constance, croyez-moi... d'ailleurs Constance c'est mon prénom.
Je vous l'accorde, ce n'est pas le moment de plaisanter alors qu'il va finir par défoncer la porte de la chambre et réveiller Clifford.
Qu'est-ce qui lui prend? Jamais je n'ai voulu que nous le fassions dans la chambre, non pas par respect pour cet impuissant de Clifford mais par principe.
Parfaitement j'ai des principes... ce qui n'exclut pas d'avoir des envies.
“Cesserez-vous de frapper à la fin, mon ami?”
Oliver s'est calmé mais je sais bien que ça ne durera pas. Son démon de midi sonne toutes les heures du déjeuner au dîner!
“Que Madame Constance m'excuse... j'ai là quelque chose d'importance pour elle!”
Qu'il faut être nigaud pour inventer une excuse pareille.
“Glissez-là donc sous la porte!”
Ces frottements de brodequins me sont insupportables et donneront bien du travail à Léontine.
“C'est que ça ne rentre pas, Madame”
C'est bien la première fois que je l'entends dire ça depuis que nous sommes intimes.
“Vous n'avez qu'à forcer... ça n'est pas bien compliqué, Oliver!”
Au bruit qui s'ensuit, je devine qu'il doit forcer comme un sauvage, d'ailleurs c'est un sauvage.
“Vous allez tout casser, Oliver! Posez donc ça devant la porte et laissez-moi tranquille”
“Voyez vous même Madame! C'est un gros paquet!!”
Il insiste le bougre. Je vais devoir quitter ma couche, passer mes mules et mon peignoir de molleton... J'espère que tout ceci en vaut la peine.
Comme il tambourine de plus belle à la porte, j'enjambe Clifford toujours endormi et me précipite pour ouvrir.
En effet, le paquet est volumineux, impressionnant, pourtant il m'y a habituée.
Oliver a les yeux exorbités, les oreilles de bouc particulièrement turgescentes et ses mains sont toujours aussi caleuses.
Je me suis habituée à ses oreilles de bouc et ses yeux, pour ça il suffit que je ferme les miens, mais les mains caleuses... je ne m'y fais pas.
“Encore une de vos facéties, Oliver?”
Il ricane d'un rire maléfique, de ce rire qui me fait peur et m'excite à la fois.
“C'est un cuissot de chevreuil” dit-il en sortant une viande sanguinolente d'un immonde papier journal et il ajoute “parce que vous le valez bien, Madame”
“D'où sortez-vous ça?”
Je réalise que ma question est stupide, mais c'est la seule qui me vienne pour l'instant.
Il pourrait me répondre qu'il a entendu ça dans une réclame pour produits de beauté mais il se contente de dire “ça vient de votre giboyeuse forêt de Wragby, Madame”
Je tente un “Whatelse, Oliver?” mais le bougre est ailleurs - c'est juste Oliver, pas Raymond Oliver - trop occupé à lorgner dans l'entrebâillement de mon peignoir molletonné.
Tout ça va finir dans la cuisine... à mouiller la marinade.
Il faudra faire ça lentement, à découvert, en écumant de temps en temps.
Quant à monter la sauce au fouet... je ne laisserai ça à personne.
Vegas sur sarthe
Sujet semaine 30-2015 clic
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