sujet semaine 41/2016 - clic
Ils vont mourir, nos mots,
si nous n’y prenons garde,
ils vont mourir des bruits
assourdissants des villes,
ils vont mourir, éteints,
impuissants et serviles,
rongés jusqu’au squelette,
ils vont mourir demain
d’une absence discrète…
Ils vont mourir, nos mots,
des buissons sans oiseaux,
du grand vide des nids,
du départ des abeilles ;
de feu la poésie,
asphyxiée dans son l’air,
vidée de ses étoiles,
sans ses vocabulaires
et ses riches syntaxes,
livrée au virtuel,
sacrifiée à la toile…
Ils vont mourir, nos mots,
privés d’ espoir de lune
et du secours précieux
de nos vieux porte-plumes,
ils vont mourir, nos mots,
s’ils n’ont plus d’ oxygène,
ligotés aux poteaux
du noir béton des tours,
ils vont mourir, c’est sûr,
emmurés pour toujours,
orphelins à jamais
de leur droit à l’Amour.