sujet semaine 41/2016 - clic
Toute ressemblance avec des personnages ayant existé dans le passé, le présent et même le futur serait purement fortuite
Il était une fois, il y a trèèèès longtemps dans un pays aujourd'hui submergé par les eaux depuis l' époque du changement climatique, de petits hommes ni gentils ni méchants qui voulaient presque tous être président.
Il n'y avait qu'à voir, pour se faire une idée, l'agitation qui régnait au bar de Marcel, où chacun y allait de son avis et de ses bons conseils, surtout après le troisième ballon de rouge.
Agitation qui redoublait dès lors que l'on approchait des élections.
Chaque parti optait pour la stratégie qui lui semblait la meilleure et bénéficiait du matériel adéquat, prêté par la communauté.
Ainsi tel parti choisissait le casse-noix, appareil vicieux servant à agacer, voire déstabiliser l'adversaire en critiquant ses moindres faits et gestes, un autre ne jurait que par le fil à couper le beur, un autre encore, plus brutal, optait pour la prise en tenailles et ainsi de suite.
Piccolo 1er, lui, ne se séparait jamais d'une sorte de moulin, en tout semblable aux fameux moulins à café de nos grands-mères (d'où l'expression broyer du noir) mais qui lui, ne moulinait que des paroles.
L'engin, d'une efficacité redoutable, n'avait qu'un seul défaut: son coût de fonctionnement. Car le ruban qui en sortait, celui-là même qui emberlificotait habilement l'électeur abasourdi, rapidement prisonnier du flot continu de paroles, était à usage unique, contrairement au casse-noix, au fil à couper le beur et aux terribles tenailles, certes plus onéreux au prix d'achat mais pouvant ensuite servir indéfiniment.
Mais Piccolo 1er était irrassasiable en matière d'électeurs, il les lui fallait tous, quitte à les embarquer dans des cars pour les prendre par groupes entiers dans les filets de son éloquente logorrhée, tel un cow boy choppant au lasso Indiens réfractaires et buffles sauvages confondus sous le même noeud coulant.
Tous ces rubans hâbleurs sifflant sans cesse sur ces cervelles insouciantes, avaient un coût, vous vous en doutez, et Piccolo en usa tant qu'il dépassa le budget autorisé.
En face, le clan des casse-noix, noisettes, pécans, pistaches et coques en tous genre se firent un malin plaisir de le haranguer: "coucou c'est nous les casse-cou, tu files un mauvais ruban et tu dois des sous!"... Ce à quoi, Piccolo répondait en majesté offensée: casse-noix, bouffon! Ce qui ne le grandit pas, à son grand désespoir.
Et pendant ce temps, peinards dans leur coins, les adeptes du fil à couper le beur attendaient le grand jour générateur de toutes les félicités régaliennes.