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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 14:21

sujet semaine 35/2017 - clic

Comme la nuit tombait, Gilles se décida à rentrer.

Des couchers de soleil semblables à celui-là, pourtant, n’incitait pas à partir, mais donnait envie de passer la nuit ici, seul, à attendre sans bouger, sans parler… dans la fraîcheur du soir, puis dans le froid pénétrant de la nuit, le retour du petit matin. Sans bouger, sans parler, sans penser surtout. A ce qui fut son passé. Leur passé. A ce souvenir encore si présent de longues soirées à deux, à regarder le ciel, à scruter les étoiles, puis à voir la nuit basculer doucement sur eux comme un drap pour les recouvrir progressivement de sa plénitude apaisante, mais aussi de ces inquiétudes et de ces petites peurs que procure parfois le cri bref d’un oiseau ou le passage furtif d’un animal passant là derrière, au cœur des ajoncs de la lande. Ils se regardaient alors en riant et il la serrait très fort contre lui en lui demandant si elle n’avait pas eu trop peur. Non, Jeanne n’avait jamais peur en la présence rassurance de SON Homme, comme elle disait, mais qui un jour, sans prévenir, sans était allée vers un autre destin.
 
Gilles redoutait ce moment en se demandant si ce pèlerinage n’allait pas le détruire et l’enfoncer encore davantage dans la déprime et l’énorme solitude où l’avait plongé ce départ brutal, cette idée que, quoi qu’il fasse, rien ne serait plus comme avant, et que s’il voulait poursuivre sa route, il lui faudrait chasser de sa vue, et mieux, de sa vie, de son esprit, l’image de cette femme qu’il avait tant aimée. Le ciel était passé au rouge flamboyant, et l’incendie céleste s’ajoutait au feu intérieur qui le dévorait. Malgré la fraîcheur du soir, il se mit à transpirer à grosses gouttes. Le rythme de son cœur s’était accéléré. A deux doigts du malaise. Il aurait dû s’enfuir à toutes jambes et ne plus jamais revenir, mais une force gigantesque le retenait sur place et rivait malgré lui ses deux pieds au sol de la côte. Ses jambes pesaient une tonne et sa tête bourdonnait de mille bruits et de mille pensées.
 
Quand le soleil disparut complètement à l’horizon en plongeant l’océan dans une obscurité qui pour d’autres aurait pu être désespérément noire et lugubre, son esprit s’apaisa soudain. Le clapotis de la vague s’accorda tout à coup aux battements de son cœur qui s’était ralenti naturellement, le silence s’était répandu tout autour et une plénitude nouvelle s’empara de lui, sans qu’il en ait tout à fait conscience encore. Le souvenir et le chagrin avaient suivi le soleil dans son dernier plongeon. Gilles prit doucement sa respiration et amorça un demi-tour tranquille en tournant lentement et définitivement le dos à la mer.
 
Une vie nouvelle allait enfin pouvoir commencer pour lui.
 
 

commentaires

A
L'apaisement après les peines, rien de mieux que la mer pour le lui apporter .
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M
Un moment de lâcher prise émouvant.
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J
Il est des départs qu'il faut apprivoiser et dès que on peut alors tourner une page de sa vie...
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J
Le soleil a emporté avec lui le malaise<br /> la nuit sera bonne conseillère
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