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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 19:07

sujet(s) 13/2018 - clic 

Dans sa chambrette la petite Huguette pleurait sa honte et son amour perdu.

Elle ne pouvait pas, non elle ne pouvait pas se confier à sa mère Charlotte, lui raconter les salades, le poil dans la main, et le feu qui depuis la brûlait…

Elle ne l'aurait pas crue, elle dont la piété, le courage et la vertu faisaient l'admiration du village.

Et même au-delà. Chacun la connaissait au marché de Villebon, où chaque samedi elle vendait ses pommes, ses fromages de jument, et le noir pour faire les carreaux qu'elle extrayait de la cendre du foyer.

Rien ne se perd aimait-elle à répéter à des douze enfants, tandis qu'elle broyait le noir, et qu'eux chargeaient la charrette de pommes avec leurs petits bras, leurs petites mains, chantant courageusement "le travail c'est la santé", ou "la maman des poissons" pour se donner du cœur à l'ouvrage, en évitant de tomber dans les pommes (parce qu'ils avaient aussi de petites jambes).

Quant à Papa, si ombrageux, si à cheval sur la réputation d'Huguette, il serait sans doute monté sur ses grands chevaux, ou du moins l'un des deux, (car il en avait deux, la ferme était cossue), l'énorme boulonnais ou le gros percheron, pour aller battre la campagne, comme il le faisait chaque fois qu'il était contrarié.

Il en aurait profité pour aller calmer ses nerfs chez la grosse Adèle, à la taverne du pot au feu, que chacun appelait le pot aux roses, depuis que Rose Marie et Marie Rose, les accortes jumelles, y dansaient la gavotte sur la grande table le samedi soir (qu'on débarrassait pour qu'elles ne mettent pas les pieds dans le plat).

Et sûr qu'on ne l'aurait pas revu de la semaine.

Le travail aurait attendu, une fois de plus !

Alors que justement Huguette, qui était l'aînée des douze, mais qu'on appelait toujours "la petite" malgré ses quinze ans révolus (depuis la st Médard), ne pouvait pas beaucoup aider Charlotte à cause de sa main bandée.

"le chaudron m'a brûlée" avait-elle dit à sa mère pour expliquer le linge dont elle avait entouré sa main.

Or elle avait menti, et ce mensonge la désespérait, mais pouvait-elle dire la vérité ?

La chose s'était produite le lundi des rameaux, dans le champ d'en bas, tandis qu'elle coupait des choux pour faire la soupe. Toute la famille raffolait de la soupe aux choux.

Elle avait entendu un sifflement, mais qui ne ressemblait pas vraiment à un sifflement, en fait, pas non plus à un roucoulement, c'était un bruit indescriptible, étrange et mélodieux. Et c'est là qu'elle l'avait vu, assis dans les salades, un petit homme vert, qui ne ressemblait pas vraiment à un homme, mais pas non plus... Enfin bref : c'était O, ainsi que le proclamait l'écran sur sa poitrine, enfin pas vraiment sa poitrine, sa face avant.

Il posa le lapin avec lequel il jouait.

Son oeil articulé flamboyait. De ce qui ressemblait à une main, enfin pas vraiment une main, mais quelque chose de sinueux, d'ondoyant, sortait un poil long, soyeux, infiniment troublant.

Elle avait posé sa serpette, les ondes avaient fait le reste.

Ensuite ses souvenirs étaient confus, elle était montée dans une hutte volante, enfin pas vraiment une hutte… bref.

C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée avec une main verte. Qu'elle cachait depuis.

Quand même pas de bol de tomber sur un martien qui déteignait !

 

Le blog d'Emma

commentaires

F
C'est excellent, jusqu'à la chute !
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A
Juré, à partir d'aujourd'hui, je ne fréquente plus les martiens, trop peur qu'ils déteignent sur moi , rire
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D
Ben dis donc, quel imaginaire ! Drôlissime !
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M
La soupe aux choux est toujours une valeur sûre et tu as bien mitonné ton plat. Bel exercice avec ces sujets variés :)
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V
Pas fâché d'être passé! Tu as eu la main lourde sur ce coup-là et c'est bien :)
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D
Bravo tu as casé toutes les expressions en un seul texte ! Bien le coup de la main verte et du martien qui a déteint ! :D
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A
Ha ha ha ! J'en pleure de rire! <br /> Excellente idée que d'avoir pris ces expressions à la lettre, très efficace dans ce texte plein de trouvailles. Merci Emma pour le bon moment de rigolade.
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