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12 novembre 2018 1 12 /11 /novembre /2018 08:18

 

 

sujet 38/2018 - clic

Il était 15 heures, c'était le cinquième coup de téléphone depuis l'ouverture du cabinet, à 8 h ce matin. Il décrocha, calmement : « Bonjour Docteur, c'est encore Mme Duchemin, je crois que je vais aller au commissariat, je suis toujours sans nouvelles de mon mari, depuis mardi, nous sommes samedi".
 
« Je comprends votre inquiétude, je vous comprends madame, mais je tiens à vous rassurer, quand votre mari est sorti de mon cabinet mardi soir, M. Duchemin était calme, il a, comme toujours, allumé une cigarette, piment indispensable pour calmer ses angoisses, comme vous le savez, et il est parti, serein ». Il ajouta : «Je vous déconseille d’aller au commissariat chère madame, Il n'est pas simple d'obtenir un certificat de « vaines recherches », un dossier précis vous sera exigé, c'est la loi, les démarches sont longues, inutiles, n'hésitez pas à venir me consulter si votre inquiétude augmente, vous vous allongerez sur ma nouvelle table 5e dimension, le temps d’intégrer votre soi supérieur, tout ira bien, au-revoir madame Duchemin ». Le docteur Lerouge, éminent psychiatre spécialisé en thérapie cognitive-comportementale, raccrocha tranquillement.
 
Il lui fallait un peu de temps en effet, pour se débarrasser définitivement du cadavre de ce grand couillon de Duchemin, enfin mort. 
 
Pour l'instant, le cadavre de ce con était coincé dans l’immense congélateur-coffre quatre étoiles, de la maison de campagne de sa tante Elsa. Cette dernière, partie reposer ses 96 ans rhumatisants en maison de retraite, lui avait confié la clé unique de sa maison, dont d'ailleurs il hériterait à son décès, qui ne devrait pas tarder... Duchemin, reposait sous les couches successives de légumes biologiques du jardin, haricots, carottes, petits pois, choux fleurs, de tranches de bœuf et aussi de la moitié d'un agneau et de quelques côtes de porc, il ne risquait rien, bien au frais malgré la canicule ! Duchemin Marcel ce grand escogriffe, toujours essoufflé, vindicatif, rancunier, était une andouille ! Il cultivait une soit-disant dépression nerveuse, qui lui valait d'être indemnisé depuis des années par la sécu, et passait son temps à démolir la vie des autres. Un dangereux pervers ! Lerouge était bien content de l'avoir mis hors circuit. Le coup violent, porté à la temps du pervers par sa statue de marbre, avait réglé le problème. La sculpture, Lerouge l'avait balancée dans la Seine. Son cabinet étant chasse gardée, Il pourrait toujours prétendre qu'on lui avait volé, dans le cas, peu probable, ou surgirait un problème.
 
Ce Duchemin fouillait dans la vie des autres sans vergogne, pratiquant d'ignobles chantages, pour mieux jouir de l’angoisse de ses victimes. Le docteur ignorait comment Duchemin avait démasqué sa triple vie, il ne comprenait pas comment cet abruti, rempli d'aigreur, avait pu prendre des photos de ses maîtresses. Depuis des années, sa vie bien organisée fonctionnait sans heurts. Chacune de ses femmes persuadées que son  planning axé sur l'humanitaire, l'empêchait de se rendre disponible, vivait dans le confort, grâce à ses finances, foisonnantes. Où était le mal ? Les enfants eux aussi allaient bien.
 
Comment diable, ce grand con de Duchemin avait-il pu percer à jour une organisation si parfaite ? Il ne le saurait jamais, car avant que Duchemin ait pu s'expliquer sur les détails, avec son sourire en demi-coin menaçant, Lerouge lui avait balancé la statue sur le crâne, avec une violence propre à lui écrabouiller la cervelle ! Lerouge, homme élégant et aimable, n’avait jamais aimé la contradiction.  Enfant, il arrachait avec délectation et sans bruit, les pattes des mouches, et ce n'était pas un Duchemin qui allait lui bloquer un parcours bien pensé.Le docteur ne s’inquiétait pas de la suite,  à un moment ou à un autre il irait de décongeler Duchemin, rien ne pressait. Quand à Mme Duchemin, cette grosse dinde,  Lerouge ne s'en préoccupait pas plus que de la couleur de ses chaussettes, il lui offrirait quelques séances à moitié prix, et l'encagerait sur son super divan à micro-ondes, le temps de lui liquéfier la cervelle. Un jeu d'enfant, elle ne se souviendrait même pas de son prénom ! 
 
Tout étant en ordre,  il se mit à fumer un gros cigare, les pieds sur son bureau.
 
 
 
Le blog de France Lacoste

commentaires

C
Un psy démasqué par son patient, voilà un juste retour des choses. Dénouement implacable, mais hélas attendu, c'est le sort réservé à (presque) tous les grands cons de la terre..
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E
on commence par frauder la sécu, et puis on finit congelé sous les légumes, voilà un sacré thriller psychologique !
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V
Lerouge c'est le nom de mon traiteur préféré… je me demande aujourd'hui ce qu'il met dans ses verrines !
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J
Quel hypocrate, hypocrite.... ,-) le bon dieu sans confession, et... au suivant !
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L
J'en palpite encore ! une histoire déjantée, qui me fait osciller entre effroi et pliage en deux !
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J
fallait pas l'embêter le sieur Lerouge
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D
Un Landru moderne grâce au congélateur XXXL !!
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A
Il a oeuvré pour l'humanité en quelque sorte :)) C'est bien pratique tout de même, ces congelos XXXL
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