sujet 16/2019 - clic
Je ne sais pas vous, mais moi, depuis toute petite, j'ai toujours eu envie d'adopter un dragon. C'est mignon un dragon, affectueux, malgré la très mauvaise réputation qui leur est faite. Un dragon ça vole, ça virevolte, c'est amusant. Un dragon ça crache du feu, c'est distrayant. Lors de mon voyage en chine, je n'avais pas pu rapporter de dragon, à cause du prix très élevé de la bestiole. Par hasard, alors qu'avec mon mari, nous randonnions, un jour d'hiver, sur le Larzac, nous nous arrêtâmes dans un gite, le giteur était éleveur de dragons. En fraude. Dans notre pays, il est interdit d'élever des dragons, sauf des dragons biologiques, bien sûr, c'est logique, à cause de la planète qui va mal, des forêts qui brulent, des tsunami et des cigarettes. C'est toxique la cigarette. Parfois, ça crame même les poumons, et puis, si vous mettez dans une tirelire chaque semaine le prix du paquet que vous fumez, au bout d'un an, vous pouvez partir en Chine. On avait fait comme ça, je sais donc de quoi je parle !
Dans le mini zoo à dragons du Larzac, il y avait un bébé dragon, tout joli. Il avait le poil doux, des petites ailes jaunes, et des yeux bleus langoureux. Notre loueur me précisa que depuis le Paléolithique supérieur, sa famille, venue de Mongolie, élevait des dragons. De père en fils, de mère en fille. Une tradition bien établie. Ce bébé dragon me draguait, il dansait sur ses petits pattes dès qu'il m'apercevait, tournoyait, il semblait sourire. Je suppliait notre logeur afin qu'il accepte de nous vendre le bébé danseur. Il accepta, et me précisa cependant que dragon ou dragonne, il ne saurait nous dire...Qu'importe. Nous lui donnâmes le beau prénom de Guy, car Guy fut un disciple de saint François d'Assises, auquel je voue une grande admiration, car dans sa jeunesse, il adorait la geste des troubadours.
Tant qu'il fut petit, Guy dormit dans notre lit, en effet, il avait très peur du noir, Guy était peureux. Quand il eut 21 ans, il se mit à cracher du feu, on a aussitôt acheté des extincteurs, et on lui a demandé de dormir dans sa chambre, mais avec une veilleuse pour le dés- angoisser. Un jour de pluie, Guy se mit à gémir et à se tortiller bizarrement. Tiens donc ! était-il malade ? Plouf ! Un œuf énorme tomba tout à coup, de son cul, sur le tapis du salon ! Un œuf ? Donc Guy était une femelle ? Il fallait réfléchir à modifier son prénom, une femelle ne peut pas se prénommer Guy, quoique que George Sand avait bien pris un pseudo masculin. Nous décidâmes donc de mettre un E au bout du prénom, ça donnait Guye. Pas mal hein ? L’œuf de Guye devait bien peser dans les 150 kg, mon mari, fin bricoleur alla chercher sa scie sauteuse, afin de décapiter le machin. Guye semblait se fichait de cet œuf comme de sa première veilleuse. Elle se goinfrait de chips aux olives, tranquille.
Lorsqu’on déposa le chapeau de l’œuf, vous voyez, comme quand on mange un œuf coque, apparut une petite fille. La petite, brune aux cheveux longs et soyeux, bégayait. Elle bégayait en une langue étrange, genre chinois, japonais ou breton. Peut-être qu'elle ne bégayait pas, on ne sait... Au bout de quelques jours, on s'aperçut qu'elle ne voulait manger que des œufs. De poule, les œufs. J'allais chez l'épicier lui acheter un caddy plein d’œufs, afin de lui faire une omelette. Elle se mit à sourire. Nous décidâmes de l'adopter, nous n'avions pas eu d'enfant. Elle s'entendait très bien avec Guye, ils nous faisaient des blagues tous les deux, avec les extincteurs, Guye crachait du feu, la petite l’éteignait, sauf le jour où elle n'a pas réagi assez vite et ou le feu pris dans le garage, faisant sauter la voiture. Depuis, nous vieillissons joyeusement, avec notre petite bretonne-japonnaise, et Guye. Cette vie pleine de rires nous inciterait presque à repartir dans le Larzac, pour adopter une petite sœur...Nous y réfléchissons.
Le blog de France Lacoste