sujet 18/2021 - clic
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Treize jours déjà que tu es parti. La porte a claqué derrière toi et j’ai sursauté comme si la gifle de tous les mots que tu venais de dire se matérialisait. Alors j’ai permis aux larmes trop longtemps retenues de couler, enfin, en traînées brûlantes sur mes joues creuses. Elles dévalaient mon visage et se tremblaient au bord de mon menton pointu avant de glisser le long de mon cou, jusqu’au creux de ma poitrine soulevée de sanglots. Tu n’avais que faire d’un sac d’os avais-tu jeté, dernière insulte restant sans doute dans le sac des méchancetés que tu venais de déverser sur moi, comme une poubelle que tu aurais renversé d’un coup de pied. Et j’étais là à pleurer.
Mais je ne pleurais pas sur ma déception, sur ce que j’avais cru être de l’amour, sur les jours passés et les illusions perdues. Non, je pleurais sur ma stupidité, sur l’énergie gaspillée à avoir essayé d’être celle que je n’étais pas pour correspondre à l’idée que tu semblais te faire de moi, au temps perdu en efforts que je savais inutiles et que, pourtant, je faisais parce que je voulais tant que tu ressembles, toi aussi, à l’image que je me faisais de toi. Ton image à fini par absorber toute cette eau salée qui jaillissait de moi, et elle s’est délitée jusqu’à n’être plus qu’une petite boule de papier mâché que ma mémoire allait recracher.
Aujourd’hui et dans les prochains jours, c’est décidé, je me prends en main et je me forge une armure contre les types comme toi, les beaux parleurs, les jeteurs de poudre aux yeux, les jean-foutre qui prétendent faire tourner le monde. Je me drape dans ma dignité injustement bafouée, je m’enroule dans mon bon droit, je m’entortille d’idées positives et me barde de bonnes résolutions, je m’emmitoufle dans tous les possibles qui s’offrent à moi, dans ma liberté retrouvée. J’ai le sentiment de prendre de l’épaisseur, je vais me rendre visible, exister enfin par moi-même et non plus à travers, ou pour, ou par quelqu’un.
La femme que je regarde et qui me regarde dans le miroir est l’alter ego qui va m’aider dans ce nouveau combat. Ses yeux ne quittent pas les miens, nos gestes se confondent. Nous sommes à la fois réalité et image, je la quitterai mais elle sera avec moi à chaque instant. Il suffira que je la croise dans une vitrine, dans la glace d’un bistrot, dans une flaque d’eau sous le soleil. Je lève les bras, je tends les mollets et bombe le torse, je me sens à l’aise dans ma nouvelle peau, l’avenir ondule devant moi tel une oriflamme.
Le blog de Galet