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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 12:12

Marie

- Cette fois, c'est la dernière. Tu m'entends, Marie. Je t'interdis de revenir. Tu prends ce train, tu livres le colis et tu restes là-bas.
- Mais toi, Roland. Qu'est-ce que...
- Ne t'occupe pas de moi. Je vais essayer de trouver un moyen. D'abord, je dois être sûr que les documents sont bien parvenus à l'office. C'est trop important. Ils contiennent des informations essentielles. J'ai enfin découvert la localisation de leur XT300 et même, il se trouve qu'il y a une faille dans leur système de sécurité. Avec ce que contiennent ces papiers, Lola saura tout ce qui lui manque encore pour monter une opération de nettoyage. Tu comprends, Marie ? De toute façon c'est fini. D'ici peu, leur foutue arme ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
- Et qu'est-ce tu comptes faire après ?
Je vais disparaître en essayant de ne pas laisser de traces. Il ne faut pas qu'ils sachent d'où provient la fuite. On a encore quelques camarades infiltrés. Je crois que je vais passer par la Finlande. Lola me fera revenir ensuite. Ne t'inquiète pas mon amour.

Déjà deux ans. Deux ans que j'ai pris ce train. Deux ans sans nouvelles. La guerre est finie maintenant. Roland, où es-tu ?

Je me souviens quand il m'a déposée devant la gare centrale et qu'il m'a dit d'y aller.

- Tu fais comme d'habitude. Tu marches tout droit, la tête haute. Un peu fière, hautaine. Le train part dans cinq minutes, quai B. Tu vas vers les premières. Voiture 6, compartiment 8. Voilà ton billet. Tu seras seule. De toute façon, j'ai réservé tous les autres sièges. J'ai glissé les microfilms dans la couverture de ce petit livre. Inutile de le planquer, c'est totalement invisible.

Et puis, un peu brusquement, il m'a poussée hors de la vieille voiture. Moi j'aurais voulu échanger un baiser avec lui, pas seulement un vague signe de la main. Il a démarré en trombe et la guimbarde a disparu à l'angle de la rue.

Mécaniquement, j'ai fait comme il me l'avait dit. J'ai traversé la gare. Elle était pleine de soldats qui criaient. J'ai longé le quai jusqu'à mon wagon. Je me suis installée et le train est parti. Je ne me souviens plus très bien du voyage, je crois que j'ai dû lire le scénario que mon imprésario m'avait adressé quelques jours auparavant. Un navet, j'ai refusé le rôle. C'est seulement quand j'ai vu par la fenêtre que nous avions dépassé le petit pont au dessus de la rivière qui s'étire le long de la voie ferrée que j'ai su que j'avais franchi la frontière. Alors, les larmes ont commencé à couler.

 

Roland Ivy

commentaires

O
<br /> J'aime bien l'ambiance "espionnage" guerre froide... le ton percute bien en phase avec l'urgence de la mission. On n'a peu d'éléments mais on y est.<br /> Dés que tu écris la phrase "2 ans déjà... il y a 2 ans...", tout change, même si la narration revient 2 ans en arrière et au voyage en train. Et là, le ton n'a plus rien à voir. on est dans le<br /> chagrin, la perte..<br /> Dans le début de ton texte, on est dans la tête de Roland et dans la seconde, dans la tête de Marie. merci<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Un aller simple sans un seul retour... Superbe !<br /> <br /> <br />
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E
<br /> j'ai déjà beaucoup aimé le premier texte que tu as écrit, et j'aime beaucoup la fin que tu donnes au mien, merci pourl'espoir qui s'y trouve<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Amosphère atmosphère.... Joliment trouvé.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> tu installes une belle ambiance très originale ! Claire<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bienvenue dans la Communauté de la Vitrine du Libraire ...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Sèche tes larmes Marie ! Avec Lola, c'est comme la guerre, c'est fini !<br /> Difficile de trancher en fait dans les deux lectures, l'historique où l'on s'émeut et l'amoureuse ou l'on sourit!<br /> Très bien vu de nous faire hésiter dans l'interprétation que l'on peut donner à ton texte .<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Une rupture qui ne cicatrisera jamais. Comment accepter de ne pas savoir ???<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Bel hommage aux personnes qui ont risqué ou vu s'effrondrer leur vie en temps de guerre. Que vaut un scénario en regard de l'absence ?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Très joli texte sur une période difficile de l'histoire, bravo<br /> <br /> <br />
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I
<br /> triste façon de se faire congédier.... et .très bien suggéré dans le texte<br /> <br /> <br />
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