Cette petite a de l’avenir ; exactement comme moi au même âge. Il faut absolument que je lui envoie mon agent. Je lui enseignerai tout ce que je sais. Ah, revivre ces jours merveilleux, la fièvre des compétitions ; le podium, et cette médaille d’or aux Jeux Olympiques. Oui, je vais faire d’elle la star de la glace. Elle en a tout le potentiel.
Qu’est-ce qu’elle fait là, la mémé en vison ? Elle pouvait pas aller s’installer plus loin ; ou dans un salon de thé, à grignoter des petits fours. Non, il y en a, il faut qu’ils soient aux premières loges ; si elle pouvait, elle aurait fait mettre sa table sur la patinoire. Mais, qu’est-ce qui m’arrive ? Zut, je dérape, j’ai loupé mon axel, je vais atterrir dans…, oh, non, pas ça ! Pas dans son assiette de petits choux !
JaclynO'Léum
Regarder les évolutions des patineurs, c’est un peu comme regarder un aquarium et ses poissons voltigeurs, un âtre et ses flamboiements danseurs, écouter une grande musique et ses vibrations de Callas, un ressac de plage aux intonations fugaces ; cela a un côté hypnotiseur, enchanteur, improbable, mystérieux, grandiose, et nos regards n’ont jamais de conclusions de fin d’image. Nos sens dérivent aux vents des impressions tumultueuses qui nous assaillent ; c’est un bercement incessant, une ivresse sensationnelle. C’est de l’empathie truculente…
S’attabler au concret d’un thé, à son parfum ceylanais, mais succomber très vite au ballet multicolore en écoutant les lames découper, émietter et lécher la glace. Les patineurs… Les regarder s’immoler par le froid, à la vindicte brûlante des moqueurs, mais les voir ressurgir vainqueurs à chaque circonvolution, à chaque enhardissement, à chaque sourire prometteur. Ils se retrouvent sur la glace pour la briser et tels des brise-lames, ils s’élancent au diapason de leur cœur en déséquilibre. Inspirés, ils opposent légèreté, aisance, fluidité, liberté, souplesse à rigidité, claustration, lourdeur, épaisseur, maladresse. Ils lèvent la jambe, ils cherchent la position gracieuse, ils glissent sur le fil de leurs patins, ils soulèvent l’intérêt des promeneurs circonspects. Ils s’appareillent de mimiques aux allures d’enjouées chorégraphies, subornent l’équilibre jusqu’à défier l’intransigeante pesanteur et s’affichent un instant, statues, muses, figures de proue, danseurs étoile à nos regards pervertis.
L’envoûtement, ha, l’envoûtement… C’est rire des premiers pas sur la piste, d’une glissade malencontreuse, d’une rhétorique alambiquée, mais c’est applaudir à la figure de haute voltige, à la poésie d’une révérence osée, aux pouvoirs divinement séducteurs de deux corps entrelacés. C’est additionner les superlatifs, c’est conjuguer à l’infinitif ces élans de glace, c’est traduire les moindres événements et les décerner muettement aux récipiendaires évoluant sur la piste. C’est subir l’intense frénésie de leur gestuelle harmonieuse ou anticiper leur prochaine circonvolution licencieuse.
C’est admirer la galerie de leurs tableaux éphémères, la perfection d’un geste, le subreptice vertige, le pli sévère d’une jupe, le galbe d’une jambe, la réserve conditionnée, la cuisse déifiée. Sans attendre le nord du mois de juillet, ils se produisent, ces conquérants, en couple, en solo, en virtuoses, en démonstration, en novices, en saltimbanques, mimant l’Aventure avec des effets de noctambules mais arrondissant l’amplitude de la glissade à une vraie prouesse de funambules.
Comme des signatures de grand voyage, ils créent leurs arabesques volages en laissant pourtant leurs empreintes ciselées sur la glace, aux sensations irréelles des spectateurs. Ils vainquent leur peur, dépassent les conventions, subjuguent l’auditoire, démystifient l’allégorie en y ajoutant des pépites de glace aux mille intonations pétillantes. Ils s’enroulent, ils s’enivrent, ils se troublent, ils se perpétuent, ils saisissent l’Instant magistral, la combinaison subtile de la Grâce et de la Perfection réunies, le temps d’un soupir de Volupté.
Rougis de fraîcheur et d’effort, les joues piquées de fard mais l’âme encore en tourbillon, ils retournent sur la terre ferme, les patineurs. Ils tirent sur leurs lacets, ils s’inventent d’autres prouesses, ils caressent d’autres espoirs, reculant l’inéluctable à des sensations de Hardiesse parce que, la Vie, n’est-elle pas… une irrépressible glissade ?...
Pascal.
Elle glisse, danse, tourne et virevolte,
Si douée qu’elle en paraît désinvolte,
La patineuse.
Elle veut oublier sur cette glace,
La peur et aussi les menaces.
Sa tante Rachel si fort la presse,
Son oncle s’est enfui de Dresde.
Faut-il vraiment prendre au sérieux,
Cet homme éructant et bilieux ?
Qui peut attendre qu’en trente-six,
On puisse croire un tel salmigondis ?
Peur de l’autre et de sa différence,
Golem de toutes les souffrances ?
Encore partir à Brooklyn ou Manhattan,
Quand tout ici est si gai, si élégant ?
Elle veut oublier un temps ses tracas,
Dans son joli costume rouge magenta.
Alors elle glisse, danse, tourne et virevolte,
Non, vraiment, elle n’a rien de désinvolte,
La patineuse.
Lyne
Ouf! Enfin terminé, parquet très bien ciré
Ma maîtresse sera-t-elle satisfaite et navrée
De m’avoir fait, en ce jour, autant travailler
Dimanche jour du Seigneur : repos bien mérité ?
Elle se met à prier, à doucement rêver :
Demoiselle de bonne famille, elle va patiner
Souriante, gracieuse, sa jupe elle fait voleter
Sous le regard coquin de son beau bien-aimé.
Sous ses pieds les patins font briller le parquet
Elle tourne valse vole et rit heureuse et transportée
Loin de sa vie de bonne à tout faire étouffée
Magnifique et fière comme un oiseau libéré.
Arrive sa patronne qui se met à hurler
« Esméralda je ne vous paie pas à danser
Là, sur-le-champ déposé votre tablier
Oust ! Votre journée ne vous sera pas réglée ! »
Jamadrou
Accompagnée de son jeune frère
De sa bonne mère,
Gardant vison sur le dos
Et mou chapeau,
Toute de carmin vêtue,
Ne passant point inaperçue,
Sa génitrice l'avait à l'oeil
Lisebeth...Un peu comme sur un seuil
On regarde s'éloigner
Sa jeune fille bien-aimée
Crainte du loup et fierté
De maman mêlés...
Ce jour-là, un thé, quelques biscuits
Pour le gamin, ah l'ennui,
Lisbeth en blancs bottillons
Sérieuse comme en compétition
Patinait en sauts de biche
Pour un jour être à l'affiche
Telle Barbara Ann Scott, la classe,
Qui ne la laissait pas de glace...
Monsieur Joe Brady
Le coach dandy
Laissait la mère sur ses gardes
Les mots des bavardes
Le fameux sucre cassaient,
Ah sait-on jamais... !
Dis m'an, on s'en va bientôt ??
Dans quelques sauts de lapin mon Toto !
jill bill
Nous vous contactons suite à la visite de votre blog d'atelier d'écriture. En effet il nous a interpellé par sa complémentarité entre l'écriture et la photo, et c'est pourquoi nous aimerions pouvoir créer une collaboration avec vous. Nous effectuons de temps à autre des concours d'écriture afin de produire des recueils de nouvelles. Un thème est donné et les auteurs doivent s'y contraindre. Il y a peu de temps notamment, ce processus a permis de faire naître un projet en hommage à Marguerite Duras. Les textes imaginés ont alors fait revivre la mémoire de cette grande écrivaine.
De nouveaux projets sont en cours de réalisation. Nous voulions alors vous demander si vous seriez intéressé de rentrer en relation avec notre maison et de nous suivre dans nos projets en relayant les concours sur votre blog.
Concours de Nouvelles 2015 : RENAISSANCES
Après Martin Luther King en 2013 ("J’ai fait un rêve"), Marguerite Duras en 2014 ("Rencontres Extrêmes"), Souffle court éditions lance un nouveau concours de nouvelles francophones en hommage à Nicéphore Niepce né il y a 250 ans et inventeur de la photographie.
Intitulé "RENAISSANCES", un recueil collectif sera publié dans la collection l’Atelier en novembre 2015 et rassemblera une vingtaine de nouvelles inspirées de photographies. Cinq femmes photographes (Mathilde, Estelle, Christine, L. et Mlle Billy), nous offrent des pistes de Renaissances. Nous les en remercions vivement.
"RENAISSANCES", offrira ses pages à des univers narratifs exprimant le désir ardent de repenser le monde, de faire renaître l’espoir, de cultiver l’amour et la fraternité.
Chaque nouvelle (12 à 15000 caractères) :
a) Evoquera une « renaissance » ;
b) Comprendra la phrase suivante : Notre monde vient d’en trouver un autre (Michel de Montaigne) ;
c) Evoquera ou s’inspirera de façon clairement identifiable (proche ou lointaine, appuyée ou fugitive) de l’une des 5 photographies au choix visibles sur le site de l’éditeur
d) Concours ouvert du 28 février au 31 juillet 2015-02-15
e) Annonce des 15-20 auteurs retenus : 1er octobre 2015
f) Parution à compte d’éditeur fin novembre 2015
Où t’ai-je rencontrée ? A la Gare Montparnasse. C’était sur le quai du Paris-Brest. Belle inconnue, je t’avais aperçue te faufilant au milieu de la foule des voyageurs. Dans la cohue, tu émergeais, constamment éclairée par les subreptices éclats de soleil qui caressaient l’enfilade des verrières. C’est comme si ses rayons hâbleurs s’étaient dévolus à t’accompagner partout. Les jeux d’ombre et de lumière augmentaient ton rôle de séductrice dans les méandres de mon cœur chamboulé.
Engoncée dans une robe serrée, mutine, tu trottais de ton petit pas menu ; une ombrelle dans une main et ta petite valise dans l’autre, tu semblais empressée de rejoindre ta voiture. Sur le sol, chacun des claquements de tes talons était un feu d’artifice, un hymne à ma cadence suiveuse et les froufrous qui dépassaient de l’ourlet étaient de l’écume sauvage dans le ressac de ta marche.
Comment t’ai-je rencontrée ? Une de tes mitaines brodées est tombée sur le quai, puis l’autre. Tu semais tes petits cailloux blancs… Même si, en souriant, tu l’as nié, j’ai toujours pensé qu’ils n’étaient pas tombés par hasard ; tu m’indiquais ton chemin… A cet instant, j’aurais tué n’importe quel galant qui m’aurait devancé à l’appel de tes talents. Je les ai cueillis comme on s’empare d’un trésor inestimable et je suis parti à ta poursuite. Dans ton sillage courait un parfum enivrant de violette ; dans la douceur de ta nuque, les rubans de ton chapeau se mélangeaient d’ardeur avec les boucles d’or de ta chevelure. A la répétition de ta marche, ils semblaient danser ensemble une chorégraphie d’envoûtement, comme une baguette de jeune magicienne aux enchantements passionnels…
« Mademoiselle ?... Mademoiselle ?... »
Tu t’es retournée… Le Paradis existe ; sur le seuil du Bonheur, j’en admirais la clé. Je souriais benoîtement ; d’habitude timide et réservé, je m’étonnai de l’affront brutal fait à ton abordage. Cette voix étrange sortie de ma bouche, cette intonation rauque et musicale, cet accent intrépide et caporal, ce n’était pas moi. Par ton sortilège d’Amour, de la chrysalide de l’insignifiante chenille, je naissais papillon… J’écartais les antennes, j’ouvrais les ailes, je m’étirais sur les pattes, je gonflais le thorax, je rentrais l’abdomen…
Chaque parcelle de ton visage était un futur perchoir à l’appel furieux de mes baisers en suspension ; je voulais goûter le miel de tes lèvres, boire à la source de ta bouche, m’enivrer de ta salive farouche. La pâleur de ta peau détonnait avec tes joues rougissantes ; tes regards bleutés, tes quelques grains de beauté, tes dents nacrées, étaient autant de visions extraordinaires qui chaviraient mes sens d’explorateur transi. Sur cette fleur d’oasis, j’avais la soif d’un Croisé quand, enfin, il tient le Graal. J’étais comme un gamin affamé à qui on dit qu’il peut tout manger du gâteau de ses rêves…
Paris-Brest, c’est quoi ? Un trajet, un nom de pâtisserie, une étape du Tour de France, un bête billet de train entre départ et destination ? Pour moi, ce fut le vrai début de ma Vie ; j’abandonnais l’habit casanier de la Routine et ses fermetures sans éclair ; usé de respirer pour rien, j’apprenais à soupirer pour tout et surtout pour toi. Sur ce quai d’aventure, j’aurais pu prendre un bateau, ou un avion, ou une fusée ou n’importe quoi qui puisse m’emporter avec toi, au bout du monde, jusqu’au fin fond de la galaxie profonde…
Tu as reconnu tes gants, tu as souri, tu m’as traité d’élégant et tu t’appelais Marie. Pour ne pas couper cette hallucinante dialyse, je me suis emparé de ta petite valise ! Mais oui, je serai ton porteur, ici et ailleurs ! Je serai ton Pierrot, au boulet de la lune ! Je serai ton héros, ta bonne fortune ! Je serai ton angelot, bien plus fort que Cupidon, ce modeste enfant de cœur, au premier rang de ta tribune !...
Impatient, notre train en partance lançait déjà ses éclaboussures d’escarbilles orangées dans le ciel quand tu as tendu ton billet au contrôleur ; j’ai avancé le mien. Me voyant porter ton bagage, il a simplement dit : « Allez-y, messieurs-dames… » Il avait des dons de divination, ce prêcheur de destination…
Dans notre compartiment, chacun de tes regards curieux éclairait divinement la fenêtre et tous les paysages défilaient en couleur. Je t’observais dans le reflet de la vitre. Dans ces vitraux intemporels, Marie, celle de Notre Dame de Paris, avait bien l’aura ordinaire.
Tous les mots des dictionnaires ne sont pas assez forts pour exprimer ce que je ressentais pendant ce voyage. On pourrait tenter de les mettre les uns derrière les autres, les ajuster dans une configuration imagée, on pourrait les crier ou les murmurer, ils ne correspondraient pas à notre réalité.
On a bredouillé, on a parlé, on a surtout murmuré. Tu allais visiter une vieille tante aux accents bretons et moi, qui ne suis ni parisien, ni brestois, j’embarquais sur un chalutier de pêche au thon.
Mon Amour, à la Saint-Valentin de chaque année et depuis des lustres, nous refaisons le voyage Paris-Brest. Comme si l’on ne se connaissait pas, tu cours après la correspondance et tu laisses tomber ton gant. J’aime savoir à l’avance tout le bonheur de notre avenir et je cours pour ne jamais m’en départir. Avec quelques bises, je récupère ta valise et, sur la banquette, je te compte encore fleurette. A ton côté, les paysages n’ont pas changé ; nous avons traversé la Vie et profité de toutes ses couleurs mirobolantes.
Chaque instant, mon Amour, je loue le Ciel de notre rencontre et si, aujourd’hui, vieux papillon, je connais toutes les fleurs de Paris jusqu’à Brest, c’est sur la tienne qu’amoureusement, je reste…
Pascal.
Vraiment il est des fêtes célébrées ardemment
A la Saint Valentin que l’on soit jeune ou vieux
L’amour ce jour là se décline sur tous les temps
Et moi seule ici pleure. Mon ami merveilleux
N’a pas laissé de message depuis l’au-delà.
Tristement j’erre, je cherche un signe d’ici de là
Il est cruel le temps de la séparation
N’oubliez pas, d’Amour, profitez-en à fond
Jak
J’ai les ch’veux,
Dans les yeux,
Le serre-tête
Qui m’embête
Sur la lèvre
Un bouton de fièvre
Et j’ai le cou
Qui penche beaucoup
Ah, mon Dieu qu’c’est difficile
De poser pour ce malhabile
Ah mon Dieu qu’c’est délicat
D’aimer un type comme ça.
Nounedeb
Il ne faut pas faire une généralité de sa propre expérience, surtout si elle est malheureuse, et c’est une hérésie de la colporter au monde comme la seule Vérité vraie. Un bouquet de fleurs, cela ne se réclame pas, il vient seul. Il pousse dans le cœur de celui qui l’entretient pour être flamboyant à chaque désir, à chaque seconde, à chaque soupir. Arrosés d’orages de Passion, nos jardins secrets sont des allées de trésors aux extraordinaires tonalités ; on ne cueille pour l’être aimé que ses meilleures orchidées. Un baiser, cela ne se quémande pas ; libre et sauvage, furtif et désireux, il va, il vient se poser tout seul sur nos lèvres parce qu’un regain d’amour, une faiblesse vaillante, une délicatesse volontaire, une attention supérieure.
Pour recevoir, il faut savoir donner et tout ce qui n’est pas donné est perdu. L’Amour et son certificat de longévité, n’est pas un tribut, un devoir, un impôt, une soumission, une obligation et la Saint-Valentin, c’est le signal printanier pour retrouver ces enchantements fondamentaux ; c’est se redire ce fameux « je t’aime » sans l’ombre d’une quelconque hypocrisie ; c’est retrouver une complicité peut-être émoussée et l’aiguiser au fusil de baisers fougueux.
Le Temps devrait se mesurer en mots d’Amour, en « je t’aime ». Il est douze « je t’aime » et quelques chaudes caresses au clocher de l’Eblouissement. Heureux ceux qui s’aiment d’un regard, d’un souffle, d’un rire, d’un silence. Heureux ceux qui se ressemblent et s’assemblent sur la piste d’une même danse, d’une même chanson, d’un même refrain, d’un même univers. Ils se découvrent dans les Ténèbres mais inondent leur Vie de Lumière.
La Saint-Valentin n’est là que pour réactiver cet Amour devenu ordinaire de toute la routine insidieuse que les jours transportent. C’est s’asseoir dans un coin de confidence et murmurer ensemble les mêmes secrets, les mêmes allégeances ; c’est oublier les tourments et redevenir amants ; c’est souffler de concert et gonfler la voile du même bateau. Sans Amour, la Vie est informe et vide ; elle est l’Enfer.
Si je pouvais, au calendrier, il n’y aurait que des Saint-Valentin. Chaque jour nouveau serait le quatorze février. Tôt le matin, on se dirait des « je t’aime » en étant certains de ces deux mots de consécration. Ils seraient l’aumône du couple et toute leur richesse ; ils seraient comme les gouttes de pluie pendant un orage et qui se rejoignent et s’enlacent pour former une mer de félicité. On les broderait de ses meilleures caresses, comme des habits de douceur et de tendresse. On les réciterait à répétition comme la seule prière véritable sur cette Terre. On se poserait les belles questions :
*« Est-ce que tu m’aimes toujours ?... Du même amour du premier jour ?... » « Est-ce que je te surprends encore ?... Est-ce que tu m’oublies quand tu dors ?... » « Me dirais-tu encore je t’aime si tu devais me rencontrer ?... » « Pourrais-tu passer sans me voir ?... » « Est-ce que tu as confiance en moi ?... »
A nos déclamations, on mettrait du volume, de l’emphase, de la foi, du plaisir. On serait timides exubérants, prophètes pour nos seuls élans, carnassiers, la fleur aux dents. Tard, le soir, on aurait encore des myriades de compliments enflammés, comme des confettis de foire, à nous partager dans les vagues des draps froissés.
A la banque de l’Amour, on ferait fructifier notre Bonheur ! On aurait plein de salive dans la bouche pour tous les baisers en partance d’espoir. Ils trouveraient toujours où se poser ! Là où naissent les frissons ! On les compterait sur les bras, sur les épaules, dans le cou, ailleurs ! On se donnerait la main comme au premier jour ; tu sais, juste pour tenir en équilibre dans ce monde de fous ou se faire passer des fortes sensations amoureuses au diapason des préhensions ! Si elle est une rose, je serais le parfum ; si elle est la pluie, je serais l’arc-en-ciel, si elle est la nuit, je serais le phare éclaireur ; si elle est la faim, je serais son pain ! Je ne lui porterais que des fleurs à cinq pétales et, chaque fois, j’arrêterais mon décompte sur : à la folie !
On se retrouverait des affinités qui ne meurent jamais, de celles du ciment d’une vie, de celles de monument indestructibles. Sans cesse, on jouerait avec les flèches aiguisées de nos langues ! On les entrelacerait jusqu’à faire rougir Cupidon lui-même ! Au chœur de nos cœurs, à l’unisson donc, on aurait la même partition et les petites notes affolées courraient sur la gamme comme des soubresauts de volupté intense. « Je t’aime » On ne s’épuiserait jamais de ces deux mots redondants ; ils seraient le sésame d’une vie de Bonheur, à l’abri des vicissitudes de la jalousie, de la méchanceté, des erreurs, de l’Ennui.
On aurait du plaisir à les réciter à tous les temps, du plus-que-parfait du subjectif jusqu’au futur inconditionnel ! On l’apprendrait dans toutes les langues, dans tous les dialectes, avec les accents typiques et les intonations muettes ! « Je t’aime » en flambeau, en étendard, en exergue, en épitaphe, en sérénade, serait notre seule raison d’être.
La Nature a offert à l’humain le pouvoir d’aimer. Ne la décevons pas. Courons à perdre haleine, embrassons la prétentaine ! Ces « je t’aime », les crier sur l’onde et regarder partir leurs ricochets jusqu’aux échos des pierres alliées et les voir revenir amplifiés, énamourés, éternels. Ici bas, si on s’occupait plus à s’aimer, on passerait moins de temps à se détruire. Si je pouvais, je serais contagieux et je laisserais tomber des miettes d’Amour dans tous les yeux. Dire : « Je t’aime » de la Saint-Valentin jusqu‘à la Saint-Glinglin, quel plus beau Festin, quel plus beau Destin…
Pascal.
------------
*Sardou
Les popups de publicités permettent à leurs auteurs d'être rémunérés.
Les popups peuvent être affichées sur les sites WEB mais aussi via des programmes installés. Cet agent publicitaire se nomme adware. (non bloqué par adblock)
Réinitialiser vos navigateursInstaller un nettoyeur d'adwares (payant)désinstaller les barres d'outils ( tous les programmes qui portent le mot Toolbar)
A tenir ce coussin j'ai tout l'air d'une conne
me voilà fagotée dans ce drapé antique,
je suis à crans, coiffée comme l'as de pique
est-ce moi qui rêvasse ou bien lui qui déconne ?
.
Il dit qu'en Cupidon je n'entends que pidon
que je suis un glaçon, une sainte nitouche
que sur d'autres gibiers brûleront ses cartouches
et que tous mes soupirs, mes mots doux c'est bidon.
.
Je rêve d'un seigneur ou d'un beau cavalier
quand celui-là n'en veut qu'à mon bouton de rose,
j'aurais voulu des vers, il ne pense que prose...
.
Où es-tu mon sauveur, où est mon Valentin ?
Faut-il à chaque fois montrer mon popotin
de crainte de devoir tenir le chandelier ?
Cette carte si tendre, je l’ai trouvée dans l’énorme album photo de grand-mère, album au gros fermoir métallique.
Collée méticuleusement à gauche (j’ai pensé côté cœur…) au milieu d’une belle page blanc cassé, et entourée de guirlandes d’arabesques dorées, elle fait face, page de droite, à deux cartes postales paysage en noir gris et blanc de Husseren-Wesserling Haute Alsace.
Sur cette page de droite, justes séparées par une feuille en papier gaufré légèrement transparent, les deux photos noir et blanc sont regardées du coin de l’œil par la dame au grand cœur rose et au sourire enjôleur…
Les cartes postales sont juste retenues par quatre coins collés.
Alors je peux les tenir dans mes mains et je peux lire les mots écrits par mon grand-père le 6 février 1917 et le 12 février 1917.
Pas de St Valentin à cette époque. On s’aimait fort pour le pire et le meilleur.
Des mots écrits à la plume, à l’encre bleue.
Une belle écriture qui fonce en avant, avec des pleins et des déliés.
Des majuscules qui dansent dans les airs, aucune faute.
Une écriture qui court dans les bras de ma grand-mère.
Page de gauche, carte fermement collée ! Je ne pourrai pas lire les mots tendres et réconfortants que grand-mère avaient écrits.
Et moi, j’aime imaginer que ce sont des mots coquins écrits avec toutes les couleurs de la vie !
Allez, je suis tellement émue, que je vais avec vous partager quelques mots de pépé Marius.
« Ma chère petite Marie
Merci pour toutes vos bonnes nouvelles reçues ce jour, elles m’ont fait grand plaisir.
Aujourd’hui il fait très beau mais la journée est triste car les canons ne cessent pas un instant, ça barde.
Je pense qu’il ne fera plus si froid à présent.
Mon meilleur bonjour à votre maman.
Recevez bien chère Marie, un gros baiser des plus affectueux
de votre petit poilu qui vous aime. »
Et sa signature : Marius.
(Magnifique cette signature, je vois un grand et beau M majuscule qui aime fort et enlace…)
Je ne peux vous en raconter plus aujourd’hui 14 février 2015,
une petite larme claire coule le long de ma joue, plouf !
Elle est tombée sur Marius,
vite un kleenex buvard pour, dirait grand-mère, aspirer « ta sensiblerie à fleur de peau. »
jamadrou