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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 11:03

 

Tête désabusée et  désappointée  de celui qui,

devant le miroir,  

vient de découvrir,

au bout de temps d'années d'effort ,

 de privation et d'ingurgitations protéinées

que son membre vénéré

n'était pas un muscle à sculpter!

 

Jamadrou

6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 07:28

 

63

Ça veut dire quoi?

La longueur de son membre

Ou bien celle de ses jambes?

Les tablettes de chocolat

A contracter autant de fois,

Et les trapèzes trop tendus

Qui lui font un cou de zébu?

63

Ça indique quoi?

Est-ce un cache-sexe électronique

Accroché à son grand oblique

Ou le prix qu'il faudra payer

Pour pouvoir venir en tâter?

Peut-être qu'il y en a soixante deux

Qui ont des muscles plus vigoureux?

 

Nounedeb

6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 07:22
 
J'sais plus qui m'avait dit “Y'a une application pour ça” mais ça a pas d'importance.
Comme c'était gratuit j'ai téléchargé l'appli et j'ai cliqué!
Ca d'mandait si on aim'rait être bronzé... j'ai cliqué sur “Sun Lamp” et ça a fait comme une énorme lumière dans la chambre.
Au début c'était sympa, j'ai pris une jolie couleur hâlée avant d'virer carotte et pis j'sais pas c'que j'ai glandé...
J'ai toujours eu un peu d'mal avec les écrans tactiles, alors imaginez avec les doigts crâmés au premier degré!
J'sais pas à combien était réglé l'thermostat ou même si y'avait un thermostat, enfin
on aurait dit qu'j'étais tombé tout nu dans un chaudron d'caramel.
Vous pensez bien qu'j'ai cherché l'option pour rev'nir en arrière - pas si con le mec - c'est à dire à mon teint habituel Cachet d'aspirine mais y d'mandaient juste à qui on aim'rait ressembler.
Quand j'sais pas, j'prends l'premier choix... c'était marqué “Arnold S.”
J'me suis dit qu'un compositeur viennois, c'était moins risqué que l'autre choix “Georgina McConnell” dont j'avais jamais entendu parler comme pianiste.
 
 
Après y'avait plein d'options auxquelles j'ai pas compris grand chose.
Les applis gratuites, faut s'en méfier. Ca encombre souvent pour rien et après on a un mal de chien à les virer.
J'ai cliqué un paquet d'fois sur une touche marquée “250 pounds develop” mais ça f'sait rien jusqu'à c'que j'sente que mon index droit était plus musclé qu'le gauche avant d'me mettre à gonfler d'partout!
Au lieu d'me proposer des extraits d'opéra ou d'symphonies, des quintettes ou des sérénades, ça causait de deltoïdes, de dorsaux, de pectoraux et de biceps.
A chaque clic je gonflais et y'avait même des trucs que j'aurais jamais imaginé, des triceps, des quadriceps.
Le trapèze, j'avais fait ça en CM2 et ça f'sait pas autant mal au cou.
J'voulais quitter l'appli mais ça s'est mis à causer d'nutrition, de prise de masse. J'sais pas si vous connaissez la différence entre lipides, glucides et protéines; moi j'ai tout pris! J'avais hâte de r'trouver mon cul flasque à moi au lieu de ces fesses rondes et dures comme de l'acier, et surtout perdre des seins qui poussaient à vue d'oeil!!
 
 
J'peux vous dire que dans la glace c'était pas beau à voir et j'comprends qu'ma copine soit tombée dans les pommes en entrant dans la chambre...
Avant qu'elle se réveille j'ai eu l'temps d'essayer l'option “Anabolic steroid”.
Y z'étaient en promo alors j'ai profité et j'me dis qu'si ça fait pas d'bien ça pourra pas m'faire de mal.
 
* Arnold Schönberg, compositeur, peintre et théoricien 1874-1951
 
Vegas sur sarthe
5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 19:47

 

                Quel choc, j'ai eu ce matin en voyant la photo d'un mec bodybuildé en proposition. Je croyais que miletune était un atelier d'écriture. A mon avis, le site ne doit plus faire fortune avec les histoires, il se reconvertit en site de rencontres. Pour nous appâter, nous les femmes, il a sorti le grand jeu : un bel adonis, enfin bel, c'est un peu vite dit. Le mec en torse nu nous montre ses pectoraux et ses muscles saillants tout cela pour faire fondre les nanas en mal de câlins. Cela aurait pu fonctionner seulement miletune, les femmes qui écrivent des histoires ne sont pas intéressées par ce genre de mâle, elles veulent des têtes bien faites et tant pis si le corps ne suit pas surtout à un certain âge pour ne pas dire le contraire et je m'en excuse auprès des messieurs qui me lisent. Si cela se trouve, ils sont beaux nos écrivaillons et moi je me fais des films toute seule dans mon coin. Miletune a mis une photo d'homme mais pourquoi n'aurait-il pas déposé sur le blog, une femme sculpturale ?  Cela aurait pu donner des envies à nos hommes. Ils doivent être un peu envieux et leur envie d'écrire a fondu comme neige au soleil. Allez messieurs ne pleurez plus, je fais une demande expresse afin que vous ayez vous aussi une belle image et moi j'écrirai sur une image de campagne au printemps.


aimela
5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 18:43

 

La première fois que je l’ai rencontré
Il était freluquet
Coquet et gentillet
L’autre soir je l’ai croisé
Tout bodybuildé
Affreux et déformé
Il parait que ça plait
Que les filles se jettent à ses pieds
Seraient-elles toutes écervelées
Ces anorexiques énamourées
De corps dénaturés
Ces malheureux Narcisse
Gonflés aux anabolisants
M’inspirent de la pitié 

 

Josette

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 18:42

 

Je me retrouve assise là, à regarder ces hommes défiler, ou plutôt à se pavaner comme des coqs. Alors je me demande ce qui, dans leur vie, les a poussés à faire ce genre de concours ridicule.
Ont-ils si peu confiances en eux ? Qu'essaient-ils de prouver … ? Au final, ça m'a l'air de beaucoup de sacrifices pour pas grand chose. Enfin bon, chacun son truc n'est ce pas ?

No Name .

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 16:58

 

            Il y a bien des années, à la douane intraitable de la Santé, j’ai déclaré une polyarthrite rhumatoïde inflammatoire invalidante assez foudroyante. J’ai vite perdu l’usage de mes poignets, de mes chevilles, de mes facéties et de mon allant optimiste. Chacune de mes activités, qu’elles soient sportives, professionnelles ou familiales sont rapidement devenues des carcans pénibles à vivre au quotidien. J’étais de trop, impotent, fragile, encombrant, toujours dans les pieds ou complètement absent. Je n’entrais plus dans le monde des actifs et mon sort ne m’appartenait plus. Je passerai ici bien des détails désobligeants, de ceux, méchants, avilissants, castrateurs, caustiques, qu’on vous rabâche à longueur de temps dans les oreilles quand vous n’êtes même plus à la hauteur du quotidien.

La vie est un train emballé, nous en sommes les voyageurs incertains, et si les gares défilent, avec les prénoms des enfants, les enterrements des parents, les mariages des uns et les communions des autres, j’étais devenu un triste spectateur abandonné sur un quai sans partance.

J’avais été licencié, j’avais divorcé, j’avais quarante ans et j’avais perdu beaucoup d’illusions. Des traitements : Salasopyrine, Sels d’or, Arava, Méthotrexate, Acadione, cobaye résigné, j’en avais fait tout l’inventaire avec mon toubib spécialiste. J’avais des médicaments pour protéger l’estomac, d’autres pour dormir et d’autres, pour oublier de réfléchir.

 

De galère en contretemps, j’avais trouvé un modeste appartement en banlieue, ce genre de pied-à-terre de seconde zone où je recevais pourtant ma fille, tous les quinze jours, avec le zèle intact d’un papa aimant. Ma chaise roulante et moi, on se débrouillait pas trop mal. Pendant cette époque noire, je savais tout des programmes nocturnes de la télé, des degrés anesthésiants des bouteilles de pinard et de la fumée divinement voyageuse des clopes clandestines.

 

Grâce à une assistante sociale, dévouée et bienveillante, j’ai retrouvé du boulot ; un emploi adapté à mon handicap, bien sûr. C’était un travail de pupitres d’ordinateurs où j’aiguillais des index de compteurs pour en faire des factures à la conformité sans appel. Comme la roue tourne et que le progrès est toujours en marche, mon toubib m’avait prescrit un nouveau médicament révolutionnaire : l’Enbrel. Combiné avec le Méthotrexate, ses effets pouvaient ralentir, voire endiguer, cette pénible maladie. Aussi, deux fois par semaine, je me piquais le ventre avec ce produit miracle. J’allais mieux. J’ai même relégué ma chaise au rayon des mauvais souvenirs. Au boulot, j’avais pris du grade ; j’avais retrouvé de la confiance ; même ma fille, pendant ses visites bimensuelles, me trouvait changé.

 

Un jour, au bout de la rue, il s’est installé un magasin de culturisme ; c’était, je le croyais, ce genre de fabrique de muscles où l’on cultive son ego démesuré en le visionnant dans les glaces flatteuses. Quand je suis entré, pour la première fois, je fus accueilli avec quelques sourires moqueurs mais je rangeais vite mon orgueil au rang des novices.

Je fus pris en charge par le patron de la salle de sport. Conscient de mon infirmité, nous avons échafaudé mon programme dans une unique stratégie de bien-être. Sans jamais surmener mes articulations, chaque jour, je revins à l’appel de cette salle de musculation. Je devins assidu. Les autres pratiquants étaient devenus mes équipiers, mes amis, ma vraie famille. L’odeur de la sueur ambiante, les chansons des poulies d’accompagnement, les glaces, les barres, les bancs, les poids, les appareils alignés, c’était mon adrénaline quotidienne, c’était mon église avec tous ses instruments dévolus à ma seule piété.

Pendant les entraînements, je transpirais une forme d’euphorie musculaire, bien au-delà de mes moult excès de naguère. J’apprenais mon corps, ses limites, sa force et ses faiblesses. J’apprenais la diététique, j’apprenais à bien dormir, j’apprenais à soulever des altères, à me reposer ; ma culture devint physique, je retrouvais une vie saine, une philosophie hygiénique. J’apprenais enfin qu’avant d’aimer les autres, il fallait d’abord s’aimer soi-même. Je suis arrivé à me passer de mon traitement de fond. Adieu, Lexomil, Mopral Enbrel, Solupred !...

 

Petit à petit, ma physionomie a changé ; semaine après semaine, la glace me racontait mes progrès. Courageux, sans nulle vanité, j’étais devenu un adepte des abdos, un pro des dorsaux, un émule des pectoraux. J’effectuais toujours mes séries avec un zèle de métronome exalté et mon prof devait souvent me rappeler à l’ordre de ma maladie endormie. Pourtant, inéluctablement, je prenais ma revanche sur l’adversité ; avec mes muscles aiguisés, j’étais une grenouille bien plus forte que le bœuf le plus aguerri. Je progressais aussi dans ma vie professionnelle ; j’avais pris des responsabilités importantes au sein de mon entreprise. Je crois que c’est grâce à toute la confiance qui jaillissait de mon être.

 

Récemment, mon prof m’a inscrit au concours de culturisme inter-quartier. Il m’a soutenu que j’étais au top pour représenter son club, cette année.

 

Jour J. Voilà, je me suis enduit le corps avec cette crème bronzante qui fait de moi cette statue grecque en plein effort. C’est la première fois que je brille autant à un concours mais je ne dois penser à rien, ni à cette chaise roulante, ni à ces seringues d’Enbrel, ni aux réflexions blessantes du passé. J’enchaîne mes positions athlétiques, celles qui font saillir tous mes muscles bandés, à la vue du jury connaisseur. Ma fille est dans la salle, c’est la seule chose qui compte ;  j’ai le numéro soixante-trois ; j’espère qu’elle me reconnaîtra, j’espère qu’elle sera fière de son papa…

 

Pascal.  

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 15:02

 

Fais pas la tronche, Marcel, il est vachement original, mon cadeau de retraite !

 

Ben oui moi non plus je sais pas trop où on va le mettre. On poussera un peu tes maquettes, ou bien tu les installeras dans l'appentis. Tu serais bien tranquille, non, dans l'appentis pour faire siffler tes trains ?

 

Ah non on le dégonfle pas ! Justement le concept, c'est la gonflette ! Et que diraient les collègues, en venant à la maison s'ils voyaient que  je ne fais pas honneur à leur cadeau ?

 

Comment ça d'un goût douteux ? Il faut vivre avec son temps ! Et l'époque est à l'humour libéré. LIBERE. T'as bien vu sur youtube la video de l'enterrement de vie de jeune fille de Kiki, avec les chippendales ?

 

Oui, là je suis d'accord, on n'aurait pas imaginé voir un jour notre petite Kiki hurler comme un putois dans ce genre de soirée, elle qui avait si peur des marionnettes !

 

Mais ici, c'est pas pareil, moi je suis grande et plutôt fière qu'ils m'estiment à la fois pleine d'humour et sensuelle.

 

Ah tu trouves, toi, que cette grosse baudruche n'a rien de sensuel ? Aussi sensuel que ta copie de l'odalisque à l'acrylique en tout cas…

 

Mais non j'ai pas dit ça, qu'est-ce que tu peux être susceptible ! Elle est très belle ta peinture ! très grande et  très rose aussi, mais mon Braddy, il est largement aussi sensuel qu'elle.

 

Braddy, c'est la marque, au cas où t'aurais pas remarqué sur l'emballage.

 

Tu veux pas prendre l'ascenseur avec "ce truc" ? Justement j'aurais préféré que ce soit toi qui t'en charges, parce qu'à cette heure les gamins doivent sortir de l'école d'en bas.

Bon écoute, voilà ce qu'on va faire, on le laisse dans les vestiaires, je préviens le gardien, et dimanche matin on revient le chercher.  Et on passera directement par le garage souterrain.

 

Emma

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 14:00

 

 

            Un grand homme aux muscles saillants, au visage parfait et à la coiffure millimétrée, voilà ce qui fait rêver le monde de notre siècle. Pour les femmes, il faut l'avoir dans son lit, pour les hommes, il faut lui ressembler (ou pourquoi pas l'avoir dans son lit également).

            Nous courons tous après cette beauté si parfaite, cette beauté qui selon nous semble être la seule possibilité de vivre un amour fort. En effet, l'amour ne nous semble plus pouvoir être provoqué que par une silhouette, un visage, ou une paire de muscles. Les sentiments, les affinités, tendent à ne plus avoir tant d'importance. Certains diront bien le contraire, diront qu'ils sont attirés par une personne à cause d'autre chose que le physique mais très franchement, pourquoi est-ce qu'on aborde une femme ou un homme dans la rue ? Parce qu'on a deviné en le ou la voyant qu'il ou elle était un adorateur de Molière et était très cultivé(e) ?

            Alors, tous, nous courrons après cette beauté qui nous rend fou. Nous nous efforçons de devenir ces monstres de muscles que l'on appelle beauté et peu à peu, nous perdons notre capacité à éprouver des sensations, à séduire avec autre chose que le physique et à être quelqu'un au lieu d'être une image préfabriquée. Nous voulons ressembler à des photos retouchées sur papier glacé réalisées par des photographes refaits de la tête aux pieds.

            Donc oui ! Faut maigrir, faut du muscle, faut de la beauté, mais, est-ce pour l'amour ou pour l'image de nous-mêmes que nous voulons renvoyer à la société ?

 

Alexandre

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 13:00

 

Tout dans les muscles, rien dans le sexe.

Mieux vaut la beauté grecque d'un éphèbe impubère!

D'Hermès vif et gracile!

D'un homme mûr pourvu qu'il soit fantasque!

A la beauté du muscle pour le muscle

Mieux vaut cultiver la tendresse,

Car muscle mou rime avec amour fou.

 

Nounedeb

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 12:18

 

Steaks sur pattes étalés
Paquets de muscles bandés
Tendons durcis
Prêts à péter
Visage cramoisi
Par tant de vaine énergie
Faut-il être m'as-tu vu
Pour ainsi s'exposer
Comme à l'étal d'une boucherie ?

 

Marief

5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 12:10

 

Y a quoi à la télé ce soir ?
Oh rien, un concours de bêtes de foire...
Je monte me coucher chérie...
J'éteins la télé et j'arrive mon chéri...

Impossible de lâcher prise
Ces mâles ma curiosité aiguisent !

Un corps de cire
(Belle majesté ce sire...)
Qu'une abeille jalouserait
Au mois de mai
Des veines comme des éclairs
Dans un ciel en colère
Un cou de taureau
De parfaits pectoraux
Une plastique irréprochable
Ce jeunot de 63, concurrent redoutable
Adepte des poids et altères
Ah je rêve d'adultère
Entre les bras de ce teuton
Une affaire en or crénom...

Chériiiiiiie...
Tu viens te coucher, il est tard Eléonore !
J'arrive mon vieux mari
J'arrive Sim, j'arrive, une minute encore...

 

jill bill

 

4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 20:09
 
 
      L'orage gronde sur nos branches. L'eau s'infiltre à travers nos feuillages et déjà les résidus du sol voguent vers l'inconnu. Le reflet d'une bulle blanche m'interpelle car jamais je n'ai vu tant de beauté. Ce que j'aimerais pouvoir lever la tête pour l'admirer pleinement. Le poids des années m'assaille et c'est tout courbé que j'aimerais à jamais ce reflet. La rivière temporaire qui chatouille mes pieds est mon amie. Chaque fois que je la vois, je sais qu'elle me présentera ma chère et tendre.
Les oiseaux disent qu'elle s'appelle Lune.
 
Tilancia   
3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 16:02
 
Toi, Homme                 
 Qui es-tu pour décider de telles choses ? Comment peux-tu donner un nom à ce qui n'est pas nommable ? L’Homme est vraiment simple d'esprit s'il pense pouvoir définir les beautés que la nature nous offre avec un seul mot. Laissez nous dans notre monde, laissez nous dans le mystère qui nous entoure et surtout, laissez nous seules.
 
 
No Name .
 
3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 08:05

 

        Traduire, en un seul mot, toute une kyrielle de sensations, emprisonner dedans le trouble de la Beauté, l’Immensité de la conjoncture, l’Effroi de la peur ancestrale, la Grandiloquence de l’instant, la Timidité de l’apothéose, l’Intensité de l’ambiance, je trouve que cela est bien réducteur. C’est courageux, voire présomptueux, de tout cloisonner sous une forme iniquement abrégée.

Il fallait que la locution employée soit promptement appropriée au contexte pour l’enfanter  si vite dans cette seule formule concise. Peut-être que le découvreur de cette impression  était bien pressé de tout empaqueter dans un seul mot. Il avait sans doute peur du noir, l’orage était proche, le loup rodait dans les environs. Peut-être que la lune allait s’échapper sous ses yeux ; il a saisi l’unique cliché dans l’appareil photo de son émoi et il l’a développé comme la preuve existentielle du moment. Imaginez *Tomas Tranströmer calculant la rime idéale avec « mangata », Mozart cherchant la note ultime pour exprimer « waldeinsamket », ou **Takashi Murakami aux prises avec les couleurs paradisiaques de « komorebi »…  

 

Imaginez aussi un seul mot pour traduire un sentiment puissant, celui reproduisant la Magie de l’instant ; imaginez une seule note de musique pour exprimer la quintessence des sensations d’harmonie lyrique ; imaginez une seule nuance dans l’espace d’un tableau, dans une galerie d’art, un gratin dauphinois avec une seule pomme de terre !... (taincestléger !) Imaginez encore un seul « je t’aime » pour nous dédouaner, au présent et au futur, de toute explication langoureuse !... Aucun poète, aucun compositeur, aucun peintre, digne de ce nom, ne se contenterait d’un seul mot, d’une seule note, d’une seule couleur, pour signifier la foultitude des impressions qui le submergent, qu’il soit devant un lever de lune, un sous-bois ou un rayon de soleil oblique, entre les branches ombreuses.

Il est l’interface sublime entre la Nature et son encrier ; ses sensations doivent soulever sa plume dans des arabesques d’écriture inouïe. Il doit rendre sa copie, son œuvre, son tableau, avec sa traduction féerique, la plus viscérale, la plus enchanteresse, la plus exaltée, la plus merveilleuse, la plus sensitive. Il est la liaison sensationnelle entre la Nature et son papier. Chaque frisson a son expression et chaque soupir a son émotion. Cette concomitance subtile est le fait même du Charme contagieux. C’est l’essence de notre être, c’est notre substance intime, c’est notre parement d’Harmonie à la moiteur de nos sensations les plus suggestives.

 

Notre belle langue française tient à notre disposition toute une infinie palette de mots extraordinaires pour signifier, dans la gamme des lignes, les moindres détails enthousiastes de notre Nature enchanteresse. Elle nous permet de semer de belles phrases dans les lignes pour exprimer toute la beauté de la Nature. Usons des adjectifs, des comparaisons, des métaphores, des litotes, de tout l’arsenal de la sémantique, dans notre écriture. Continuons d’embellir nos panoramas avec l’euphorie exacerbée des belles choses que nous tamisons dans le sas de nos sentiments les plus forts.

 

Je crois qu’il faut savamment puiser dans notre dictionnaire intime tout le vocabulaire à notre disposition avec une infinie voracité curieuse. Soyons dithyrambiques, prolixes, avec nos superlatifs, nos analogies, nos tropes, nos allégories, soyons boulimiques d’expressions, soyons riches d’allusions, mettons des couleurs impossibles dans nos textes pour les rendre merveilleux à la lecture. Usons de la profusion des verbes, des tournures, des épithètes, de la ponctuation, des métonymies, des images denses et limpides. Présent, futur, imparfait, passé simple ou subjonctif inconditionnel, arrosons notre lecture au temps de la circonstance sans nulle parcimonie dispendieuse ; construisons l’Utopie limpide aux seules frontières de la marge.

 

Dans la tête des auditeurs, nous devons faire exploser des feux d’artifice d’apocalypse, déplier des arcs-en-ciel fantastiques, inonder leurs yeux de pluies multicolores ; il faut les emporter sur nos vagues conceptuelles, il faut qu’ils frémissent dans nos tragédies, il faut qu’ils s’enfuient, avec allégresse, dans notre monde meilleur ou du moins : différent du leur ; il faut leur offrir l’Evasion ; rendons-les heureux en ouvrant les portes de notre imagination, laissons-les s’ébattre dans les reflets changeants de nos aventures, soyons le cinéma qu’ils veulent voir sur la toile de nos pages frémissantes, donnons-leur les clés d’une autre dimension, plus spirituelle, plus grandiose, plus éloquente, plus imaginative ; donnons-leur du Rêve, du Rire, en chapitre, soyons altruistes avec nos formules. Soyons les fidèles interprètes de ce qui n’existe pas. Le secret de l’Ecriture, c’est de donner du plaisir aux lecteurs ; masturbons-les avec nos fictions, nos vérités hallucinées ; approchons-leur notre échelle pour qu’ils décrochent la lune. Ce sont eux les véritables héros de nos aventures. Notre seule obole, notre seul remerciement, notre seule victoire, notre seul prix littéraire, est qu’ils nous aiment… un peu… en ce seul mot.

 

Pascal.

 

*Poète suédois, Prix Nobel de littérature 2011

**Artiste japonais

 

 

 

1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 18:36

 

C’est un mot, un petit mot étrange.

 

Eux seuls connaissent sa signification et la savourent.

Eux seuls…

 

Ce petit mot est un bijou précieux.

Ils le portent souvent, pourtant nul ne le voit,

le murmurent et sont seuls à le percevoir.

 

Son étymologie reste un mystère.

Il ne dérive d’aucunes langues connues,

ne peut se nommer code ni sésame.

 

C’est un mot, un petit mot étrange.

 

Eux seuls en jouent, l’échangent, le font vivre.

Eux seuls…

 

Ce petit mot les rend uniques dans la foule.

Il se tapote sur un clavier, se dit avec les yeux

ou se susurre au creux de l’oreille.

 

Et à chaque fois les trouve impatients

de rejoindre enfin le pays sans tabou

où toute traduction est inutile.

 

C’est un mot, un petit mot étrange.

Il les mène à l’osmose des corps et des cœurs…

 

Eux seuls…

Eux deux !

 

Mony

 

31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 17:49

 

Le kot (prononcez ‘cotte’) : chambre d’étudiant, aujourd’hui de plus en plus studio, appart ou coloc’, dans une ville universitaire belge.

Het kot/Le kot (prononcez ‘cotte’) : 1.Cabane au fond de tout jardin belge. 2.Appentis à usages divers accolé à toute maison mitoyenne belge.  Parfois au nombre de deux ou trois, voire quatre, et qu’on désigne  alors d’un mot pluriel, koterijen (n’essayez pas de prononcer).

Het kot : (prononcez ‘cotte’) sombre réduit généralement muni d’un verrou extérieur et où on enferme les petites filles de cinq ans qui refusent de manger leur soupe.

 

Adrienne

31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 16:21

 

           La sélitophrénie est un mot qui ne se traduit guère en français. Même si on a fait du grec et du latin dans sa jeunesse, on a du mal à le traduire, sa racine viendrait d’un très ancien mot hellène qui signifierait « art de tenir un fromage dans son bec sans se casser la gueule », popularisé par le poète et fabuliste universel qu’est Jean de la Fontaine. Mais ne brûlons pas les étapes.

 
Si la sélitophrénie s’est développée dans les siècles passés, c’est que les braves bûcherons de la forêt noire, qui n’avaient plus d’argent pour nourrir leurs enfants, dressaient des corbeaux à cet art unique pour leur permettre de subsister sans eux et surtout de se donner bonne conscience. Les corbeaux étaient dressés pour aller voler les fromages des riches fermiers et les apportaient à leurs petits protégés qui, ainsi, ne mouraient pas de faim.
 
La sélitophrénie, comme je viens de le dire, c’est l’art, pour un corbeau, de tenir un fromage dans son bec sans se casser la gueule. Et ne croyez pas que ce soit un exercice simple pour lui. Ah ! Que non ! Pour se faire, sachez-le, le corbeau doit procéder par étapes. Ne croyez pas qu’il ait tenu un camembert ou un brie comme ça, au premier essai, sans tomber de sa branche ! Non, il s’est déjà exercé sur un plus petit modèle, pour commencer, sur un apéricube, qui lui collait un peu aux dents, puis sur un babybel, qu’il lui fallut déshabiller avant usage, ensuite sur un petit st-Morey, dont il trouva la texture très agréable. Et ce n’est que quelques décennies plus tard qu’on en est arrivé au résultat décrit par notre ami Jean. C’est pourquoi ce dernier fit plusieurs versions (inconnues à ce jour) de sa célèbre fable, la première étant :
 
Maître Corbeau sur les bords du Danube
tenait en son bec un apéricube.
 
Il y eut aussi
 
Maître corbeau dans les forêts de Méribel
tenait en son bec un babybel
Etc., etc….
 
Conseil : Si vous voulez dresser un corbeau à ce genre d’exercice, évitez la cancoillotte, le Maroilles ou le munster. Ca lui collerait aux dents et risquerait d’ l’étouffer. De toutes manières, ce serait inutile, car les renards n’aiment que les camemberts et les corbeaux détestent le cumin. Ca leur donne des démangeaisons.
 
Bon, pour en revenir à notre propos, sachez quand même que le bec d’un corbeau n’est pas adapté à ce genre de prouesse, donc que cette fable ne tient pas debout, qu’elle est idiote, alors, évitez de lancer aux corbeaux de votre voisinage un chaource ou un Saint-Paulin, un bon croûton de pain dur fera l’affaire, et ça vous coûtera moins cher.
 
Pour conclure, si vous possédez un corbeau japonais naturalisé allemand, n’employez jamais devant lui le mot komorebi, il risquerait de se transformer en vilain sorcier et de vous jeter au visage de la poudre de perlimpinpin qui vous rendrait définitivement aveugles. Allez plutôt le promener au lac de Titisee en lui parlant de la waldeinsamkeit . Il comprendra, j’en suis certaine, les corbeaux, à condition de ne pas trop leur parler de fromage, sont des êtres sensibles et très intelligents…  
 
Cloclo
 
30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 18:30
 
         Ayant quitté l'homme-à-la-tête-de-poire et chargée de sa poudre de Perlimpinpin destinée aux sept nains qui n'avaient pas bonne mine l'autre jour à cause d'une indigestion de sésame avec une quarantaine de voleurs, Blanche se trouva waldeinsamkeit - comme disent les frères Grimm - c'est à dire seule en forêt.
La forêt était noire, si noire que le sol semblait fait d'une sorte de génoise au cacao fourrée de griottes au kirsch.
Ca et là, mais surtout là luisaient comme des copeaux de chocolat noir dans les reflets d'un komorebi - une japoniaiserie qui caractérise bien les rayons du soleil passant à travers les branches des arbres - et Blanche se dit que c'était l'endroit rêvé pour y récolter ingrédient ou deux pour sa marâtre impatiente de confectionner son masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
 
Comme Blanche se met en quête d'ingrédient ou deux, une petite voix perçante la cloue sur place.
“Qui es-tu pour venir te servir dans ma forêt noire sans y avoir été invitée?”
La voix perçante appartient à une petite fille rousse, espiègle et effrontée, pas plus haute que trois pommes mais pas méchante du tout... mais Blanche l'ignore.
“Et toi qui es-tu?” se rebiffe Blanche.
“On m'appelle Fifi Brindacier!” répond Fifi Brindacier puisque c'est comme ça qu'on l'appelle dans sa forêt noire.
Toujours clouée sur place par la petite voix perçante, Blanche se rebiffe à nouveau: “Et moi je suis Cappuccetto Rosso dite la Petite Cape Rouge mais tu peux m'appeler Blanche”.
Fifi Brindacier ne s'en laisse pas conter, elle est l’image même de la jeune fille moderne, à l’encontre des stéréotypes et des contes à dormir debout.
“Si tu tiens à rester clouée ainsi sur place, continue à te rebiffer, Blanche à la petite cape rouge!” s'énerve Fifi.
“Mais de quel genre de conte sors-tu donc?” demande Blanche.
“Je viens de la Villa DrôleDeRepos... mais tu ne peux pas connaître” réplique Fifi.
“Je veux bien que tu me racontes tout ça, Fifi” répond Blanche d'une voix de la même couleur “mais ça serait bien plus confortable si tu me déclouais”.
Faisant ni ett ni tva - comme toute petite suédoise sachant colmpter jusqu'à deux - Fifi décloue Blanche d'une voix moins perçante:”Asseyons-nous dans cette kirschtorte et raconte-moi ton histoire, Blanche”.
 
Il serait fastidieux de raconter l'histoire de Blanche par le menu aussi irons-nous tout droit vers la chute, là où le mangata - réflexion de la lune sur l'eau ressemblant à une route infinie - fait mourir les histoires réfléchies comme la lune sur l'eau et cetera...
 
Ceci est la chute.
 
Vegas sur sarthe
 
 
30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 10:32

               

                Il y en a plein des mots comme ça. Des mots qui n'ont pas de traduction équivalente une fois sortis de leur propre langue. Mais il y a aussi des choses qui n'ont pas de nom. Que ce soit dans n'importe quelle langue ou n'importe quelle culture.

                Je pense à une chose en particulier. Une chose qui, s'est sûr, n'a pas de nom. Même la langue la plus riche n'a pas réussi à la nommer. Il n'y a aucune expression, aucun mot qui s'en approche.

             Cependant tout le monde essaye de la nommer. Certains l'appellent richesse, d'autres amour. Certains encore la nomment plutôt réussite sociale, d'autres famille et il y en a même qui lui donne un nom en priant devant elle. Il y en a qui pensent que cette chose est un mythe. D'autres qui y croient dur comme fer. Certains savent quelle existe mais se disent que ce n'est pas pour eux.

                Au fond cette chose tout le monde la cherche. Tout le monde court après. Beaucoup pensent l'avoir trouvé mais peu peuvent réellement s'en vanter. Mais après tout, sans cette recherche perpétuelle nous ne sommes rien. Sans cette recherche perpétuelle, nous ne sommes que des machines destinées à s'éteindre. Même ceux qui disent que cette chose n'existe pas en on besoin.

                Je sens que mon discours n'est pas clair. Il faudrait que je donne un nom à cette chose et pourtant je ne peux le faire sans donner mon avis. Car je pense que chacun à son mot pour désigner cette chose. On peut l'appeler le sens de la vie mais je crois que ça va plus loin que ça. C'est tout simplement ce pourquoi nous vivons, ce pourquoi nous subissons nos problèmes, ce pourquoi nous continuons à sourire.

                Moi je l'appellerai l'amour. Et vous, comment l'appelleriez-vous ? 

 

Alexandre

 

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