atelier d'écriture en ligne
Mon nom est Baô, Bill Baô.
Ne riez pas. C'est lourd à porter. La faute à mon père qui était dingue de Buffalo et de ma mère, nostalgique de son Espagne natale.
Mon cursus est une prouesse extraordinaire: j'ai réussi à tout rater.
Même si ma biographie ne casse pas trois pattes à un canard, je vais tout de même vous en faire le récit, car, aujourd'hui, il n'y a plus que vous qui puissiez prêter une oreille bienveillante.
Dès la maternelle, j'ai éprouvé des difficultés à m’insérer dans un groupe.
En primaire, ce fut le drame. Je réglais tous mes problèmes à coups de poing.
Des années plus tard, je me suis fait virer de l'établissement.
Ma tête fonctionnait de travers, mais mes mains étaient en or.
J'aimais traîner du côté des studios. De temps à autres, j'étais sollicité pour donner un coup de main. Très vite, ma dextérité a été remarquée et j'ai été engagé dans la réalisation des décors.
J'en ai vu des acteurs et des actrices ! Des sympa, des moins sympa et des odieux.
C'est là que j'ai rencontré Sally. Elle est devenue ma femme. Je l'adorais. Nous avons vécu des années très heureuses et les billets verts tombaient aisément dans notre escarcelle.
Et puis un jour, le réveil fut rude.
Je travaillais beaucoup. Elle se plaignit beaucoup.
Je faisais tout pour lui plaire. Elle faisait tout pour me déplaire.
Un soir, je suis rentré du travail. Un mot sur la table. Elle était partie.
J'ai bu un grand verre de whisky pour encaisser le choc.
Je me disais qu'elle reviendrait dans quelques jours.
Pour me donner le courage de patienter, je m'accordais un verre de whisky, en soirée.
Sally n'était toujours pas revenue.
Je me suis accordé un deuxième verre de whisky.
Et puis trois….
Et puis, je me suis fait virer de mon boulot.
Alors, j'ai augmenté la cadence.
Pour me sentir moins seul, j'allais au saloon. Je m'asseyais face au bar, je m'évadais en regardant le barman s'agiter. Je buvais un verre, puis deux et puis trois et puis, je rentrais chez moi.
Sally n'était toujours pas revenue.
J'ai continué de boire, au saloon, pour patienter ou pour oublier, je ne sais plus la vraie raison.
Un jour, j'ai vu entrer Dingo avec une petite Tahitienne. Je me suis dit que Walt avait une idée en tête !
Le lendemain, Dingo et la Tahitienne étaient toujours là. Accompagnés cette foi, d'un cosmonaute.
Je ne comprenais pas très bien comment il pouvait entrer dans cette histoire.
Le lendemain, une espèce de Geronimo malingre rejoignit le trio.
Je me suis dit que Walt perdait la boule….à moins que ce ne fut moi qui la perdis.
Le lendemain, Blanche Neige les a rejoint.
Ce jour là, je me suis dis que j'allais vraiment mal ! Alors, pour aller mieux, j'ai changé de place. Je me suis assis, dos au bar. Pivotant légèrement sur ma chaise, j'ai commandé un whisky. J'ai demandé au barman de me le servir dans un mug pour masquer mon ivrognerie.
Et puis j'ai été secoué par un fou-rire. Je me marrais, parce que j'étais sûr que demain, les sept nains allaient se pointer. Et qu'après demain, ce serait le Prince charmant qui me ramènerait ma Sally sur son blanc destrier...
Clémence
sujet semaine 53/2015 - clic