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sujet semaine 40/2016 - clic
Une histoire vieille de quatre ou cinq ans....
Je batifolais sur l'ordi, dos à la fenêtre, à la recherche de mes ancêtres sur un site de généalogie, activité très prenante que ce voyage dans le temps, lorsque j'entendis un bruit semblable à celui d'un petit moteur.
Immédiatement mise en alerte pour la santé de mon ordi, déjà devenu roi de la maison bien que tout récemment arrivé dans ma vie, je penchai la tête contre lui en mère angoissée, m'inquiétant de déceler une éventuelle difficulté respiratoire ou d'un grave problème cardiaque.
Il n'en était rien. Le petit était en parfaite santé.
Mais en me retournant, je vis ma chambre envahie par une nuée d'abeilles bourdonnantes, parfaitement indifférentes à ma personne et au fait de rentrer chez moi sans invitation, ce qui est tout à fait vexant. Elles entraient par groupes, faisaient le tour de la pièce et ressortaient telles qu'elles étaient venues. Ni bonjour, ni bonsoir. Je ne bougeais pas jusqu'au départ de la dernière, après quoi, je fermai la fenêtre.
Je les observais longuement derrière ma vitre, elles avaient rejoint le toit de la maison en face et semblaient s'y installer. Elles étaient venues chez moi pour se renseigner sur le voisinage avant de s'établir définitivement dans le quartier, quoi de plus normal, et tout paraissant leur convenir après avoir apprécié mon calme et mon comportement pacifique, elles avaient décidé de fonder famille dans la charpente du toit sous une gouttière. Les choses étaient aussi simples que cela.
Plusieurs semaines se passèrent durant les quelles j'en étais arrivée à ne plus allumer de lampe chez moi pour leur éviter de venir se rôtir bêtement et surtout très inutilement contre les ampoules, vu que je ne consomme pas d'insectes.
Puis un soir que j'étais effondrée dans mon canapé, accablée de chaleur et de fatigue, l'une d'entre elle, que je n'avais pas remarquée lors de la bruyante visite de courtoisie, rentra comme une flèche par la fenêtre, me regarda droit dans les yeux et fonça rageusement sur moi pour me piquer. Je ne prêtai guère attention à la douleur mais j'étais fort déçue que mon accueil calme et amical soit ainsi récompensé. Bah, me dis-je, elle m'aura confondue avec une autre!
Cependant quelques heures après, la douleur perdurait et j'avais au cou un bel oedème de la taille d'une clémentine, alors que ce n'était même pas la saison des agrumes.
Je décidais dès le lendemain de trouver une solution à ce problème qui pouvait devenir dangereux en pleine ville, car lorsqu' il est surpeuplé, une partie de l'essaim se divise. (- Petit encart -) : De grosses grappes d'abeilles s'agglutinent alors contre un mur proche du nid initial avant le grand départ. Ce déménagement éprouvant surtout dans un environnement agité, énerve les abeilles, et c'est à ce moment là qu'elles peuvent devenir agressives.
J'appelais dare-dare, (c'était bien le moment!) les pompiers qui m'apprirent que non, les pompiers n'interviennent plus sur les essaims, encore moins des essaims d'abeilles qui "sont sacrées, madame" me dit-on comme pour m'accuser de vouloir détruire de si gentils insectes utiles.
" Mais monsieur, je ne veux pas qu'on les tue, je voudrais qu'on emporte le nid dans une ruche...chez un apiculteur! C'est qu'il y a tous les enfants des écoles qui déambulent dans cette rue, et il peut y avoir aussi des personnes allergiques....."...
Peine perdue, je me dirigeai donc ensuite à la mairie, expliquant qu'un enfant ou une personne sensible risquait beaucoup de cette proximité, rappelant l'animation constante de ce quartier si bruyant, tout juste bon à transformer mes douces amies en bestioles tueuses. Une dame peu intéressée par mon discours, finit par me donner, pour avoir la paix, quelques adresses d'apiculteurs qui éventuellement seraient contents de récupérer l'essaim.
Après plusieurs appels, une apicultrice accepta de se déplacer. Une petite femme menue, pomponnée et parfumée arriva sur de hauts talons aiguilles, aux antipodes de l'idée que je me faisais de la profession. C'est extrêmement haut dit la dame, il me faudra la grande échelle des pompiers. La grande échelle...mais oui, bien sûr, je rappelais mon pompier:
"Vous n'y pensez pas! la grande échelle, on n'en a qu'une...elle sert à sauver des vies, alors on la prête pas!" .
J'abandonnai la partie et installai des moustiquaires à mes fenêtres.
Puis les vacanciers propriétaires de la maison d'en face arrivèrent. Des gens qui vivent à moitié nus sous nos yeux, profitent de leur vaste terrasse, seule et unique du quartier, qui vivent aussi la nuit, font du bruit, et toisent tout le monde au marché parce qu'ils ont des sous et qu'ils nous considèrent comme des pedzouilles.
J'avoue très humblement que les cris suraigus d'effroi lors de leur premier repas à l'extérieur m'ont réjouie à un point que je ne saurais décrire. "Y a des guêpes! au secours! y en a partout, Philiiiiiipe, fais quelque chôôôse!!!!!"
Philippe restait planté là, perplexe, avec son ventre dégoulinant par-dessus son short, en se grattouillant le nombril comme si les abeilles allaient le lui bouloter: "ben voui...faudrait pas qu'elles nous piquent... euh...", pendant que madame, peu partageuse remballait jalousement la tarte aux abricots et le pichet de rosé.
Puis un jour,en rentrant de mon travail, je constatais la disparition de l'essaim et le retour des sans gêne sur la terrasse. Que c'était-il passé? Les abeilles avaient-elles été tuées? je ne sais pas, ce qui est certain, c'est que lorsqu'on a de l'argent et une grande gueule, les services municipaux concernés se bougent....
Ainsi, pendant deux ans, nous n'avons plus d'abeilles, les gens d'en face passaient de très bonnes vacances sur leur belle terrasse, débarrassés de tout ce qui les contrariait...
MAIS! Un beau jour, j'ai entendu un petit bruit semblable à celui d'un petit moteur....Si, si....
C'était juste avant les vacances de Pâques et l'arrivée de nos chers voisins....