
sujet semaine 41/2017 - clic
Chère Amélie,
Je t’écris sans raison puisque tu ne m’as pas écrit ces derniers-temps, alors que si tu m’avais écrit, j’aurais eu des raisons de te répondre et toi sans doute l’envie ou la nécessité de me répondre à ton tour, surtout s’il y avait matière à une réponse urgente. Ton silence me pèse évidemment, mais toi, contrairement à moi, n’as-tu peut-être plus aucune raison de m’écrire, et écrire sans raison pour toi est-ce sans doute une mauvaise raison pour prendre la plume et de me donner les raisons de ton silence. L’amour et la raison sont deux notions tellement antinomiques que je me demande parfois si ton silence n’est pas plutôt un signe de ton attachement à moi, et je devrais me réjouir sans doute de ne plus avoir de nouvelles depuis quelques mois. Mais j’ai beau me raisonner, je me demande si la raison ne l’a pas emporté chez toi sur le sentiment, et j’aimerais connaître ton sentiment sur la question par une petite réponse qui pourrait éclairer ma lanterne sur ce point précis. Si c’est l’absence de sentiments pour moi qui en sont le motif, alors je ne peux que donner raison à ton silence, mais si c’est pour d’autres motifs, il me faudra m’y résoudre et trouver en moi des raisons de me consoler et d’oublier. Souvent, j’ai perdu la raison pour toi, souviens-toi, et je ne pourrai qu’écouter la tienne si tu me contrains désormais au silence et à l’oubli. Si ta décision se fait au nom de la raison, eh bien je ne pourrai que m’incliner devant elle. Et cesser de t’écrire sans raison. Bien à toi.
Ton biquet.