atelier d'écriture en ligne
sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic
Le rêve est une seconde vie. Tout a commencé avec une lettre que j’ai envoyé à mon écrivain préféré, Gérard de Nerval (mort en 1855). Je vous en livre une partie :
« Cette lettre va certainement vous paraître très audacieuse mais c’est l’admiration et l’indignation qui me motivent ; admiration pour toute votre œuvre que je lis avec plaisir et étudie depuis plusieurs années ; indignation parce que c’est cette année le bicentenaire de votre naissance et presque personne ne parle de vous. Pourtant, Dieu sait que vous le méritez au moins autant que certains à qui on consacre des commémorations grandioses !...
Il m’est venu une idée pour fêter dignement cet événement : partir sur vos traces comme je l’ai déjà fait seule … mais cette fois-ci… avec vous. Et bien que je n’aie pas votre talent, je ferais un livre de ce pélerinage. Nous pourrions nous donner rendez-vous au 168 rue Saint-Martin à Paris. »
A ma grande surprise, il a accepté de me rencontrer… à l’endroit que j’avais choisi et m’a offert un apéritif dans l’appartement de son enfance.
Nous sommes allés au Louvre voir le « Souvenir de Mortefontaine » de Monsieur Corot et comparer nos propres souvenirs sur place dans le Valois. Nous avons emmené avec nous Camille Rougier pour qu’il nous dessine dans le paysage de votre jeunesse. Nous avons lu ensemble « Faust », Hoffman et puis encore Goethe.
Il m’a tout expliqué avec patience.
Le soir, nous avons retrouvé au Café des Aveugles ses amis Gautier, Dumas, Petrus Borel et Arsène Houssaye pour dîner. Nous avons parlé d’Hugo et de la bataille d’Hernani.
Nous avons fini la soirée à deux Rue du Doyenné puis au château des Brouillards à Montmartre.
Je lui ai dit que je dirais le lendemain à Jenny Colon tout le bien que je pense de lui ; elle l’aimerait ainsi comme lui l’aimait.
Il m’a confié ses angoisses ; je crois qu’il n’aura finalement jamais besoin d’aller chez le docteur Blanche. Il a accepté de m’emmener vers l’Allemagne, l’Orient et de m’initier aux secrets alchimiques. Nous irons ensuite en Belgique, en Hollande, à Londres...
Je veux essayer de lui donner l’équilibre d’une amitié sincère et peut-être m’aidera t-il un peu à me faire connaître, lui qui a tant de relations… Je serais la première et la meilleure lectrice des « Filles de feu » d’ « Aurélia ou le rêve et la vie. »
Il a évoqué ses « Chimères » mais grâce à moi, il choisira la vie. Je n’aurais pas à aller fleurir sa tombe, ni à me recueillir où il s’est pendu. Il ne sera plus « le ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé » mais un homme aimé par une femme et convoité par d’autres.
Nous bâtirons ensemble des « Petits châteaux de Bohème .»
Le blog de Laura Vanel-Coytte