Sic transit aetas. Cloclo

19.07.2018

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

J’avais atteint l’âge de mille kilomètres,
c’est pas beaucoup et ça fatigue quand même.
Heureusement, je respirais entre chaque sortie.
Repue, je dormais dans mon petit espace bien agencé.
Ma maîtresse s’occupait de moi, elle me lavait,
me bichonnait, me caressait avec douceur.
J’avais la peau douce, le teint clair,
elle m’exhibait devant le monde
autant de fois qu’elle le pouvait.
Et ne tarissait pas en éloges et compliments sur moi.
J’étais son trésor, sa fierté en quelque sorte.
Et puis un jour, allez savoir pourquoi,
elle m’a remplacée par une autre.
Elle a dit : pas assez de rendement,
et ajouté : elle est trop gourmande en bibine.
Un mot que je n’avais jamais entendu dans sa bouche.
Elle qui « cause » si bien !
J’ai tenté de l’imiter et j’ai pensé :
mais elle déjante, la vioque,
moi, gourmande ? Quel choc !
J’ai eu beau me défendre, faire des efforts,
il n’y a rien eu à faire.
Un jour, une belle dame dans son genre
est venue, qui avait fière allure,
elle m’a examinée sous toutes les coutures,
m’a essayée,
puis réessayée,
finalement elle a dit : je la prends.
Voilà ma triste histoire,
quel gâchis tout de même,
un jour on dit je t’aime
et un autre on vous lâche !
Mon coeur part en roue libre,
mon esprit patine
et ma raison rétrograde,
rendez vous compte :
m’abandonner au cœur de mon jeune âge !
A qui pourrais-je me fier désormais ?
Mille km, c’est tout de même pas si vieux
pour une voiture !

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