Ahhh… Katmandou ! Que de sons, de couleurs, d’odeurs et de sentiments évoqués dans un seul nom de ville… La première fois qu’elle y était allée, emmenée par sa grand-mère, Alaknanda était encore une toute petite fille. Ce devait être aux alentours de 1937. La terre avait tremblé en 1934, laissant d’horribles ruines en guise de cicatrices visibles, sans compter les coeurs endoloris des trop nombreuses personnes touchées par les deuils.
Elle se souvenait de peu de choses de cette première visite: le temps où sa grand-mère s’était rendue, les ouvriers qui en refaisaient la peinture en étant pieds nus, une stupa sur une place… Elle regrettait de n’avoir pas pu mieux fixer ces souvenirs.
Mais chaque fois qu’elle y revenait, un souvenir était intact, un souvenir bien plus tardif: sa vocation de photographe. Elle avait vu une fois un homme avec un boitier noir autour du cou, il lui avait expliqué en anglais de quoi il s’agissait et lui avait montré quelques images. Alaknanda n’avait pas tout compris, mais avait immédiatement perçu le potentiel de cet appareil… et sa vie avait alors basculé.
Elle pensait image, photo, tout le temps. Au début, elle se servait de ses mains pour imaginer des cadrages. Et puis un journaliste américain était venu et, amusé par son manège, il lui avait prêté un Elioflex. C’était en 1951, l’appareil était récent. Durant son séjour, il lui avait appris quelques rudiments de développement, de prise de vue. En partant, il lui avait laissé l’Elioflex et un peu de matériel car il avait vu à quel point elle était douée.
Au début, il était difficile de se procurer du matériel… Et puis le Népal s’était ouvert. Elle avait beaucoup travaillé et avait fini par se faire connaître et reconnaître, parcourant inlassablement le Népal et photographiant partout des scènes de vie, des scènes de rue.
C’était un autre temps. Aujourd’hui, elle photographie avec son portable et publie directement ses images sur son compte Facebook Instant’Alaknanda, suivi par plusieurs dizaines de milliers d’abonnés de par le monde. Et quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle découvre un matin qu’une de ses photos a été choisie par un site français intitulé Mil et une qui propose d’écrire une histoire sur la base de sa photo!