atelier d'écriture en ligne
sujet 38/2020 - clic
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Elle était là, bleue comme l’océan, devant moi…m’invitant à entrer.
J’étais partie tôt ce matin-là dans le but de découvrir les merveilles de cette île sur laquelle j’avais décidé de passer quelques jours de vacances, loin du tumulte de la ville, loin de ma vie habituelle…loin de tout ce qui me pesait et me polluait. Je pensais retrouver un peu de paix intérieure, seule au milieu de nulle part.
J’avais choisi cette île parce qu’en lisant le dépliant déposé à l’entrée du cabinet de ma psy, j’avais été séduite par les photos de paysage : une eau si claire que la lune s’y reflétait en se parant de couleurs bleutées, des sommets verdoyants qui surplombaient le seul village de pêcheurs de l’île, une bulle de fraîcheur naturelle... Une quiétude mêlée de curiosité s’échappait de ces images paradisiaques et m’avait de suite séduite.
Mon escapade avait commencé dès l’aube, sac au dos, appareil photo en bandoulière… Je voulais profiter de la fraîcheur matinale et du soleil levant qui, tel Narcisse, se miroitait dans les vagues écumantes avant de s’échouer avec elles sur le sable blanc. Et peut-être aurais-je la chance d’apercevoir quelques animaux de la faune locale ?
Après une heure ou deux de marche sur un sentier bordé de fleurs colorées et embaumantes, d’arbres majestueux sans doute centenaires, j’arrivai sur un plateau dégagé d’où la vue était époustouflante ! La sérénité et la plénitude m’envahissaient. Je me sentais bien…juste bien…cela faisait si longtemps que je n’avais pas ressenti ce calme en moi. Je respirais enfin.
Après une pause, je repris mon chemin en direction d’une source que j’avais repérée en préparant ma randonnée. Elle était indiquée sur une carte que je m’étais procurée dans le hall de l’unique hôtel de l’île. Sur mon appli de téléphone, les internautes la décrivaient comme un lieu ressourçant au milieu des montagnes, un petit paradis au cœur de la forêt et 5 étoiles étaient décernées à cette randonnée. Pour l’instant, je ne pouvais que confirmer : ça valait vraiment le coup !
Arrivée à la source du Mystère, c’est le nom du torrent qui nait ici, je m’allongeai un instant pour savourer la douceur du bruissement de l’eau qui s’écoulait dans un magnifique étang aux eaux turquoise. Seuls les chants des oiseaux résonnaient contre les roches sombres qui entouraient la source. Du bonheur à l’état naturel.
Mon regard fut alors attiré par un éclat lumineux derrière les herbes. Je m’approchai et à ma grande surprise, je trouvai une vieille clef rouillée mais finement ciselée. Un travail de maître. Je souriais toute seule en imaginant tous les trésors que pouvait dissimuler sa serrure fermée à jamais ! Je pris la clef et la glissai dans une poche de mon sac à dos.
Je levai alors la tête et m’aperçus que le ciel se couvrait…pourtant la météo n’avait annoncé aucun orage. On ne peut vraiment plus se fier à rien ! Renfrognée, je décidai donc de rebrousser chemin et de rentrer à l’hôtel.
Mais je fus vite rattrapée par une pluie battante …le ciel était maintenant noir et je distinguais péniblement le chemin devenu boueux...Grrrr, pourquoi fallait-il toujours que j’ai la poisse même quand tout devrait être idyllique ??? Je devrais porter plainte contre les météorologues qui m’avaient bernée. « Soleil éclatant toute la journée, pensez à votre crème solaire ! » qu’ils disaient. Tu parles, encore des bobards pour touriste naïf, oui !
Qu’est-ce que j’ai pu être stupide de croire que je pourrais bénéficier d’un peu de zenitude sans contre-partie désagréable !
Ruminant mon manque de chance, je ne remarquai même pas que mes pas s’étaient éloignés du chemin, depuis un bon moment…ce n’est que lorsque mon visage se retrouva couvert de boue après une chute monumentale dans un ravin que je le réalisai. Encore heureux que je ne m’étais pas blessée, car mon tel ne fonctionnait évidemment plus, l’écran était brisé en mille morceaux ! Par contre, mon dernier Canon haut de gamme était hs, bravo… en fumée mes économie pur pouvoir me le payer, disparues toutes mes photos paradisiaques…la POISSE !!!
Après m’être relevée, le dos douloureux, des égratignures partout, mes vêtements trempés… je m’aperçus que la pluie avait cessé. Je râlais encore quand je vis un bâtiment un peu plus loin. Je m’avançai, pensant pouvoir trouver un refuge le temps de me remettre de mes émotions et de sécher.
Mais plus je m’approchais, plus un sentiment étrange me serrait la gorge…il n’y avait pas qu’un bâtiment…mais un village entier. Je ne l’avais pourtant vu indiquer nulle part. Le silence était pesant, mais je pénétrai quand même dans les ruelles étroites. Personne.
J’errai dans les rues de ce village perdu au cœur des montagnes, un village abandonné à son sort depuis peu semblait-il. Je ne sais ce qui avait fait fuir ses habitants…une tempête de trop ? Un danger inconnu ?
Un frisson me parcourut tout au long du dos à l’idée que j’étais seule dans ce lieu ignoré des cartes touristiques, ignoré du monde…même sur mon GPS il n’apparaissait pas. Je commençais à sentir l’angoisse monter en moi. Je m’apprêtais à rebrousser chemin pour retrouver le sentier qui menait à l’hôtel lorsqu’elle se dessina devant moi au bout d’une rue.
Elle était là, bleue comme l’océan, devant moi…m’invitant à entrer.
Allais-je oser franchir cette porte entrouverte dont la serrure me rappelait les ciselures de la clef ? La clef de la source du Mystère, ce ne pouvait être une coïncidence…
Le blog de Mary Grimoire