Mon fils premier né,
Merveille dans un monde
trop vaste pour moi,
viens !
Ne reste pas dans ce berceau,
mon lit est un nuage bien plus doux
où je pourrai m’abreuver à la lumière de ton visage.
Mon corps affaibli par l’hémorragie trouve la force
de te porter là où tu seras tout proche de ma voix.
Tu ne dors pas ?
Tes yeux sont grand ouverts. Ecoute.
Ma chair ne t’enveloppe plus
mais je peux te voir mon amour.
Auprès de toi ma conscience veille,
je ne dormirai pas en cette nuit unique.
Sans doute ne te le dirai-je pas souvent,
il se pourrait même que tu l’oublies :
Tu es la plus belle chose qui soit venue dans ma vie.
Le coton maintenant nous recouvre
Peut-être est-il rude sur ta peau ?
Mais la vie, mon enfant, imprime sa marque sur la matière,
on ne peut que suivre son mouvement qui a ses raisons,
savourer le bon et laisser glisser ce qui nous contrarie
en retenant ses leçons si nos émotions le permettent.
Ce monde est tout ce que mon corps de femme peut t’offrir.
Il est à prendre comme il est, il sera différent par ton sillage.
Oh oui, il y a un avant toi et un après, ainsi le perçoit une mère.
Tu es le visage divin dans toute sa vulnérabilité.
Je te baptise en mon cœur, mon fils :
au nom de l’Amour
au nom de la Vie
au nom de l’Esprit de l’Air, de l’Eau et de la Terre.
Je te présente en cette nuit à la vie sur Terre.
Puisse cette pureté des premiers instants
traverser des décennies.
Puisses-tu faire œuvre utile.
Tant de possibilités s’offrent à toi que mon esprit ne peut imaginer
En toi le secret de ton avenir et la liberté de le réaliser.
Je te l’ai dit, le monde est vaste, mon enfant.
T’accueillir me comble de joie.
Ton père demain nous rejoindra, tu as déjà senti sa présence.
Notre confiance est sans limite et notre amour éternel.
Un jour, tu trouveras ton Amérique et cela aussi nous réjouira.
Carmen