atelier d'écriture en ligne
Elle s'appelait Cindy, c'était une cochonne d'inde, elle avait du caractère, enfin, elle avait un caractère de cochon, certains jours, ces jours là on l'appelait Mme Chombier, quand elle restait tapie dans sa maison en bois, ne faisant dépasser que sa petite tête renfrognée, genre concierge espionnant les allées et venues d'un immeuble.
Le reste du temps elle nous menait "à la baguette", nous appelant par des cris plus ou moins stridents, du petit "pouit" à la sirène de pompier. Elle n'aimait pas le coulis de fraise mais les salades : la romaine, la feuille de chêne rouge et la sucrine étaient ses préférées. Elle mangeait aussi des endives, des tomates, des carottes, des pommes, des bananes, des brugnons...
Parfois, pour s'amuser, on lui proposait quelque chose de nouveau ("quelque chose de nouveau, de joli et de beau"), qu'elle refusait en nous jetant un oeil noir de reproches, ce qui nous faisait rire; alors elle courait dans sa maison pour y bouder une heure ou deux.
Elle ne grignotait pas des bâtons de pèlerin mais des gâteaux bâtons au topinambour (elle avait du connaître la guerre dans une autre vie) et du foin de Crau, uniquement du foin de Crau ("Ma chère, vous avez des goûts de luxe!") et des "bonbons" à la luzerne. Nous étions bons clients à Animalis, avec un budget Cindy équivalent au PIB du Luxembourg.
Nous ne lui passions pas la brosse à reluire mais nous lui coupions les poils régulièrement car elle était tombée dans la potion magique du druide Panoramix (celle qui fait pousser les cheveux des légionnaires dans une BD d'Astérix). Nous lui faisions prendre des bains quand elle était trop sale (ce n'était pas un serpent de mer mais ça lui faisait du bien) et nous lui coupions, non sans mal, ses griffes.
Pour nous remercier de tous ces soins elle...ne faisait rien...une princesse n'a pas à remercier ses domestiques/esclaves qui lui sont naturellement dévoués corps et âmes.
Pour se faire entendre elle n'avait pas besoin de jouer du coup de poing, un regard suffisait à nous faire comprendre qu'elle voulait des graines, quand elle nous attendait les deux pattes sur le rebord de sa coupelle. Elle ne mangeait pas toutes ses graines, non, elle les triait, façon Cendrillon, sans qu'on n'ait jamais pu savoir lesquelles elle préférait.
Une méchante tumeur a commis un crime de sang et nous a volé notre native des Andes. Elle est partie pour le Paradis des cochons d'inde, un potager céleste, et nous a laissé mille et un souvenirs et une goutte de pluie sur la joue.
Enriquita
Elle s'appelait Cindy, c'était une cochonne d'inde, elle avait du caractère, enfin, elle avait un caractère de cochon, certains jours, ces jours là on l'appelait Mme Chombier, quand elle restait tapie dans sa maison en bois, ne faisant dépasser que sa petite tête renfrognée, genre concierge espionnant les allées et venues d'un immeuble.
Le reste du temps elle nous menait "à la baguette", nous appelant par des cris plus ou moins stridents, du petit "pouit" à la sirène de pompier. Elle n'aimait pas le coulis de fraise mais les salades : la romaine, la feuille de chêne rouge et la sucrine étaient ses préférées. Elle mangeait aussi des endives, des tomates, des carottes, des pommes, des bananes, des brugnons...
Parfois, pour s'amuser, on lui proposait quelque chose de nouveau ("quelque chose de nouveau, de joli et de beau"), qu'elle refusait en nous jetant un oeil noir de reproches, ce qui nous faisait rire; alors elle courait dans sa maison pour y bouder une heure ou deux.
Elle ne grignotait pas des bâtons de pèlerin mais des gâteaux bâtons au topinambour (elle avait du connaître la guerre dans une autre vie) et du foin de Crau, uniquement du foin de Crau ("Ma chère, vous avez des goûts de luxe!") et des "bonbons" à la luzerne. Nous étions bons clients à Animalis, avec un budget Cindy équivalent au PIB du Luxembourg.
Nous ne lui passions pas la brosse à reluire mais nous lui coupions les poils régulièrement car elle était tombée dans la potion magique du druide Panoramix (celle qui fait pousser les cheveux des légionnaires dans une BD d'Astérix). Nous lui faisions prendre des bains quand elle était trop sale (ce n'était pas un serpent de mer mais ça lui faisait du bien) et nous lui coupions, non sans mal, ses griffes.
Pour nous remercier de tous ces soins elle...ne faisait rien...une princesse n'a pas à remercier ses domestiques/esclaves qui lui sont naturellement dévoués corps et âmes.
Pour se faire entendre elle n'avait pas besoin de jouer du coup de poing, un regard suffisait à nous faire comprendre qu'elle voulait des graines, quand elle nous attendait les deux pattes sur le rebord de sa coupelle. Elle ne mangeait pas toutes ses graines, non, elle les triait, façon Cendrillon, sans qu'on n'ait jamais pu savoir lesquelles elle préférait.
Une méchante tumeur a commis un crime de sang et nous a volé notre native des Andes. Elle est partie pour le Paradis des cochons d'inde, un potager céleste, et nous a laissé mille et un souvenirs et une goutte de pluie sur la joue.
Enriqueta