sujet 01/2021 - clic
-----
Si Pépère avait perdu l'accent du Midi,
Entendu en lisant ou en voyant du Pagnol,
Il portait souvent à sa boutonnière de la lavande
Qui lui rappelait le parfum de son pays.
Pépère, c'était mon héros, mon idole.
Il avait été un prince du ring et en gardait des traces.
Tu me fends le coeur, pépère
Quand je frotte de la sauge entre mes doigts:
Une autre odeur qui me fait penser à toi.
Il y avait encore la menthe sur ta salopette;
La menthe du Maroc où tu fus soldat naguère.
La menthe du thé à ne pas noyer dans la candeur du sucre.
Tu me fends le coeur, Pépère
Quand je revois le couple que tu formais avec Mémère,
Mon refuge des tristesses et injustices d'enfance.
Ma partisane en révoltes d'adolescence.
Tu me fends le coeur, pauvre petite bretonne
Qui sut se donner au provençal de Sorgues,
Scandaleux père célibataire, résistant et réfractaire
Au STO. Tu me fends le coeur, Mémère,
Quand je repense aux parties de cartes
Que nous jouions entre deux confidences,
Deux délires qui nous faisaient tant rire.
Tu me fends le coeur lors de nos batailles
Où tu trichais si effrontément que
Tu m'as passé l'envie de la triche.
Tu me fends le coeur, Mémère;
Je n'ai jamais su bluffer , c'est parfois utile.
Mais au poker ou au menteur, je suis mauvaise.
Après m'être tenu à carreau, j'ai mis tout mon coeur, Mémère
Dans des amours où les rois de trèfle sont devenus valets de pique:
Pique, pique mon coeur mais grandit mon âme
Et réchauffe mon coeur avec un joker devenu mon prince
Que je n'ai pas attendu mais chanté à tue -tête.
Tu me fends le coeur , pépère
Mais la Ste Victoire de Cézanne adoucit mes souffrances
Lorsque ses "joueurs" affolent les enchères.
Tu me fends le coeur, mémère
Mais les landes bretonnes
Abritent notre secret que les cruels ignorent.
Le blog de Laura Vanel-Coytte