Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 09:29

 

Ils m’ennuient, ces fieffés flatteurs, à encaustiquer les pompes de ces écrivaillons à la petite semaine. Avec l’emphase démesurée qu’ils déploient, leurs pléthores d’adjectifs dithyrambiques, pour glorifier telle ou telle lecture, ils en deviennent surréalistes, menteurs et hypocrites. Leurs propos flagorneurs de caresseurs d’âme sont même souvent plus jolis que les textes qu’ils ont lus. Un instant, rendez-vous compte de l’effet ricochet… 

 

L’auteur gargarisé, ému, gonflé, par tant d’encensements, tant de prosélytisme, réitère ses exploits plumassiers avec une verve surmultipliée !... Il se commet, il recommence, il anticipe, il s’obstine, il puise dans l’excès pictural toutes ses métaphores sculpturales ; galvanisé, adoubé, enhardi, par d’autres tabellions, il multiplie ses attractions floues de littérateur !... Enfin connu, il ne demande qu’à être reconnu !... Il cherche un éditeur !... Maintenant, il veut partager ses superbes écrits avec la terre entière !... Il est la référence planétaire avec ce qui s’écrit de mieux !... Il est touché par la grâce, il survole les débats ; l’Inspiration est le moteur de sa vie, le souffle de ses respirations, le battement exalté de son cœur. Ses mots sont des madrigaux, ses pensées sont des sonnets, son écriture est littérature. Son nom est déjà gravé au panthéon des dramaturges, de ses cendres pousseront un arbre forcément millénaire et, de ses écrits, on disserte sur tous les bancs des amphis. L’ego gonflé d’une gloire gourmande, il condescend pourtant à jeter quelques mots d’encouragement à un autre barbouilleur du site. Son avis est une attestation, ses silences sont des certificats…

 

Amputé de modestie, il ne veut rien entendre ; il est sourd à la moindre critique, il est sûr de son aura de poète posée sur sa tête comme une couronne de grand esthète. Son sceptre est sa plume, son encrier est un puits de sensations et son cahier est le réceptacle de ses fabuleux mots d’aède. Vaniteux, il fonce tête baissée, aveugle, il défonce les portes ouvertes, il est sûr du caractère impérieux de sa mission écrivaine et jette aux oubliettes les quelques remarques désobligeantes, les bémols tendancieux, les critiques utiles. Rempli d’amour-propre, il ne dit rien, il se tait ; il ne s’exprime plus que par ses textes interposés !... Il est superbe, il est généreux, il est présomptueux ; il est dans une sphère que même nous, nous ne comprendrions pas. Sûr de son bon droit : il est l’Inspiration, la Nature est son jardin, il tutoie Dieu…  

 

Il fait fi de la syntaxe, de la conjugaison, de l’orthographe de ses maîtres à penser !...

Comme la grenouille, il se gonfle d’orgueil et de sentiments grandiloquents ;  il a réponse à tout, rien ne peut le surprendre, il flotte sur le nuage de la célébrité en route (en vol). Autodidacte, il signe de son pseudo équivoque, en caractères gras, et c’est souvent le seul trait d’esprit de sa composition dont il s’affuble comme un gendelettre introduit dans le cénacle des célébrités…

 

A la moindre distorsion, à la moindre nuance, à la moindre insinuation cartésienne, il monte sur ses grands chevaux, il monte au créneau, le plumitif, il rétorque : Comment osez-vous ?!... Deux points de suspension ?!... Enfin !... Mais c’est ma marque de fabrication !... Pas de majuscule au début d’une phrase ?... Mais mon texte est d’un seul tenant, voyons !... Pas de verbe dans la phrase ?... Mais il est sous-entendu, pauvre béotien !... Il est à même de vous enguirlander de ses semonces de prosateur avec moult adjectifs dénonciateurs !... Il a aussi ses admirateurs patentés, sa galerie de tifosi, son troupeau de brebis, pour suivre chacune de ses homélies !... Bec et ongles, il vous renvoie à vos lignes d’étude, à vos interrogations morales, à vos doutes légitimes…

 

A ceux-là, ces hédonistes griffonneurs, ces faiseurs de graffitis, ces épistoliers à la gâchette facile, je leur demande simplement d’aller ouvrir n’importe quel livre de Victor Hugo, de Maupassant, de Gide ou de La Bruyère, et de parcourir au hasard quelques chapitres pour qu’ils s’étalonnent avec ce qu’est la vraie poésie, la vraie lecture, la vraie pulsation écrivaine.

 

Mesdames, messieurs, anagnostes de tout poil, revoyez à la baisse vos commentaires de lecture, cessez les superlatifs pompeux ; soyez honnêtes avec vous-mêmes et surtout avec celui qui a déclamé ses quelques mots, dans l’ordre approximatif des règles élémentaires, d’un pauvre vocabulaire, pour lui éviter d’attraper la grosse tête.

Sauvons le…

 

Le plaisir incommensurable d’être lu passe avant tout par le total respect de l’écrivain envers ses lecteurs. Je sais bien que le monde tourne à l’envers, que ce qui était bon hier est devenu mauvais et que le mauvais est aujourd’hui la recommandation juste et normale. Cette tolérance bon enfant engendre la faiblesse et la faiblesse, le ridicule. De semaine en semaine, ce que je lis est de « plus en plus pire », si je puis m’exprimer ainsi. Sans nulle vindicte, j’en reviens toujours à la même conclusion aristocrate : quand on n’a rien à écrire, quand les trompettes de l’inspiration se taisent, quand l’encrier s’endort à marée basse, on ferme sa gueule et on capuchonne son stylo.

 

L’Ecriture est un jeu, un jeu de mots, mais ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre, n’est-ce pas aussi favoriser la bêtise, accepter l’ignorance et banaliser outrageusement  l‘incompétence ?...

 

Pascal.

commentaires

R
C'est ce qui s'appelle, ne pas parler pour ne rien dire.
Répondre
A
Y'a un problème ????? <br /> <br /> Que la Paix soit avec vous incompétents du stylo tordues, avec vos plumes, avec vos mots innocents, avec vos maladresses humaines, avec vos erreurs d'orthographe et de syntaxe inévitables, avec vos superlatifs, vos clichés, votre coeur d’écrivain et de lecteurs. <br /> <br /> <br /> Je ne comprends pas trop le but du jeu de ce texte mais bon, comme je me fiche de comprendre ou pas les choses, je vous le dis très simplement : Vive Mil et vos multiples talents !
Répondre
P
Merci pour tous ces vrais commentaires.
Répondre
B
Pascal, <br /> On est tous le mauvais de quelqu'un, ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre, chacun croit que tes mots sont une critique, moi je comprends que ce que tu as simplement voulu dire c'est que les critiques peuvent parfois blesser et les nons critiques peuvent être pire. Les commentaires des uns, des autres, peuvent paraitre flatteurs, qu'importe, mais je crois aussi que tu parles de toi , de nous , de tout un chacun, pris au piège de son égo. <br /> Quoiqu'il en soit on ne peut pas dire que ce pamphlet est mal écrit. Mais restons légers non ?
Répondre
J
sourires, un brin voilé par les réactions épidermiques.<br /> Je crois que l'on écrit d'abord pour soi-même avec l'espoir de rencontrer ses lecteurs. et que les textes une fois donnés à la lecture, échappent aussi bien à son auteur qu'aux autres lecteurs. Chacun se l'approprie et y projette de soi.<br /> J'ai eu la mauvaise idée de lire les commentaires avant de faire mon commentaire.<br /> Je voyais dans ce texte beaucoup de capacité à l'autodérision, le texte en rajoutant (c'est la marque de fabrique de certains des textes de &quot;Pascal&quot;) dans les adjectifs et les effets de style (sans jamais oublier d'y mettre du sens et même du sens commun) et j'avais envie de dire ah ah ... le loup tombe le masque !!!. <br /> et je pense aussi comme Josette qu'il peut s'adresser aussi à certains qui font de la critique littéraire une pseudo profession que j'entends ici ou là dans des émissions.<br /> La confrontation d'idées, écouter les différences ... pouvoir dire ses points de vue différents. ...avec courtoisie, mais sans courbettes, ...
Répondre
T
Ton texte a au moins le mérite de faire débat. C'est un baril de poudre que certains s'empressent d'allumer, il fallait s'y attendre. Je te sens tout joyeux, Pascal, de ce joli feu d'artifice... :)<br /> Pour ma part je préfère garder mes distances (il pourrait y avoir des retombées d'étincelles). Non je rigole... :D
Répondre
E
que c'est beau l'intransigeance et l'exigence ! <br /> &quot;quand on n’a rien à écrire, quand les trompettes de l’inspiration se taisent, quand l’encrier s’endort à marée basse, on ferme sa gueule et on capuchonne son stylo.&quot;<br /> alors si on n'est pas Hugo, on n'a pas le droit de jouer avec les mots ? dans ce cas on arrête aussi de faire de la photo si on n'est pas Doisneau, de gentilles aquarelles si on n’est pas Turner, de la cuisine si on n'est pas grand chef, et pourquoi pas d'aimer si on n’est pas Casanova ?<br /> alors on se recroqueville dans sa médiocrité, et même plus, on ne devrait pas non plus admirer ou encourager ceux qui se risquent au sacrilège d'oser s'amuser ? <br /> Cet endroit n'est qu'un espace de loisir sans prétention, mais comme dit Mony, il existe des lieux où la grande, la belle littérature peut se donner à voir d’esthètes triés sur le volet...
Répondre
M
Homme ou femme, on est tous égaux, ma réaction n'est pas sexiste !
P
Ha, la solidarité féminine...
M
“Ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre” d’accord, c’est en résumé le sujet de la semaine. Encore ne faudrait-il pas en profiter pour insulter insidieusement les participants de Mil et une. Alors, non, je ne souris plus quand vous vous en prenez personnellement à l’un d’eux. La tolérance a des limites...
P
Le loup sort du bois ; ses dents sont aiguisées, sa bave est venimeuse, sa morsure est passionnée. Son amour-propre monte au créneau et puisqu’il y a du vent, les drapeaux doivent forcément flotter. J’aime cette colère, ce ressentiment, cette diatribe enflammée. <br /> Alors, on « semonce », on s’insurge, on tance, on massacre, parce qu’on a compris à demi-mot ; on synthétise, on rationalise rapidement, pour tout caser dans l’ordre de son entendement. <br /> Moi, ce que je préfère chez Mony, c’est son sourire. C’est ce deuxième degré dont peu peuvent se targuer d’en avoir une once ; c’est cette tolérance intelligente qui différencie les humains. <br /> Vous semblez piquée comme si ce texte vous était adressé. Relisez-le, chère Emma, à l’ombre d’une grande respiration. Le sujet n’était-il pas : ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre ?...
J
liberté de s'exprimer<br /> liberté d'écouter<br /> liberté de lire<br /> liberté de commenter ou de se taire<br /> liberté de rigoler de se moquer<br /> liberté de rêver<br /> liberté de pleurer de rire<br /> liberté de mentir<br /> liberté de dire <br /> liberté de dénoncer<br /> <br /> Pascal je crois qu'on est là, tout simplement, pour se faire du bien sans faire de mal
Répondre
J
J'ai cru reconnaître certains écrivains vus et entendus à la Grande Librairie, mais c'est sans doute parce que j'ai mauvais esprit.
Répondre
M
Sourires ! <br /> Personnellement ma participation à un jeu d'écriture est un simple passe-temps sans prise de tête mais aussi une façon de découvrir d'autres univers et si la syntaxe ou l'orthographe ne sont pas toujours au rendez-vous, j'aime voir se développer les différentes idées sur un même thème.<br /> <br /> D'autres lieux sont à portée de main de qui veut se frotter à des échanges plus pointus...à chacun de faire son choix.<br /> Mony; qui n'est pas La Callas mais qui aime chanter (+++sourires)
Répondre

  • : Mil et une, atelier d'écriture en ligne
  • : atelier d'écriture en ligne
  • Contact

Recherche

Pour envoyer les textes

Les textes, avec titre et signature, sont à envoyer à notre adresse mail les40voleurs(at)laposte.net
 

Infos