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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 07:05

 

Regardez-la, ma Belle ! N’est-elle pas magnifique avec sa robe de printemps, sa coiffure de fleurs d’oranger et son collier de perles ? Admirez la finesse de la dentelle, les boutons nacrés, le col et les manches froufroutés, la taille millimétrée ! C’est un véritable écrin et c’est mon inestimable bijou qui se cache dedans ! C’est mon icône, mon flambeau, ma ligne de vie ! Ecoutez, écoutez tous ! Elle va parler de nous, de l’avenir et de nos futurs enfants…

 

Moi ?... Je l’aimerai sans jamais la trahir. Auprès de l’étang, loin du tumulte des gens, nous irons admirer nos vingt ans perpétuels et sur la balançoire alliée, j’aurai toujours des nouvelles histoires pour éblouir ses regards passionnés. On ira sous le grand chêne et le lui répèterai tous mes je t’aime. Pour ma Belle, j’en ai plein, en guirlandes, en ribambelles ; ils se disputent, à la sortie de ma bouche, la faveur de les lui susurrer. « Je t’aime » en chantant, « je t’aime » en riant, « je t’aime » en espérant, « je t’aime » en croyant, en crevant, en crânant, en criant ; sur notre chemin, je les sèmerai à tous les instants. Chaque seconde, je lui renouvellerai ma déclaration ; elle est mon ivresse, ma richesse, ma maîtresse, ma promesse. Avec elle, j’ai appris les soupirs énamourés, l’attente enchanteresse, les vœux lancés aux étoiles, les secrets des boules de cristal, le désespoir de l’éloignement, la frayeur de la Solitude. Sans elle, je ne suis qu’un pauvre malandrin, qu’un fantôme sans lendemain, qu’un insipide faquin, un parfum sans fleur, un fruit sans saveur, un paysage sans relief…

 

Là, dans une forêt propice, on écoutera la musique du vent dans les branches complices et si elle rougit un peu, à force de doux sacrifices, on laissera le soleil jouer avec nos ombres entrelacées aux défis de leurs mille caprices. Cachés, au milieu des fleurs, sur son corps, je dessinerai des arcs-en-ciel de douceur; on demandera aux nuages de voiler notre pudeur et aux oiseaux de chanter en chœur. A la lune descendante, je lui raconterai des aventures exaltantes, des histoires de serment, qui durent jusqu’à l’aube montante. Je serai le coquin de ses escarpins, le doux corsaire de son corset, le Cupidon de ses jupons ; je serai le chef d’orchestre de tous ses cantiques, le confesseur de toutes ses prières si peu catholiques. Dans les campagnes, on entendra les chansons de nos corps, l’unisson de nos cœurs. L’écho amusé des cavernes, les ricochets des étangs, les rires des rivières, seront nos seuls témoins champêtres.

 

De contes en romans, de recueils en sonnets, on écrira nos plus belles pages d’Amour avec nos salives tempête scellées aux baisers du meilleur et, le pire, on le laissera croupir aux oubliettes. Pour que jamais rien ne cesse, on boira des liqueurs d’Amour, on se régalera de festins de Tendresse, de sorbets de Désir, de friandises de Caresse. Des pêches aux abricots, des pommes aux raisins, je croquerai tous les fruits dans sa main ; on recrachera les noyaux et les pépins, comme des embûches et des grumeaux, des pluches et des sanglots. De nos querelles joueuses, on n’aura que des conclusions heureuses ; de nos différends, dans l’étang, on noiera chacun de ces tourments ; de nos orages ou de l’Ennui, on restera toujours sous le même parapluie.

 

Je serai son seul amant, celui des jours de pluie, celui des jours de soleil, celui des mois d’hiver, celui qui fleurit nos primevères, celui qui rougit la treille. Je défendrai ses nuits pour que jamais des cauchemars viennent accaparer notre Histoire. Je serai son héros, son galant, son matelot, son prince charmant, son bourreau, pour toutes ses suppliques, tous ses encore, toutes ses griffures, tous ses râlements.

Impatient, chaque matin, je poserai un baiser sur son visage et chaque soir, je le caresserai pour ne jamais me sevrer de ses contours. Chaque saison sera une autre médaille à la gloire de nos années de Passion. Chaque fois que je l’admirerai, j’aurai des armées de frissons, chaque fois que je la penserai, j’aurai des tonnes de sensations. Quand elle sera loin, je dépérirai ; quand elle sera près, je renaîtrai.

On tissera tous nos bonsoirs avec nos corps enlacés ; les draps blancs seront notre seul emblème, celui de la volupté. La belle image réclame mes outrages. Elle est la seule habitante de tous mes rêves, l’unique sirène allongée sur ma grève, la princesse de mon glaive.

 

Un jour de Félicité, un jour de feu d’artifice, il faudra bien admettre l’inéluctable Miracle ; de nos allants canailles, comme une sanction divine, naîtra le fruit de ses entrailles. Regardez, dans ses yeux, on voit sa chambre, sa tapisserie, son berceau ! La Nature nous réclame son Impôt, les dividendes de notre Amour ; un enfant, nous mettrons au jour !

 

Après l’authentique Passion, on apprendra à durer. De la bouche des Vieux, j’ai entendu parler de Tendresse, de Connivence, de Sagesse, de Patience, d’Indulgence ; on fera comme eux, on aura des grands élans de souvenirs, ceux qui rallument les sourires, ceux dont je ne connaîtrai jamais les mots pour les écrire ici.

Enfin, si elle est malade, si elle est rompue de pommades, je serai définitivement blessé et si elle meurt, un jour de tumeur, je serai concassé. Alors, ensemble, comme un seul corps d’armée, sur l’aile d’un ange compassé, nous trouverons bien un paradis pour nous accueillir, nous, et nos guirlandes d’élucubrations amoureuses. Sur le serment du Silence, je le confesse, ce sont tous les sorts que je nous réserve.

 

A cette ultime seconde de Vérité, que ses sortilèges aiguisés et sa poudre aux yeux ne cessent jamais leurs effets. Elle est la reine de notre Destin. Alors, lève ton verre, ma Belle, lève-le bien haut, bien plus haut, aux Cieux et plus haut encore ; que les bulles de ton champagne éclaboussent et arrosent mon visage fiévreux d’une éternelle Passion amoureuse…  

 

Regardez-la, ma Belle ! N’est-elle pas magnifique avec sa robe de printemps, sa coiffure de fleurs d’oranger et son collier de perles ?...

 

 

Pascal

commentaires

J
des promesses pleines d'optimisme
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F
de jolis mots pour sa belle
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P
Oui, Aimela, ce tableau est très parlant. Dans cette peinture, tous les acteurs sont figés dans leur siècle mis à part la mariée qui se "raccorde" au présent par son regard vers le visiteur du tableau. Il est un pont subtil qui relie le passé au présent et, d'une certaine façon, qui rend immortelle cette mariée.
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A
Ce thème t'a beaucoup inspiré d'une bien jolie façon :)
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J
Oh si alors et son mari voit la vie en rose même à cent ans, un bel optimisme d'amour, de partage, de vie à deux... merci, jill
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