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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 06:07

sujet 21/2018 - clic

On m’avait prévenue : « Ne frotte la lampe qu’en cas d’extrême nécessité ! ».

 

Bon, vous me direz, tout cela reste une question de subjectivité. Chacun a sa propre définition « d’extrême nécessité », non ?

 

Bref, tout ça pour dire que j’en étais là, à frotter ma lampe comme la désespérée que j’étais. Le génie d’Aladin allait-il sortir et exaucer mes trois vœux ? J’en doutais fort.

 

Avant même que je ne le réalise, la pièce s’était obscurcie, une forte odeur de chantilly émanait d’une mousse brillante qui ne cessait de croitre. Bientôt, la réalité fut absorbée par ce géant immatériel et surréaliste. Ma première pensée ? Disney se fout bien de nous, du savon et de la chantilly… J’allais juste y laisser ma caution !

 

Mais vous, là, vous la voyez surement venir. Une ombre. Une ombre se dessinait dans la brume de paillettes, ses longs cheveux flottant dans son sillage.
Croyant à tort apercevoir quelque chose au sol, je me souviens m’être penchée en avant, les mains sur les genoux. Sa main s’est agrippée à ma cheville et une voix bulleuse a retenti.

 

« Blai un bbeuuuu », comprenez « fais un vœu » ? Pas le temps d’y réfléchir davantage que sa prise se fit plus ferme et, la mousse rendant le tout très glissant, je basculais en arrière et percutait le sol comme un vieux poids mort. Sonnée, je la sentais me traîner encore plus loin dans l’océan d’écume qui avait remplacé mon appartement. La peur ne s’empara de moi qu’au moment où l’ombre finit de se rassasier de ma petite personne. Quelle ne fut pas l’horreur de voir mon corps, ce traître, lui obéir et se relever. J’en étais totalement déconnectée, et après quelques secondes, je compris que je m’observais depuis un endroit externe à... moi-même ? J’étais légère, douce, un peu comme… de la mousse ! Un dernier sourire carnassier s’afficha sur mon, non, son visage et je me fis, non, elle me fit un signe bref. Je, elle disparut avec mon corps, je ne pouvais que l’observer m’emmener et m’abandonner en même temps. La mousse se rassembla en un tournoiement digne des plus grandes chasses d’eau et je disparu avec elle.

 

L’obscurité se fit reine et désormais, dans la lampe je repose. Cela sent toujours la chantilly mais jamais plus douillet ne fut mon lit. Je prie chaque jour que personne ne frotte mon temple. Cette sorcière poisseuse a peut-être emporté mon corps, mais elle a sauvé mon âme en lui apportant la paix et le confort dont elle avait besoin.

 

Vous vous demandez encore pourquoi j’ai frotté la lampe ce jour-là ? La poussière…

 

La grosse poussière que j’avais dans l’œil.

 

 

Le blog de Tilancia

commentaires

N
Trop genial ! T'as une facon de raconter .. Avec une imagination debordante. <br /> <br /> Ca faisait lgtps
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A
une histoire comme je les aime, surréaliste :)
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M
Il faut toujours se méfier de la poussière, cette traîtresse. Mais la narratrice semble malgré tout avoir trouvé la paix de l'âme :)
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M
Ton histoire est incroyable mais si bien racontée que j'y crois ! :)
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