sujet 37/2018 - clic
Un voyage en train dont Simon allait se souvenir longtemps.
Il était arrivé en avance, avait eu le temps de poser commodément sa valise à l’entrée du wagon et de s’installer, après avoir sorti les dissertations qui lui restaient à corriger.
C’est alors qu’elle entra.
Il fut immédiatement frappé par son allure, la régularité de ses traits, la vivacité de son regard. Pendant que le train démarrait, l’inconnue salua discrètement de la main un homme qui se trouvait sur le quai, puis vint s’asseoir face à Simon.
Il l’observa du coin de l’œil, alors que l’intéressée feuilletait le magazine qu’elle venait de poser sur sa tablette. Son habillement témoignait d’une certaine recherche : jean, veste de mi- saison façon Coco Chanel, tee-shirt noir, ceinture et mocassins de la même couleur. Elle portait également des boucles d’oreilles assez sages et un sac de marque reposait à ses pieds.
Au dehors, un orage avait éclaté, l’horizon était obscurci par de lourds nuages qui progressaient rapidement, et des traînées de pluie s’étiraient le long de la vitre.
L’homme âgé assis à côté de la jeune femme s’était assoupi et ronflait plutôt bruyamment, alors que le chapeau qu’il avait gardé couvrait une bonne partie de son visage. Simon échangea un sourire avec l’inconnue qui apparemment, trouvait elle aussi la scène amusante.
Il engagea la conversation, lui parla de la météo, exécrable, de son métier de prof de français, passionnant mais difficile, et de sa fille...dotée d’un fichu caractère. En retour, elle lui confia qu’elle allait à La Rochelle voir sa mère malade, qu’elle travaillait à Paris dans un cabinet d’assurances et que son fils de dix ans...n’en faisait qu’à sa tête.
Ils plaisantèrent un bon moment sur l’indépendance d’esprit de leur rejeton respectif, et Simon apprécia beaucoup le naturel, le sens de l’humour de l’inconnue. Il pensa :
Elle est vraiment sympa, et en plus, diablement attirante !
Je me demande si le type plutôt sinistre qui l’accompagnait était son mari !
A cet instant, une secousse du train fit que leurs jambes se touchèrent légèrement et restèrent en contact, aucun des deux n’ayant esquissé le moindre geste de retrait.
Troublé, Simon n’osait pas la regarder, il baissa les yeux vers les copies posées devant lui et relut machinalement le sujet de la dissertation qu’il avait lui-même rédigé la semaine précédente :
Décrivez le mécanisme et les conséquences de la passion amoureuse dans le roman de Tolstoï : Anna Karénine.
Le blog d'Antoine Delmonti
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