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10 avril 2019 3 10 /04 /avril /2019 10:41

sujet 14/2019 - clic 

A en croire les journaux, les vacanciers français sont divisés entre deux grandes catégories : la catégorie de ceux qui emportent leurs fromages dans leur valise pour les manger dès leur arrivée le soir au camping et ceux qui préfèrent les acheter sur place pour qu’ils soient plus frais et n’aient pas à souffrir de l’excessive chaleur rencontrée en été dans des trains, surtout sur les lignes SNCF où ne roulent que les TER et engins à vitesse plutôt réduite.

J’ai connu un ami alsacien de la première catégorie qui en fit les frais, ayant transporté ce genre de denrée lors d’un voyage Strasbourg-Marseille dans un TGV bondé, car on était à la veille du 15 août. Il s’agissait d’un merveilleux munster acheté la veille à Colmar à la Halle du Centre où l’on ne vend que de bons produits du terroir. Malheureusement ce fromage, doté de tant de qualités, gustatives et autres, n’a qu’un seul et grand défaut : c’est qu’il souffre facilement du mal des transports, pour peu qu’on ait omis de l’emballer correctement ou mieux sous vide, ce qui est le meilleur moyen de ne pas incommoder tout un wagon, voire tout un train.

C’est ce qui arriva à mon pauvre ami qui, dès le premier arrêt, vit son wagon se vider en quelques minutes, tant l’odeur dégagée par ce fromage était devenue insupportable. Lui-même, pourtant alsacien depuis 4 générations, eut du mal à tenir le coup jusqu’à la gare St-Charles, où se croisaient et se bousculaient des foules de voyageurs en partance, et d’autres qui descendaient des trains pour rentrer tout bonnement chez eux ou attendaient patiemment  leur correspondance.

A la descente du train, mon ami ne vit pas son cousin Jean tout de suite, car ne connaissant pas bien la gare, il s ‘était présenté à la mauvaise sortie. Heureusement, par le biais du portable, chacun put enfin localiser l’autre, ce qui prit un temps considérable et permit ainsi de fluidifier et dégager le trafic côté ouest, là où mon ami attendait, tandis que son fromage, de semi-ferme qu’il était au départ était passé à l’état quasi coulant et menaçait de s’échapper lentement mais sûrement de son sac de voyage.

Il régnait dans la gare une odeur si forte que les Marseillais, inquiets, crurent à une attaque olfactive, de celle enregistrée en mai 1987, lors de la grève des éboueurs qui dura 2 mois au moins. Quelques voyageurs affolés se précipitèrent pour rencontrer un responsable et lui signaler le problème. On délégua une équipe de fins « renifleurs » chargés de donner un nom à cet insupportable odeur, mais en vain. On fit ensuite appel aux plus grands « nez » de Grasse et de tout l’hexagone, puis à des chiens d’avalanche qui avaient remporté moult prix et récompenses. Enfin, en désespoir de cause, on fit venir de Nice un détecteur d’odeurs issu de la dernière génération, mais rien n’y fit , aucun nom ne put être donné à cette terrible molécule. Quant à nos deux cousins, ils étaient repartis tranquillement vers le parking, où attendait la voiture de Jean, qui,  trop poli pour faire la moindre remarque, supporta avec courage et sans broncher, le trajet les séparant de la gare à sa coquette maison du bord de mer.

Le munster ne franchit pas le seuil de la porte, il passa directement du sac à la première poubelle rencontrée en chemin et personne n’évoqua plus jamais ce fameux jour où la gare de Marseille fut mise à feu et à sang pour une simple histoire de fromage un peu fort.

La leçon avait porté. Désormais, mon ami ne voyagea plus avec aucun fromage, pas même le plus petit camembert. Et c’est toujours avec beaucoup d’émotion qu’il évoque cet épisode sans précédent dans l’histoire de la SNCF, qui fut d’ailleurs relaté avec force détails dans La vie du rail il y a quelques années déjà et tripla ainsi le tirage de cette célèbre  revue.

 

Le blog de cloclo

commentaires

L
Ô mystère, ô miracle ou malédiction) : Cette page, sur mon écran, a une curieuse odeur ...
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L
Mon père était abonné à la vie du rail et Hélas, je n'ai jamais vu cet article qui semble avoir chamboulé à vie la SNCF !
Répondre

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