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12 novembre 2019 2 12 /11 /novembre /2019 15:42

sujet 40/2019 - clic

Cher ami,

Je vous avais parlé de ce tableau l’autre jour et promis de vous révéler comment m’était venue l’idée de le peindre.

Vous n’en reviendrez pas si je vous avoue que c’est en mangeant les restes de ce fameux camembert coulant, entamé avec vous mardi, que m’est venue l’idée de peindre cette allégorie sur le temps, le temps qui coule, métaphore si juste et appropriée aux circonstances. Ce serait sans doute vous faire offense que de vous détailler tous les clins d’oeil que j’ai voulu y mettre. Vous me connaissez si bien, moi et mes symboles, et je vous ai si souvent parlé de ces fourmis immondes qui grignotent notre temps, et de mes rêves qui sont peuplés, hélas trop souvent, de ces immondes insectes se présentant à moi sous des formes gigantesques, ou en bataillons si nombreux qu’ils me réveillent dans un état de sueur et de terreur intolérable.

Vous remarquerez aussi que si aucune des montres ne marque la même heure, c’est juste parce que je n’ai nulle confiance au temps, et que je ne le mesure pas en heures, minutes ou secondes, mais en intensité de vie et en temps non gaspillé. Si je ne mets pas l’accent sur l’heure présente, c’est que le temps est fait aussi de nos passés, de nos antécédents et de nos souvenirs. L’instant présent n’annule pas le souvenir, bien au contraire, c’est ce dernier qui alimente et nourrit la sensation que nous avons du temps présent. Ce temps présent si relatif, si différent de vous à moi, de moi à moi aussi, et qui varie selon mes humeurs, ma disponibilité, mes états d’âme. Les montres de la vie, sont, croyez-moi, offertes à tous avec leur cadran personnalisé, leur bracelet customisé à l’image de chacun d’entre nous. Quand le bracelet cède, quand la montre tombe ou s’arrête, c’est le moment de lâcher prise, de céder sa place, et de rejoindre un pays où le temps n’a plus cours.

Vous allez sans doute trouver que mon tableau ne respire pas vraiment la gaîté, les couleurs en sont parfois ternes, froides par endroits, la présence de l’arbre mort n’incite guère à la joie, mais j’ai voulu compenser cette impression par la chaleur en arrière-plan, et mettre ainsi l’accent sur la beauté de nos littoraux catalans. J’espère que ma toile trouvera un écho dans votre cœur et votre sensibilité d’artiste, vous me donnerez votre avis lors de notre prochaine rencontre.

Bien à vous. Salvador.

 

Le blog de Cloclo

commentaires

K
Un bien joli texte ^^
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L
Magnifiques réflexions ( et cet ami a bien de la chance ! ) sur notre rapport au temps dont ces montres flasques visent à briser la tyrannie. ( Mais attention aussi de ne pas les faire trop souvent tomber !).
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L
Je n'avais pas pensé au camembert, mais c'est vrai que ça y ressemble !<br /> J'aime bien cette analyse fouillée sur le temps de chacun
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M
Jai lu en "entendant" la voix et le phrasé si particuliers de Dali. Mais quel est cet ami ? Mystère….
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