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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 17:27
Ah les salauds! Immense et rugueux celui-là, à croire qu'ils l'ont conçu pour qu'on n'ait aucun espoir de passer de l'autre côté.
Jusqu'à présent aucun ne me résistait... le dernier en date c'était celui qu'on sautait gaiement chaque soir avec les potes du 3ème bataillon pour aller voir les filles après le couvre-feu.
Je me souviens aussi de leurs petits seins et de leurs bavardages mais on se foutait de leurs chinoiseries; on n'était pas là pour parler et elles non plus.
J'ai beau pousser, ça bouge pas, c'est froid et ça a comme une âcre odeur de sueur de tous ceux qui ont dû pousser dessus avant moi.
"Hé toi!! Viens me faire la courte!"
Lui, on l'appelle le zombie. Il a son mur à lui dans sa tête, et qui l'empêche de voir celui-là. C'est pas lui qui m'aidera à passer de l'autre côté, là où l'air est pur et l'horizon infini. Va falloir que je me démerde tout seul, comme d'hab... enfin, autrefois y avait Bébert.
Bien avant ces murs et toutes ces conneries que j'ai pu faire pour passer le temps et qui m'ont mené ici, je grimpais sur celui de l'école communale avec mon pote Bébert.
Pour moi un pote c'était avant tout un gars qui pose pas de questions et qui a du souffle et des épaules solides pour la courte!
Le mur de parpaings nous séparait, nous les garçons de la cour des filles pour nous priver du spectacle de leurs nattes blondes et de leurs jambes nues qui tricotaient sur la marelle à nous en faire pleurer les mirettes... comme si c'était mal de regarder.
D'ailleurs les filles trouvaient pas ça mal sinon elles auraient moins ricané en se jetant des coups d'oeil.
Bien souvent on se retrouvait au piquet, le front baissé contre celui - gris et froid - du bureau de l'instit, à compter pendant une heure les lames du vieux parquet poussiéreux où s'aventurait parfois une fourmi inconsciente.
J'en ai écrasé des fourmis, plus par dépit que par méchanceté. J'ai jamais été méchant, un peu brutal mais pas méchant.
Ici, y a pas de fourmis mais des cafards et vu qu'ils sont plus nombreux que nous, on leur fout la paix. De toute façon on n'a plus de semelles à nos espadrilles.
Souvent je voudrais être l'un d'eux pour franchir le mur vers une autre vie, et je sais que même s'il y a pas de filles de l'autre côté, je serais sacrément heureux.
Cafard mais libre.
 
Vegas sur sarthe

commentaires

A
<br /> Vous avez dit cafard ??? Mais, avoir ou être ?  Brrrr ... <br />
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C
<br /> Interlude, petite note de gaîté au milieu de toute cette grisaille! ça fait du bien une bouffée d'oxygène entre deux! ça équilibre l'ensemble et facilite l'ingestion et la digestion! Mur très<br /> sympa qui nous rappelle Messieurs le temps où vous faisiez le mur pour venir nous voir quand évidemment nous n'attendions que celà! Bon moment de lecture! Cordialement Chloé<br />
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J
<br /> Texte intéressant et rempli de petites trouvailles, telles que :  leurs jambes nues qui tricotaient sur la<br /> marelle<br /> <br /> <br /> BRAVO, vegas ! J'aime beaucoup que tu saches écrire drôle _et_ sérieux !<br />
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V
<br /> @ Agnès : Il y a souvent dans mes textes un peu de dérision ou d'humour, comme du miel dans l'amertume<br />
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E
<br /> les murs, réels et virtuels, à franchir, à sauter, et puis infranchissables..<br />
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A
<br /> je suis venue relire votre texte et malgré la symbolique du cafard, je ne peux m'empêcher d'y "entendre" un sourire, ou est-ce mon état d'esprit du moment.<br /> <br /> <br /> Etrange...<br />
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C
<br /> Le cafard, la blatte... figures kafkaiennes du cauchemar...<br /> <br /> <br /> Carole<br />
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M
<br /> Un ultime mur infranchissable et inhumain au point de souhaiter être un cafard ; le fond du fond est touché. Quel évènement a poussé cette personne au pied de cet obstacle ? Mon imaginaire se<br /> remet en route...<br />
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A
<br /> Cafard mais libre : excellent !<br /> <br /> <br /> Quelle gouaille !<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> j'ai pensé aussi à un dessin animé canadien " Oggy et les cafards "où finalement, ni Oggy ni les cafards ne peuvent s'empêcher d'être ensemble, malgré les mésaventures de chacun.<br />
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J
<br /> Merci d'avoir fait des conneries pour découvrir tous tes murs... Jill<br />
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