A en croire le bâtonnier qui avait dû être clerc autrefois avant de sombrer dans l'alcool, le plus compliqué n'avait pas été tant de confectionner une robe seyante à ses trois avocats siamois que de leur faire accorder leurs violons lors des plaidoiries.
Quand l'un était sévère et intraitable, l'autre était magnanime et le dernier indécis ce qui entraînait des débats houleux, des discussions stériles et d'interminables ajournements.
Il fallait les voir essayer d'arpenter le prétoire et à leur piétinement chaotique - qui aurait pu être à l'origine de l'expression "les pas perdus" - le bâtonnier répliquait qu'ils avaient dû faire quatre ans de droit et tout le reste de travers!
Il avait bien tenté de les faire séparer mais l'opération semblait délicate et depuis quand sépare-t-on des oiseaux de proie, des vautours habitués à chasser de conserve et à fondre sur leur proie, qui par devant qui par derrière qui par... le dernier des trois était toujours aussi indécis.
Tel prévenu risquait tout à la fois la relaxe et perpette sans que le troisième ne puisse trancher et on essaya de fermer le clapet tour à tour aux deux autres sans succès.
Avec ces trois là qui n'en faisaient qu'un sans l'être pour autant, le fataliste qui croyait au pile ou face risquait bien de finir sur la tranche.
A trois heures sonnantes, les pieds nickelés de la Justice frappaient les trois coups pour une instruction à durée indéterminée...
Si jamais vous avez un jour affaire à Athos, Porthos et Aramis... ne faites ni une ni deux, rendez-vous tout droit en prison : vous gagnerez du temps
Vegas sur sarthe