Un appaloose avait la loose
mais son voisin, lui, n’avait rien
l’un déprimait l’autre était gai
l’un se traînait l’autre filait
mais le problème c’est que les deux
au même trot devaient aller
et chaque jour c’était la guerre
pas de bonjour et des œillères
pour ne pas voir son partenaire
coups de sabots et coups de dents
c’était des drames permanents
le conducteur de la patache
donnait bien des coups de cravache
mais rien n’y fit les deux compères
continuèrent leur guéguerre.
On retira l’appaloosa
contre un autre on le remplaça
c’était une vieille haridelle
qui aussitôt chercha querelle
et voulut freiner la cadence
le cheval gris entra en transe
il lui rabattit son caquet
et le traita de vieux bourrin
l’autre ne le prit pas très bien
et ne pipa plus un seul mot
le cheval gris, mal dans sa peau
perdit peu à peu le moral
il regrettait, foi d’animal,
son cher compagnon d’autrefois
et d’avancer il refusa
jusqu’à ce qu’enfin l’on devine
d’où venait son humeur chagrine.
Depuis ce jour les deux amis
trottinent par bois et prairies
l’appaloose n’a plus la loose
ils vont gaîment dans les arbouses
et caracolent dans la joie.
Cloclo