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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 09:38

 

Les salles de jeux ne signifient rien pour moi. La seule fois où je m’étais présentée au Casino de Monaco à l’âge de vingt-et-un ans, les agents de sécurité avaient malmené ma carte d’identité, suspicieux. Je m’étais collée aux machines à sous. Et m’étais ennuyée très vite.

 

Mais ces lettres illuminées disposées en arc de cercle sur le fronton d’un édifice, les mots salle et jeux, les dés bondissant comme l’eau d’un torrent, les jetons qu’on balance en masquant la nervosité sous de la nonchalance, la roulette aux encoches bicolores, comme des sentiments tourmentés, m’évoquent la passion. Celle du Joueur de Dostoïevski, celle de Grégory Peck pour Ava Gardner dans le film tiré du livre : Passion Fatale. Peu importent l’histoire et les ravages de l’amour et du jeu. Je ne vois que deux héros sublimés par une rencontre et par le lieu où elle s’épanouit.

 

Il est beau, grand jeune, mince, torturé. Comme ces êtres qui n’ont pas encore vécu mais sont prêts à succomber à la grande aventure de leur existence. Il est malléable, manipulable, et perméable. Le jeune homme en costume, nœud papillon et gants blancs, est fasciné par le jeu puis possédé. Dépossédé de lui-même. Sa fièvre de gains le conduit à boire les paroles du croupier, à se désaltérer à grandes lampées de « les jeux sont faits ». Sa fièvre d’amour l’envoie se noyer dans des lacs clairs, les yeux d’une Ava, fière, angélique et démoniaque. Nous sommes à Hollywood, rouflaquettes et gomina pour lui, boucles torsadées, robes sublimes, perles pour elle. Nous sommes chez Dostoïevski, la passion est un moteur et se heurte aux calculs, aux intrigues, aux coups bas. Toutes les composantes du jeu sont là. Et l’atmosphère aussi, on boit, on se mesure, on se toise, on baisse les yeux en usant de l’éventail, on exerce son charme. Parmi d’autres joueurs, tout aussi enjôleurs, perfides et perdus.

 

Moi spectatrice, comme dirait Mr Hollande, je m’étais régalée avec ce film en noir et blanc, qui n’avait pas eu tant de succès que ça, à sa sortie en 1949. Si bien que l’image proposée par Miletune, me l’a automatiquement remis en mémoire.

 

Mansfield

 

 

 

 

commentaires

I
<br /> Le cinéma nous fait souvent une idée d'un lieu que la réalité démentira, tôt ou tard. Je m'attends à ça pour ta protagoniste. Autrement dit, l'histoire continue sans son auteur. C'est intrigant.<br />
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M
<br /> Les détours de notre mémoire sont toujours surprenants. Il suffit comme ici d'une image pour voir ressurgir d'autres images, d'autres ambiances ou sensations.<br /> <br /> <br /> Bonne idée de faire revivre ce film et au travers lui, ce livre de Dostoïevski. <br />
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J
<br /> un film que je ne connais pas mais qui vit sous la plume de Mansfield !<br />
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S
<br /> Il y a dans L'univers du casino, des comportements incompréhensibles pour les novices ou les curieux. Ils sont sujets à la fascination. Et le climat de cette enceinte donne fièvre à celui qui<br /> rêve de gagner, envoûté par tous ces bruits qui vibrent. Je me dis parfois qu'il y a dans l'ivresse des joueurs, une sorte de sublimation...<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas vu ce film dont tu parles si bien. Les acteurs devaient être habités. Bisous. Suzâme<br />
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A
<br /> je ne connais pas  le film  dont tu parles , il est vrai que je ne suis pas  du tout cinéphile, loin s'en faut  mais  si je tombes dessus, je regarde car tu m'as alléchée<br /> avec ton texte <br />
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V
<br /> Belle idée que d'avoir évoqué les jeux de l'amour en référence à ce film "oublié"<br />
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E
<br /> un beau film avec des acteurs de légende, que tu évoques avec talent - en vrai, on peut se demander si une dame a quelque chance face à l'addiction<br />
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J
<br /> Passion fatale en amour comme aux jeux... j'aime !<br />
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