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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 22:38

 

Chaque été, nous étions invités par Colette, ma collègue et amie, dans sa maison de campagne, à Pralois, petit hameau du village de La Valla sous Rochefort, dans les monts du Forez.

On y passait des moments merveilleux à se promener dans les bois alentours, pour y cueillir girolles, myrtilles et framboises.
Les enfants revenaient chargés de seaux pleins de ces fruits odorants et la couleur du pourtour de leurs bouches attestait sans contestation possible de leur part de leur gourmandise.

Dans la grande cuisine, nous passions le reste de la journée à confectionner des confitures sur le vieux fourneau puis le soir nous mangions la fricassée de girolles accompagnée d’une salade de pissenlits aux lardons.

La maison était une ancienne école que Colette avait aménagée de façon spartiate pour y passer ses week-ends et ses vacances. Pas de chauffage, hormis une grande cheminée dans l’ancienne classe pompeusement rebaptisée « salon » et un fourneau dans la cuisine. Rien dans le reste de la maison…

A huit cents mètres d’altitude, même en plein mois d’Août, les soirées sont fraîches et les nuit, plus que cela encore. Aussi, après quelques parties de Monopoly ou de sept familles endiablées, tous serrés autour de la table de la cuisine, à côté du vieux fourneau, nous allions nous coucher de bonne heure.

Dans les chambres, le froid et l’humidité régnaient. Il était donc de tradition que chacun avant de monter, récupère une brique* auprès de Colette. Elle la sortait du four, brulante pour qu’elle conserve sa chaleur le plus longtemps possible, avant de nous la donner, roulée dans un papier journal afin qu’on puisse la tenir contre soi, malgré tout…

On en bassinait les lits afin de pouvoir coucher dans des draps tiédis puis on la conservait à ses pieds, sous les couvertures.

La chambre d’amis avait l’apparence d’un dortoir avec ses quatre lits qui se suivaient.
On enfilait de gros pyjamas épais et l’on se fourrait sans trop attendre sous les deux couches de couvertures recouvertes du dessus de lit matelassé.

Je n’ai jamais aussi bien dormi qu’à Pralois, bien au chaud sous les piles de couvertures, les pieds grillés sur la brique mais le nez et les joues offerts à l’air froid.

Il nous est arrivé de monter à Pralois à l’automne, lors des vacances de Toussaint. A cette période, il gelait carrément. Le matin, le givre recouvrait les vitres de la chambre au-dedans comme au dehors. Nous faisions de la buée en nous parlant, d’un lit à l’autre.

Sous les triples ou quadruples couches de couvertures, nous avions rajouté au pyjama, une veste en laine, des chaussettes et un bonnet… sans oublier bien sûr, la fameuse brique !

Mais là encore, un vrai bonheur ! Malgré les vieux matelas défoncés, dans des lits qui ressemblaient à celui de la chambre de Van Gogh, nous nous endormions avec, à la fenêtre, un spectacle de nuit étoilée sur lequel nous avions tiré un épais rideau de cretonne afin d’essayer de rendre l’atmosphère de la pièce plus douillette et de garder l’illusion que nous étions parvenus à laisser le froid à l’extérieur.



*Briques chauffeuses :
Elles existent et se vendent toujours.
Comme celle de nos Grand'mères elles sont en céramique réfractaire émaillée en brun. On les réchauffe dans les fours et poêles conventionnels soit dans un four à micro-ondes de bonne puissance. Puis on les dépose entre les draps du lit, entourée d'un linge pour éviter toutes brûlures.

 

Mamido

commentaires

E
<br /> <br /> ah oui, j'ai connu cela aussi chez ma grand mère, merci pour l'évocation<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Un beau souvenir qui me rappelle nos vacances avec les enfants.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Super souvenir que tu nous offres là  !<br /> <br /> <br /> ( Mes briques à moi se nommaient "bouillottes" et étaient en plastique mais promis ça me faisait le même effet, dans la maison de ma grand-mère ! <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Jolie évocation d'une période heureuse. J'ai connu moi aussi des briques dans nos lits et du givre dans la chambre. Nos briques étaient de vraies briques mais il y avait également des bouteilles<br /> de genièvre, en grès, que Maman remplissait de sable...Mony<br /> <br /> <br /> <br />
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