Je me souviens de tes petits pas dans les miens et de nos sourires quand tu me marchais sur les pieds presque à chaque fois en
éclatant d'un rire qui me donnait la foi.
Je me souviens des vas et viens, de nos soupirs quand la musique cessait et que tu me lâchais la main pour t'enfuir presqu'à chaque
fois.
Je te vois tourner et rire, tourner et vibrer, tourner et tanguer et rire encore.
Je te revois vivre aux éclats !
Je sais que l'heure approche où moi-même ne vivrais plus ces pas, ces danses, ces émois.
La patience marche au pas, marche ou pas, ne marche pas, car ...je pense toujours à toi...
Je sais que ma mort signera elle aussi le plaisir qui finit, les pas qui restent là sur le plancher ciré et inanimé, la danse qui
s'arrête, la musique qui grince et la fin d'une époque, notre époque, à nous deux mon Amour , à nous deux...
Je me souviens, je t'enlaçais et tu aimais ça.
Je te guidais ; tantôt tango, tantôt tchatcha...
Je t'entrainais dans une approche tournoyante et c'est vrai que tu me manques à chaque fois que je les vois, ces jeunes de chez moi,
glisser sur le plancher usé de ce troquet qui n'en finit pas de mimer nos bals, aimés, perdus, on se demande pourquoi ?
Nous dansions et je suis là, immobile sur une chaise,
La tête et le nez à l'envers,
Je suis là à attendre je ne sais plus trop quoi...
Tu sais, oui tu sais bien que je te regarde vivre dans la mort de toi qui me hante en admirant la jeunesse qui dévore nos pas, qui se
place et se déplace sans se souvenir ni de toi ni de moi.
Je me tais ; je les admire en cachette de toi.
Je pense à la danse, sans voix.
Le petit verre de vin câlin m'ôte les grains de chagrin qui roulent dans mes veines...
La danse n'a plus raison de moi.
Ma foi, c'est comme ça !
Annick SB