Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 18:53

 

La mer comme la grande prairie. La mer source de vie.

Dès qu’elle le peut, Tayanita enfourche son vélo et pédale vers elle.

Le vent omniprésent l’accompagne le long de l’étroite route souvent recouverte de sable fin. Elle circule entre quelques marais et des arbrisseaux de canneberge chargés de la promesse d’un automne fructueux mais Tayanita n’a d’yeux que pour le phare implanté au sommet de la grande dune.

Phare guide, phare totem, irrésistible point de repère et lien entre deux continents.

 

Tayanita délaisse sa bicyclette et suivant un accord tacite avec Aaron Lewis, le gardien du lieu, elle s’engouffre dans l’escalier en colimaçon et ne reprend son souffle qu’à son arrivée au sommet de la tour.

Aaron occupé à entretenir les lentilles lui jette à peine un regard et elle, ne fait que marmonner un vague « hello » en se dirigeant vers le chemin de ronde côté océan.

 

Les yeux plissés de Tayanita se perdent sur cette immensité toujours en mouvement. Ce spectacle sans cesse renouvelé la touche au plus profond de son être. Comment croire à cette guerre qui se déroule là-bas, au-delà de l’horizon dans une Europe qu’elle ne connaît que de nom ?

 

Elle espère un signe ou un indice qui lui donnerait des nouvelles de son fils et de toutes ses forces, elle étreint la rambarde.

Pourquoi alors qu’il était enfant lui avait-elle enseigné la langue de leurs ancêtres ?

Serait-il parti aussi loin dans des contrées pleines de dangers s’il n’avait été sollicité par l’armée en raison de cette connaissance ?

Codeur, chiffreur de messages codés, qu’est-ce que cela impliquait ? Son fils était-il aux premières loges sur le front des combats ?

Il était resté si laconique avant son départ… elle ne peut se fier qu’à son imaginaire.

 

Tayanita soupire et grimace. Le vent n’est pas le seul responsable des deux gouttes d’eau qui lentement glissent sur ses joues. Puis elle se reprend, le phare-totem semble lui infuser toute sa force. Alors, après un dernier regard vers les flots bleus l’indienne fait demi-tour.

 

- Bye, Aaaron !

- Bye, Tayanita ! Good luck !

 

Mony

 

commentaires

M
<br /> Merci à tous et toutes pour vos commentaires.<br /> <br /> <br /> Navajos, Algondins ???<br /> <br /> <br /> Voici un lien qui en dit un peu plus long que mon texte :<br /> <br /> <br />  http://utah-musee-liberation.com/spip.php?article17<br />
Répondre
J
<br /> ps de ce côté-ci de l'Amérique, ce sont plutôt des Algonquins.<br />
Répondre
J
<br /> quel texte beau et émouvant. Déchirement universel d'une mère pressentant les dangers encourus. Une belle idée de la choisir indienne<br />
Répondre
A
<br /> "Le plus difficile dans la maternité, c'est cette inquiétude intérieure que l'on ne doit pas montrer. " Lady Diana<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> Quel joli texte une fois encore Mony! Une histoire émouvante  et tant de belles images  flottants dessus la mer! Merci à toi! chloé<br />
Répondre
M
<br /> Beaucoup d'émotion chez cette maman inquiète! un moment qu'on partage avec elle très facilement! <br />
Répondre
V
<br /> Un phare-totem pointé vers l'inconnu et qui semble épier comme Tayanita le retour du soldat exilé. J'aime la constance et l'espoir de cette mère, j'aime le texte bien sûr!<br />
Répondre
A
<br />  Elle est très touchante cette histoire, j'espère que cette mère reverra son enfant<br />
Répondre
M
<br /> Un récit qui me touche particulièrement. Merci Mony<br />
Répondre
E
<br /> superbe rituel pour la maman navajo de monter en haut du phare pour voir au delà de la mer... l'histoire est très touchante<br />
Répondre
J
<br /> Une maman émouvante au jour le jour.... Son fils son étoile !  Je lui souhaite de le revoir.... Jill<br />
Répondre

  • : Mil et une, atelier d'écriture en ligne
  • : atelier d'écriture en ligne
  • Contact

Recherche

Pour envoyer les textes

Les textes, avec titre et signature, sont à envoyer à notre adresse mail les40voleurs(at)laposte.net
 

Infos