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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 13:49

 

Ici, août 1946

 

Mon doux mon tendre, le peintre de mon âme,

 

Oh ! Si vous saviez ce que je viens de vivre !

Te souviens-tu (ici mon ami je Veux te tutoyer)

te souviens-tu de cette longue promenade dans la lande Bretonne sur cette pointe du bout du monde ?

Tu me tenais tendrement la main, mon ombrelle se retournait chaque fois que mon cœur battait la chamade poussé par ce vent d’amour.

Tu ne parlais pas.

Je voyais dans tes yeux comme une palette lumineuse de couleurs,

les bruyères se dessinaient et se coloraient dans ton regard,

je crois même que je t’ai vu cligner des yeux, tu étais en train d’immortaliser ce moment divin…

La mer de bruyère ondulait,  je sentais monter un étrange vertige.

Ces plantes rases mais fragiles, ces plantes qui résistent vaillamment  à l’assaut du temps, 

ce dégradé de parme et de gris, c’était les petits instants d’amour volés à Marthe. Nous étions si bien.

Les critiques diront de ta peinture des bruyères : « osmose avec la nature »

Moi,  je la sentais cette osmose d’amour et ton bras protecteur m’a bien gardé de la pâmoison.

Mon ami j’arrive à ces faits qui m’ont tant troublée.

La nuit dernière, en famille nous étions là-bas dans notre nid de bruyères.

Il y avait les enfants, mon mari, des amis. Nous étions quatorze mais j’étais seule avec toi.

J’ai entendu Paul dire à ses amis : « ne vous inquiétez pas elle fait un peu de neurasthénie »

Je sentais ta main sur la mienne, le vent passait dans mes cheveux,

c’était tes tendres baisers d'alors,  dans mon cou.

Nous attendions ces feux qui devaient clore en beauté la fête des bruyères.

Feu d’artifice !

Tu dois connaître cette poudre magique qui offre des étoiles à la foule.

Toi qui as su m’aimer nue sans tous ces artifices de la vie mondaine,

écoute bien ce qui nous est arrivé ce soir.

Sous les applaudissements et la joie des enfants

les derniers bouquets dans le ciel nous ont tous éblouis.

C’est alors que nous vîmes dans la lande,  une lumière rouge immense.

La lande brûlait.

Notre lande, nos bruyères, notre amour partaient en fumée: le rouge, le noir et les cendres.

J’ai vraiment cru mourir.

Oh ! Mon tendre mon doux ami comme vos bras m’ont manqué!

Une larme vient de tomber…je suis si malheureuse.

« Votre douceur sucrée » pour l’éternité

 

Jamadrou

 

commentaires

C
Aimer ! Qu'elle chance et qu'elle belle histoire !
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J
oh ces souvenirs des jours ... ou des nuits de cendre ...
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E
feu de lande, cendres d'amour, une évocation poétique et douloureuse de ce beau pays et du peintre<br /> Nous ne nous verrons plus sur terre.<br /> Odeur du temps, brin de bruyère,<br /> Et souviens-toi que je t'attends... (G. A)
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J
Emma<br /> Celui qui part avant attend.<br /> Celui qui reste compose...<br /> mélodie peinture ou prose<br /> ainsi passent douleur et temps.
M
L'écriture comme seule consolation...
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J
Mony , je crois que la &quot;petite douceur sucrée&quot; s'est vite consolée du départ de son peintre.<br /> et a bien vite retrouvé sa joie de Vivre.<br /> D'autres lettres retrouvées en témoignent...<br /> Belle soirée Mony.
J
Nulle obligation de rien... C'est comme tu veux à l'encre sympathique, ok... Merci encore, demain la fiesta oui... On n'a pas tous les jours &quot;40&quot; ans ! Sourire...
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J
Jill le sais-tu ? Heureusement pour moi quand j'ai écrit cette lettre, Marthe, avec sa bien vilaine maladie, était déjà partie dans l'autre monde depuis 4 ans<br /> Quant à Pierre&quot;le peintre de mon âme&quot; il est parti 5 mois après cette lettre.<br /> Tellement plus jeune que lui, je l'ai aimé comme une folle.<br /> Je vais te faire une confidence depuis qu'il n'est plus, je me porte comme un charme. Il m'a bien délurée le coquin, un jour si tu le veux, je te raconterai qui ce cachait derrière ce sacré Pierrot!<br /> (mais tu sais pour le faire je reprendrai mon encre sympathique, celle dont je t'ai parlée ce matin..)<br /> Bisou ma grande que ton collier d'émeraudes soit à la hauteur de ta passion pour ton compagnon.
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J
A cette lecture il le sera doublement, pour la lande, pour toi, pour vous qui l'aimez... Votre douceur sucrée ah quel joli petit nom !
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