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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 07:41

 

Le printemps revenait ; la nature après son hibernation,  reprenait ses droits… déjà l’air s’allégeait, les parfums de terre humide chatouillaient les narines.  Les oiseaux commençaient leur joyeux raffut de pizzicati cristallins

 

Gustave allait,  mains derrière le dos. Il suivait à distance respectable, une silhouette tout de noir vêtue. Cela faisait plus d’une année que Maurice était parti. Une année durant laquelle  chaque jour, Emilie lui rendait visite… Elle allait au cimetière quel que soit le temps, se recueillait sur la tombe de son époux adossée à l’ubac d’un petit monticule de terre garnie de fougères formant un édredon de verdure comme pour le protéger.  Gustave espérait… Il espérait que ce printemps verrait la renaissance de la belle Emilie. Elle était trop jeune pour rester seule… Elle avait besoin de chaleur et lui, Gustave était prêt à lui offrir, non pas une passion dévorante mais une passion raisonnée, douceur de vie, une grande tendresse. Loin de critiquer Maurice, son ami, il pensait qu’il n’avait pas été le compagnon idéal… Il avait pris quelques libertés avec le contrat de mariage, quelques coups de canif malvenus l’avait fait virevolter en dehors du logis…

 

Lui,  Gustave, serait fidèle, il prendrait sous son aile la veuve et l’orpheline, cette ravissante petite fille aux boucles brunes qui ressemblait tant à sa maman. Un vol de cigognes attira son attention… Une façon de lui rappeler que le chemin serait long pour arriver à toucher le cœur d’Emilie. Mais il n’y avait pas d’urgence, il prendrait le temps…tout vient à point pour qui sait attendre. C’était la devise que son propre père lui avait inculquée.  Pour l’instant, l’attente était  volupté… A cheminer derrière Emilie son imagination lui ouvrait des portes inviolables. Des images coquines lui envahissaient l’esprit. Il voyait Emilie, l’accueillir à la tombée de la nuit dans une nuisette vaporeuse. Il l’imaginait émergeant de sa couche, les lèvres encore amollies par le sommeil ayant retrouvé l’insouciance d’avant son union avec Maurice… Tous les deux en était amoureux, différemment bien sûr… Elle avait choisit le plus exubérant des deux, celui qui osait, celui  qui entreprenait… Gustave n’avait pas de métier… Il était peintre,  aisé certes mais peintre. L’art n’était qu’une activité laissant une bonne place à la paresse ; ce n’était pas un vrai  un travail, et pour les parents l’Emilie, cela avait aussi fait la différence. Autre temps où les jeunes filles se pliaient aux volontés paternelles.

 

Gustave, s’était assis sur une grosse pierre… machinalement, il se baissa pour ramasser une plume de tourterelle qui venait de se poser juste à ses pieds. Il la fit lentement tourner sur elle-même entre pouce et index. Tout à ses pensées, il n’avait pas entendu les pas crissant sur le gravier… Une voix lui murmura ;

 

« Gustave, souhaites- tu me raccompagner ? Je suis prête maintenant ! »

 

Gustave releva la tête… Une sourire illumina son visage ; un instant, un instant seulement il crut être le maitre de l’univers.

 

Lilou

commentaires

J
un bien beau texte plein de délicatesse
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M
Il y a un temps pour le deuil et un temps pour la renaissance. Le printemps est une si belle saison pour les amoureux :)
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V
Oui, une belle histoire comme en suggère le printemps aux poètes et poétesses inspirés!
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B
Une bien jolie histoire !
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