sujet 01/2018 - clic
J'eus beau bouger la tête en tous sens, le bandeau sur mes yeux tout en dégageant les oreilles avait été ajusté de main de maître, de maîtresse devrais-je dire.
La fille éclata d'un rire clair :"Maintenant... regarde avec tes oreilles".
Jamais je n'aurais imaginé que le bruissement d'un bas nylon savamment retourné sur une jambe puisse prendre une dimension aussi érotique et que les froufrous désordonnés qui suivirent – témoignant d'un empressement soudain – me feraient autant d'effet.
A l'oreille j'avais pu compter quatre clips au porte-jarretelles, quatre friselis déclenchés par des doigts experts. Il fallait que je voie mais mes bras étaient lourds et le bandeau une torture.
La fille ponctuait son strip-tease de petits gémissements rauques, des feulements de félin, de bête sauvage et dominatrice.
Deux mais fermes me prirent aux épaules, me forçant à m'agenouiller au sol.
Comme un formidable claquement d'élastique m'explosait à la tête le miracle se produisit: je n'en croyais pas mes yeux... je clignais des tympans, focalisé sur un point précis et nébuleux à la fois .
Quelques bruissements plus tard je sentis des fragrances indéfinissables me monter au nez, comme un mélange de musc, de parfums boisés et de café torréfié.
"Tu triches" rugit-elle "tu regardes avec ton nez !"
Je devais voir, VOIR... ces trésors qui me frôlaient, ce grain de peau moite et cette toison ennivrante.
Le supplice était insoutenable; j'en venais à maudire mon oreille si sourde, si myope, si... je me surpris à supplier : "Un oeil, rien qu'un oeil!"
Un claquement sec, cinglant répondit à ma requête, comme un coup de fouet.
J'imaginais des cordes, des lacets, des chaînes ?
Ca sentait le cuir torréfié ou alors mon nez me jouait des tours.
"T'es pas encore prêt ?" aboya une voix qui me sembla familière.
Dans un effort surhumain – au risque d'être flagellé – j'arrachai le bandeau ou plutôt l'oreiller qui me couvrait la tête et ma mâchoire tomba: en grenouillère intégrale de pilou-pilou couleur rose bonbon, Germaine se tenait à l'entrée de la chambre, échevelée et le fiel à la bouche : "Le caoua est chaud, feignasse... j'le redirai pas"
A cet instant je regrettais vivement d'avoir des yeux pour voir... je décidai de les refermer définitivement
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