sujet 11/2018 - clic
- Dans notre sixième, sous les toits, tout là-haut
Nous vivons à l’étroit comme des moineaux…
- Yong, arrête de chanter cette scie tous les jours, tu me soûles, à la fin ! Je sais, tu ne te plais pas ici, enfermé entre quatre murs, avec comme seul horizon le crépi noir de la maison d’en face, encore heureux qu’ils aient détruit la prison ! Je te promets, quand on aura des tunes…
- Tu dis ça, et ça fait 40 ans qu’on habite cette cage à poules, j’en peux plus, moi, de tourner en rond, avec mes rêves qui me courent derrière sans jamais me rattraper…
- Cesse de faire le vieux chinois qu’aurait toujours la même fleur à la main. On a de bons voisins, les Durand sont partis, c’est quand même eux qui faisaient le plus de bruit !
- Tu parles, remplacés par une volière de canaris qui n’arrêtent pas de piailler nuit et jour
- C’est pourtant beau, Yong, un chant d’oiseau, dans ton pays, autrefois…
- Arrête de me parler de tout ça, tu vas me donner le bourdon, le treizième, c’est tout de même pas la Chine, non ?
- Non, mais depuis le temps, tu aurais dû t’habituer.
- Je ne m’habituerai jamais au médiocre, si au moins, tu voulais sortir de temps en temps !
- Pour quoi faire, respirer l’air de Paris, les bagnoles, le métro, les foules qui courent on ne sait vers où, on ne sait vers quoi ?
- Il y a les squares...
- Pleins de cris d’enfants et de parents excédés, ah non, je préfère la télé, et toi tes sudokus, pas vrai, qīn'ài de ? (mon chéri)
- N’essaie pas de m’amadouer, Mamours, avec tes petits mots tendres, je te vois venir…
- Eh bien, tant mieux, depuis 40 ans, on commence à bien se connaître…
- Allez, je retourne à mes fourneaux… Et si je te faisais quelques petits nems au poulet-vermicelle, histoire de chasser ta scoumoune ?
- Ah, Yvonne, si tu n’avais ces talents de cuisinière, il y a longtemps que…
- Il y a longtemps que quoi… ?
- (Il reprend sa chanson) Ça nous est égal du moment qu’on s‘aime…
FIN
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