sujet 17/2020 - clic
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Les commères parlent aux commères : Mireille attend depuis des années le retour de Simon ; je répète, Mireille attend depuis des années le retour de Simon.
- Dis-moi, pourquoi elle ne s’est jamais remarié Mireille ? Y’a personne au village pour lui conter fleurette ?
- Remariée ? Mais t’es complètement à côté de la plaque ma pauvre ! Comment veux-tu qu’elle se remarie !
- Et pourquoi pas tè ! Elle est encore jeune quand même !
- Tu dérailles ma Nine !
- Tu dis quoi ?
- Je dis qu’effectivement le remariage n’est pas possible même s’il y en a plus d’un qui lui tournent autour. Voilà ! C’est comme ça ! Un vœu, c’est un vœu pardi !
- Mais bon sang, raconte-moi toute l’histoire ; tu me fais languir !
- Eh bè, la réalité, moi je te la dis, et je vais être franche : on n’a pas pigé grand-chose, crois-moi ! Car la vérité, c’est qu’avec une boite d’allumettes quasi vide et un poivron, il ne peut pas être allé bien loin le gari, alors elle espère, peuchère !
- N’empêche qu’il n’est jamais revenu !
- Eh oui, c’est vrai !
Pauvre Mireille !
Quel drôle de destin tout de même !
Tu te rends compte à quoi ça tient la vie !
Pendant les grandes vacances, elle a réalisé que le garde-manger était vide et que sa boite d’allumettes allait rendre l’âme alors qu’elle attendait des invités
- Jules et moi pour la petite histoire - .
Elle souhaitait cuisiner des poivrons grillés au four parce qu’elle savait que c’était notre entrée préférée ; vivant à la campagne, elle a préféré garder son four au gaz-bouteille plutôt que d’investir dans un électrique comme tous ces fadas de voisins qui avaient déjà la tête enflée par les réclames et qui veulent tous les cuisines moooodernes ! Elle a donc appelé Simon avec sa petite voix de crécelle qu’elle a toujours eue :
« Simoooooon, mon amour, peux-tu enfourcher ta bicyclette et pédaler jusqu’au village pour acheter les bricoles notées sur cette liste. »
Oui, bien sûr, avant d’appeler Simon, elle avait préparé une petite liste de courses sur le coin du papier journal qui traînait sur la table !
« D’accord ma chériiiiiie » a répondu Simon de sa voix grave et il est parti à bicyclette…
Mon Dieu ce qu’il était amoureux ce Simon !
Chériiiiiie par-ci, chériiiiiie par-là !
Il en avait plein la bouche des chériiiiiies !
- Et alors ?
- Et alors, figure-toi qu’il n’est jamais revenu !
- Jamais revenu ? Tu plaisantes !
- Non !
- Jamais écrit ?
- Non !
- Même pas une petite carte postale ?
- Non plus je te dis !!!
- A-t-il été recherché par la police au moins ?
- Tu te doutes bien que oui !
La pauvre Mireille ; elle a attendu, attendu, attendu jusqu’à l’an pèbre et un matin comme ça, lasse d’attendre, comme une andouille, eh bè, elle a fait un vœu.
- Un vœu ?
- Oui un vœu !
- Mais quel vœu ?
- Un vœu tè, un vrai de vrai hein ! Elle a dit que si Simon revenait, avec ou sans allumettes, avec ou sans poivron, et bè, elle…elle…elle….
- Elle quoi, bon sang !!!
- Bè, elle n’a jamais voulu me le dire figure-toi, parce qu’un vœu, fadade, ça ne se dévoile pas sinon, tu sais bien qu’il ne se réalise pas !
Les commères parlent aux commères : Mireille attend depuis des années le retour de Simon ; je répète, Mireille attend depuis des années le retour de Simon.
Le blog d'Annick SB