Sur le port d’Amsterdam… Cela commence comme la chanson de Jacques Brel… Mais il n’est pas marin… Il traîne ses guêtres sur le quai,
l’âme en peine. Il voudrait ne jamais avoir trouvé ce journal intime dans la cantine, la malle militaire de son père défunt.
Il avait reconnu immédiatement l‘écriture de sa mère, cette belle écriture tout en déliés et il n’a pas résisté à l’envie de lire ce
que contenait ce livret jauni par le temps et dont les fleurs séchées s’effritaient quand il tournait les pages. Chaque mot des poèmes touchaient profondément son cœur puis la flèche, la terrible
flèche qui se nicha dans sa tête quand les mots en prose surgirent au détour de ce chemin poétique. Il fut tenté de fermer le cahier mais la curiosité fut la plus forte.
A chaque ligne les battements de son cœur s’accéléraient, il se sentait impuissant devant ce déluge de sensations diverses de
tristesse et de colère mélangées. Fou de douleur il se rendit dans le bar le plus proche, toujours à la main le livret aux secrets. Il devait oublier ce qu’il avait lu mais il ne pouvait pas
!
Une rasade, puis une autre… Puis encore une autre… Ses yeux se brouillaient mais point son esprit. Il voudrait se confier à sa
compagne qui, affolée de ne pas le voir rentrer l’avait trouvé dans ce bar sordide mais comment pourrait-il lui dire… Comment pourrait-il lui avouer cette terrible vérité ?
La page était là, témoin de l’affaire… Il relut pour la énième fois ce passage :
« Je quitte ce monde la culpabilité dans l’âme…. J’ai poussé mon époux dans l’escalier parce qu’il avait une maîtresse et tous les
remords du monde n’ont pu effacer de ma mémoire mon acte de colère et mon crime…. »
- Patron un autre double whisky !
Violette Dame mauve