Pas ce soir, Juliette. Non, pas ce soir.
Je ne peux pas...peux pas.
Tu vois ce chariot devant la porte...je suis comme lui, bloqué contre des mâchoires,tournant dans des bras tentaculaires d'une
société de consommation, nos vies glissant inaperçues sur un tapis roulant, résumées à des codes, des chiffres, des cartes et encore des codes.
- Achetez ! Achetez ! Nous vous offrons une vie meilleure. Tu entends la voix synthétique dans le haut-parleur...même la voix est
truquée. Juliette, même la voix...
Ce n'est pas ça la vie.
Ce n'est pas que cela.
Viens, laissons ces lumières qui ressemblent à celles des gares d'où les trains ne partent jamais.
Promenons-nous plutôt dans les rues, buvons leur pénombre joyeuse, sautillons dans les flaques, peu importe.
Il y a tant de choses à faire,tant à rêver, mais pas ça, pas maintenant, Juliette.
Nous ferons le plein de vie autrement.
Ce soir, Juliette, je n'ai pas peur du vide.
Agnès