Mamie Rose refuse de ressembler à ces voisins enfermés dans des musées aux objets bien rangés et époussetés chaque jour et où l'ennui et la mort arrivent à grand pas. Sa vie à elle est dehors, elle est toujours par monts et par vaux,regardant, humant les senteurs des alentours, elle rentre chez elle, le soir, fatiguée et heureuse de ses découvertes. Il faut bien dormir de temps en temps et rien de mieux que son lit pour ça . C'est la seule chose qu'elle concède au confort. Mamie Rose adore prendre toute la place, plongeant tous ses membres dans les draps et les couvertures douillettes avec moustique au creux de son épaule lorsqu'il ne miaule ou qu'il ne griffe pas pour manger.
Ce matin mamie Rose ressent un peu de tristesse, elle prend son carnet et écrit «temps limité». c'est fou, elle n'avait jamais pensé auparavant qu'elle puisse partir définitivement , laisser Moustique seul dans la vie. Elle l'imagine cassant un petit pot de lait et boire l'hypothétique dernière goutte et crever dansl'indiférence des voisins. Que va devenir son fidèle compagnon si elle meurt ? A ses tristes pensées, son visage rieur s'obscurcit, ses yeux mutins laissent couler quelques larmes. “Allons,on va trouver une solution, n'y pensons plus, il fait beau, on va sortir Moustique”. Elle attache une laisse au collier et les voilà tous deux cheminant doucement jusqu'à la plage. Elle s'assoit sur une couverture multicolore posée sur le sable, elle réffléchit ou rêve à d'autres cieux. Moustique, près d'elle miaule devant de petits crabes qu'il ne peut attraper sans se faire pincer.
Aimela