3 novembre 2011
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Mon caddy est vide
Mon caddy n’a rien pour se remplir. La porte reste obstinément fermée ; la ville qui s’y cache , qui s’y introduit est rivée au
sol. Nul n’entre, nul ne sort. Les mailles bleues si pâles semblent fabriquées pour mon caddy, pour l’ensevelir sous les sommes allergisantes de ceux qui peuvent payer, qui savent se
payer.
L’homme tente de se lever, la voiture ne bouge pas ; les immenses bâtiments plus loin, se camouflent d’ocre et l’on peut tout
attendre des lignes obliques qui limitent mon caddy.
S’il parvient à entrer dans le cercle délimité, morcelé, je sais qu’il deviendra l’envers du monde, l’envers de la vie, l’horreur des
élans fraternels.
Regardez-le donc ce caddy : il tente d’entourer de ses bras le grillage qui le limite. Sa bouche est le seul organe riche,
immense, sa bouche d’ogre ; ses yeux petits et ronds laissent une large place à son front qui s’égare dans la caisse vide. Et cette couleur stupide, improbable, une teinte à geler de chagrin
chaque matin…
Caddy ? il niakadi-re : au diable toute cette vie de consommateur, abreuvé et jamais désaltéré. Au diable l’illusoire
sottise de l’individu au choix personnel. Au diable, s’il en existe encore un, même un tout petit, juste pour moi, donc, au diable tout ce que me promet cet horrible caddy doublé de cette ville
non moins terrible. Au diable, caddy !
XXX
Roseline