Madame Sara pratiquait la voyance dichotomique.
C’était soit cœur, soit pique et quel malheur quand ce n’était pas cœur !
Un matin de grand désespoir, je décide, après une nuit blanche comme neige, d’aller surprendre et saisir mon avenir chez Madame Sara qui a pignon sur rue quelque part dans la ville.
Pas de rendez vous téléphonique, jamais.
C’est le bouche à oreille qui nous donne le la.
On s’y rend comme ça, sur un coup de tête que l’on regrettera, ou pas.
Dans la salle d’attente d’autres cernes patientent.
Les doigts se tordent, les soupirs pleuvent.
C’est long…
Parfois certains sursautent et sortent sans mot dire par la porte…
Moi, je n’ai pas le courage de faire marche arrière, alors j’attends.
Je sais qu’elle ne lira nada dans le marc de kawa, qu’elle ne fera tourner aucune chaîne sous mon nez, ni ne regardera dans une sphère dorée.
Mais j’attends, épuisée…
La solution miracle va peut-être arriver.
Je me rends au hasard, je me rends à la Vie, à l’ensemble des espoirs perdus qui font ce que je suis.
C’est à moi ; elle me désigne d’un geste de doigt.
J’entre à petits pas dans la salle, regard perdu et souffle court.
Je m’assoie.
Sur le guéridon, deux choix ; ni plus ni moins.
Deux cartes à retourner.
Hésitation, tremblement, vertige, soupir…
Madame Sara pratique la voyance dichotomique.
C’est soit cœur, soit pique et quel malheur quand ce n’est pas cœur !
Tout à coup, j’ai très peur…
Annick SB