Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 août 2013 1 19 /08 /août /2013 12:16

 

Mon cher fils
 
Je te remercie pour ta jolie lettre que j'ai demandé à ton institutrice de me lire. C'est elle aussi qui écrit à ma place car moi, je ne sais pas. Je n'ai pas été longtemps à l'école pour ça. Ici tout se passe bien, ton pauvre père est surchargé de travail depuis que tu es parti à la guerre. Moi, après ma besogne, je tricote des chaussettes que je joins à la lettre, j'espère que tu recevras le tout, par les temps qui courent, les routes ne sont pas bien faites et le courrier se trouve perdu. Prends bien soin de toi et surtout reviens nous vivant, on a trop besoin de toi pour les foins en juin.
 
Tes parents
 
 
L'institutrice
Vous pourriez lui dire que vous l'aimez et l'embrasser, il serait heureux.
 
La mère
C'est que chez nous, on est plus rudes, on ne dit pas les sentiments, il se ferait du souci si je dis vos mots Madame. Il comprendra qu'il est arrivé quelque chose de terrible au père et il voudra déserter ou pire, il se fera tuer et ça je le refuse, j'ai trop besoin de lui pour faire tourner la ferme. Ses frères et sœurs font ce qu 'ils peuvent mais ils sont bien jeunots, les pauvres.
 
L'institutrice
Je comprends, la lettre est terminée, je la mets dans la paquet et je l'emporte à la poste.
 
La mère en pleurs
Merci Madame, vous êtes bien gentille de nous aider.  Je suis seule depuis la mort de mon pauvre Léon fauché dans les champs.
 
L'institutrice
Voyons, voyons, je serai toujours là alors cessez de pleurer, vos enfants ont besoin de vous. Je resterais plus longtemps mais le paquet n'attend pas...
 
La mère
Merci Madame et au revoir...
 
L'institutrice partie, Germaine pleura toutes les larmes de son corps.
Qu'allait-elle devenir ?  Madame l'institutrice est bien gentille mais elle n'est pas faite pour travailler dans les champs.
 
 
Aimela

commentaires

J
Il y a des nouvelles qui ne peuvent pas s'écrire ... poignant retour sur une réalité oubliée et dont les derniers témoins se comptent
Répondre
E
une mise en scene touchante et vraie, Aimela, dans un contexte dramatique
Répondre
M
Ces temps de guerre furent rudes et amers pour bien des familles, les hommes au combat, les femmes seules avec leur famille. Le manque de contact rendait l'absence encore plus longue et douloureuse. J'ai aimé la forme en deux temps de ton écrit. Ici aussi l'aspect scénique rend le tout très vivant.
Répondre
J
Germaine dure à la tâche mais au cœur si grand<br /> tu ne sais pas toujours taire tes sentiments
Répondre
A
Heureusement le fils peut comprendre sa mère à demi-mot... Rude époque !
Répondre
V
Tricoter des chaussettes... c'est dire je t'aime avec les mains, non?
Répondre
J
Un mensonge qu'il comprendra et pardonnera à son retour de guerre, s'il en réchappe... un fils très cher oui...
Répondre

  • : Mil et une, atelier d'écriture en ligne
  • : atelier d'écriture en ligne
  • Contact

Recherche

Pour envoyer les textes

Les textes, avec titre et signature, sont à envoyer à notre adresse mail les40voleurs(at)laposte.net
 

Infos