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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 21:46

 

Hello, Mary-Kate ! Ca fait si longtemps que je ne t’ai plus rendu visite… Tu te souviens de moi ?

Moi, oui, Mary-Kate, je me souviens de toi… Et pourtant comme j’aurais aimé n’avoir jamais croisé ta route.

 

Ce jour-là, John avait voulu acheter un bouquet de fleurs pour Granny. Pourquoi ?

Pourquoi avons-nous pris le métro alors que d’habitude nous nous rendions chez elle à pied ?

Il pleut, les fleurs sont fragiles… avait décrété John.

Tout est de la faute de la pluie, Mary-Kate, de cette fichue pluie New-Yorkaise !

Et puis John était si soigneux, toujours tiré à quatre épingles, la chevelure disciplinée sous la gomina. Jamais il n’aurait supporté d’être détrempé.

Il était beau, n’est-ce pas, mon cousin John !

 

Quand il était rentré de cette guerre, là-bas en Europe, il n’avait rien voulu en raconter, ni à mes parents chez qui il vivait depuis qu’à peine adolescent il s’était retrouvé orphelin, ni à Granny et encore moins à moi, sa presque sœur comme il aimait à le répéter.

 

S’était-il seulement aperçu que je n’étais plus une enfant ?

 

Non, Mary-Kate, je n’étais plus une enfant et quand ce maudit métro a freiné brusquement provoquant une bousculade dans la rame j’ai clairement compris que mes rêves se brisaient…

Ce spectacle est toujours bien ancré en moi - John abandonnant son bouquet pour mieux te rattraper, toi, plongée dans la lecture d’un roman et qui déséquilibrée tombais à reculons dans ses bras.

Vos regards, rien que vos regards croisés et qui ne se sont plus quittés, m’ont fait te détester à jamais.

 

Tu vois, Mary-Kate, à présent je suis une vieille dame… alors que toi, tu es restée éternellement dans la fleur de l’âge.

Mourir à trente ans, quel triste sort ! John ne s’en est jamais vraiment remis.

Allons, allons, pas de sentimentalisme, le temps me presse à présent.

 

Non, Mary-Kate, je ne pleure pas, c’est la pluie, cette vilaine pluie qui mouille mon visage… je ne reviendrai probablement jamais à New-York, je préfère le climat de la Louisiane… aussi je ne voudrais pas quitter ce cimetière sans t’avouer la vérité… c’est moi, Mary-Kate qui t’ai poussée dans l’escalier… oui, j’avais prémédité mon geste... je ne pouvais plus supporter de vous voir aussi heureux…

 

Non, Mary-Kate, la pluie n’a pas cessé de tomber !

 

 

Mony

 

 

sujet semaine 40/2015 - clic

commentaires

P
Quelle atmosphère pesante, avec ces aveux tardifs.
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A
Elle n'a pas été récompensé de son geste, John n'a jamais oublié son amour
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G
Qu'il a dû être dur à cette femme de vivre si longtemps avec un tel poids sur la conscience, sans même avoir pu profiter du fruit de son forfait ! Belle analyse des sentiments...
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J
Eh bien... quelle confession !! De faux espoirs qui transforment en "criminelle" une fille qui a cru que...
Répondre

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