Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 10:40

 

On tourne
on tire
elles tirebouchonnent
sur les chaussures tes chaussettes
comme des plis d'accordéon
tes longues nattes de travers 
ta mèche enroulée sur le front
ton nez qui joue de la trompette
tes yeux ballons qui se rassurent
en lorgnant le gâteau aux mûres...

On tire
On tourne
on tirebouchonne
c'est le bouchon qui saute en l'air 
un peu de l'air que l'on fredonne
c’est tout l’amour que l’on se donne
c’est l’impatience emprisonnée
dans les présents que tu déchires
bulles de joie, œil qui pétille
éclats d’enfance dans nos verres

 

Cloclo

28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 19:50

 

Ils vont trinquer

Un peu
Beaucoup
Passionnément
Boire avec modération
Certains
Pas tous
Célébrant l’an neuf
Resteront les bulles
Celles des souhaits
Celles des rêves
Celles des illusions
Oui, Monsieur
Ils vont trinquer
Mais pas conduire
C’est promis
Je vais piquer les clés
Verrouiller les portières
Et partir me coucher
Juste pour ne pas payer
Les conséquences
De mon acte

Cependant, Monsieur
J’offrirai le champagne
À volonté
L’an neuf
Sans bulles
Manquerait de piquant !

 

ABC 

 Ils vont trinquer

 Un peu
 Beaucoup
Passionnément
Boire avec modération
Certains
Pas tous
Célébrant l’an neuf
Resteront les bulles
Celles des souhaits
Celles des rêves
Celles des illusions
Oui, Monsieur
Ils vont trinquer
Mais pas conduire
C’est promis
Je vais piquer les clés
Verrouiller les portières
Et partir me coucher
Juste pour ne pas payer
Les conséquences
De mon acte

Cependant, Monsieur
J’offrirai le champagne
À volonté
L’an neuf
Sans bulles
Manquerait de piquant !

ABC

28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 13:37

 

Et flûte, suis seul ce 31

Pas sur mon 31

Ma Cathy m'a quitté
M'a planté
Pour un Boby
A la pointe qu'elle dit
Un beau parleur
Un emballeur
A la Veuve C.
Tout de go elle m'a lancé :
« T'es vieux jeu
Avec ton mousseux... ! »
Voilà trente ans d'âge
Que je lui verse ce breuvage
Qu'elle n'en dit mot
Me vlà comme un idiot
Avec ma coupe, j'me fais des cheveux
Ah mon Dieu
Quelle mouche l'a piqué
Un 31 décembre... je ne tsé !
La soirée tombe à l'eau
Gérard... Allô...
Que fais-tu ce soir ?
Rien... Heureux hasard
Tu bulles aussi mon vieux...
J'arrive avec le mousseux !

jill bill

27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 11:09
       
 
"Cette ville des ponts
Et toi loin de mes yeux
Et quand soufflent les vents
Durant les soirs brumeux
Quand s'éveille ma lyre
Quand parle ma douleur
A la nuit qui soupire
Et quand gémit mon coeur
Quand tu es endormi
Les yeux emplis de pleurs
Et ton coeur ô ami,
Aigri par ses douleurs,
Je fais pleurer ma plume
Je fais pleurer le vent
Et j'écris dans la brume
Ce que j'écris souvent :
Des secrets et des voeux
Parfois une romance
Quelques fois des mots creux
Pour briser le silence
De mes jours sans soleil
Et calmer la souffrance
De mes nuits sans sommeil
Pour oublier l'Absence..."  
 
dysis
 
27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 10:47

l'esprit de Noël ayant touché le coeur habituellement sec et impitoyable de l'équipe de quart, nous avons cédé aux supplications de Pascal (Noel au balcon, Pascal aux tisons), et publions donc exceptionnellement, et contrairement au "règlement", son ode à la sirène numéro 4

 

************************

… Marius était un vieux pêcheur, un peu bourru, un peu solitaire, un peu acariâtre et soupe au lait. Un loup de mer, me direz-vous ? Non, c’était un homme simple et ordinaire. Il vivait de ses récoltes aquatiques. Debout sur sa barque, il jetait son filet, il le récupérait et puis il recommençait. Il avait les gestes simples d’un auguste semeur de la mer. Il partait tôt le matin et il rentrait tard le soir. Je crois qu’il avait passé plus de temps dans sa barque à petite voile que sur la terre des humains.

Il n’était pas bavard, non. On dit qu’il chantait de temps en temps car les paroles de ses chansons se baladaient sur la mer comme un sonar à la recherche d’un quelconque écho. Il connaissait les fonds marins comme sa poche et il faisait sa cueillette comme un jardinier ses légumes. Untel voulait des rascasses ? Il ramenait un plateau de belles piquantes rouges, un autre voulait quelques loups ? Ils gigotaient encore quand il rentrait au port. Des crabes de profondeur, des oursins bien piquants, des langoustes de rocher, il savait tout des ressources de la mer.

 

Dans cette fin de journée presque estivale, il lançait son filet avec une telle dextérité, une telle aisance, qu’on pouvait penser à une épeire époussetant sa toile pour faire gicler toutes les gouttes de mer perlées dans le quadrillage des mailles, un matin calme de fraîche rosée. Une petite pluie fine tombait éparse devant son filet en douce musique de cascade et il recommençait. C’est un art qu’il maîtrisait à la perfection. Il avait dû rencontrer une troupe de sardines se reposant en banc et il remontait son ouvrage avec ses gestes concentrés. Tous les petits poissons se débattaient et faisaient des flèches d’argent prisonnières dans sa cible précise. La mer était étrangement calme comme dans un havre reposant de douce quiétude. Le soleil couchant permettait d’admirer les profondeurs sous sa barque immobile.

 

Soudain, il fut attiré par une nageoire caudale inconnue à son répertoire de la faune marine. Pourtant, il en avait soulevé des poissons et des poissons ! Son registre était large ! Les écailles étaient dans une organisation inconnue de sa compréhension de vieux pêcheur. Et l’animal tournait autour de lui et passait même sous l’embarcation, jusqu’à frotter la petite quille. Il observa, quelques minutes, ce manège pour bien calculer l’envol de son astucieux filet. Marius était un homme tout simplement mais je crois qu’il était plus curieux que prédateur dans ces secondes excitantes.

 

L’ombre glissait encore sous la flottaison et notre pêcheur adroit lança son filet comme on jette un drap, en une seule fois, pour faire un grand lit. Il patienta pour laisser descendre son piège assez profondément. Il transpirait des gouttes de sueur de mer, notre Marius. Puis il tira un coup sec pour refermer son piège. La bête était prise. Il la sentait maintenant se débattre mollement dans les mailles. Quel poisson facile à attraper, une raie des abysses, sans doute, se dit-il. Le soir arrivait et les lueurs du couchant bousculaient les quelques nuages en maraude de grands espaces. Les derniers rayons du soleil transperçaient, au cœur, ces limbes cotonneux et ils s’enflammaient de couleurs impensables. Un coin de ciel brûlait dans l’horizon et la brise légère du soir attisait l’incendie magnifique…  

 

Marius, tout content, a commencé à tirer sur sa corde avec sa prise mais c’était plus lourd que prévu. Il avait la patience des grands pêcheurs et il cultivait son art avec une grande adresse. Il pensait que sa journée était belle et cette emprisonnée pouvait lui rapporter quelques billets au restaurant du coin.

Il chantait en tirant sur sa corde, il chantait sa joie de vivre au présent. Vous savez ? Les échos de sa voix se baladaient sur la mer comme un sonar à la recherche d’un quelconque écho.

 

Et tout à coup, une voix toute proche a répondu à son écho… Notre pêcheur a pensé qu’il rêvait et que son imagination lui jouait des tours. Toute une journée à lancer le filet, cela peut taper sur la nuque et le soleil était fort aujourd’hui. Il reprit sa chanson en modulant les paroles et une voix sublime a répondu aussi vite en modulant les siennes…  

Marius regardait autour de lui, jusqu’à l’horizon pour comprendre cette réverbération des sons et il tenta encore sa chansonnette en guettant le retour de cet écho magistral.

Mais il n’en eut pas le temps. La voix s’était élevée, tellement près de lui, avec des intonations exceptionnelles. Elle recopiait, à la perfection, la chanson de notre Marius mais avec une tonalité fabuleuse.

On sentait bien que cette voix était près du bateau. Dans un élan de courage et de curiosité, notre pêcheur abasourdi a tiré encore sur son filet et une main s’est échappée des mailles pour se tenir accrochée contre la petite barque penchée…  

Et la voix chantait, chantait, chantait… D’une manière imperceptible, on ressentait de la douleur dans cette voix. C’était plutôt un appel de détresse un « au secours. »

 

Marius hissa sa capture et il découvrit, rempli de stupeur et de frayeur, une créature mi-poisson mi-humaine en train de geindre de douleur. Un gros hameçon planté dans son épaule si blanche l’empalait d’un méchant piercing déplorable et elle saignait abondamment de cette plaie inguérissable. La voix se voulait ensorceleuse, envoûtante, mais elle n’était plus assez forte pour subjuguer notre Marius…  

 

Que faire ?... C’était une beauté magnifique et je vous prie de croire que ces souvenirs ne quittent jamais mon esprit. Imaginez ce que vous connaissez de plus beau et multipliez-le par l’infini et vous n’aurez qu’une pâle copie de ce que voyait notre pêcheur. Il la défit de ses liens et de ses lacis sans un geste brusque pour ne pas la faire souffrir. Et elle chantait encore pour faire sa seule défense, pour tenter de charmer son hôte et pour se protéger. Ses forces l’abandonnaient doucement. Dans l’air, elle ne pouvait pas respirer pour oser vivre encore longtemps. L’ardillon traversait son épaule et le crochet sadique maquillait son visage de douleur triste. Ses yeux, d’une extrême beauté, clignotaient comme des appels vibrants de détresse. Elle se voulait encore ensorceleuse mais elle n’en avait plus le pouvoir.

 

Le soleil s’est arrêté de se coucher comme s’il avait recompté ses ouailles et il lui en manquait une. Il a posé un rayon habile de chaleur et de clarté sur le frêle esquif comme s’il ne voyait que lui sur la mer. Il se passe parfois des choses insensées dans notre monde, heureusement…

Marius avait compris sa mission d’humain terrestre et il s’activait dans sa caisse à outils pour dénicher sa pince coupante. Il fallait réparer… Comme le plus grand des chirurgiens de la mer, avec toute sa minutie, sa dextérité et la chance, il parvint à couper la pointe du vil hameçon et c’est à peine si le visage de la Belle se déforma d’une petite douleur. Il put faire glisser la hampe pour extraire cette ferraille assassine.

Notre presque sauvée construisait quelques bulles rougeâtres et quand elles éclataient, des bouts de chansons se consumaient dans l’espace. Il était temps de faire quelque chose. Il prit sa plus petite aiguille et du bon fil de pêche pour recoudre cette douce épaule fragile. Il ajusta encore ses lunettes et fit des prouesses de haute couture. Il transpirait des gouttes de sueur de mer, notre Marius. Et le soleil tardait sans faiblir.

 

Marius avait réalisé l’exploit de sa vie. Sa balance en faisait un bienheureux et je l’envie parfois. Avec mille précautions, il reposa cette beauté mythique dans son milieu naturel.

Il la tenait par le ventre pour lui réapprendre à respirer comme on fait avec une truite capturée puis relâchée. Elle donna un petit coup de nageoire pour s’échapper doucement  de cette étreinte salvatrice. Elle glissait entre deux eaux dans ce miroir si limpide et elle faisait des mouvements de nage pour anticiper sa guérison…  

 

C’est à la nuit que la barque de Marius se mit à l’anneau. Il tremblait encore d’avoir vécu cette aventure extraordinaire. Il ne parla pas de cette épopée fantastique. Qui aurait pu le croire dans le monde des terriens prédateurs ? Il vécut toute sa vie avec ce souvenir magique mais il avait gardé l’hameçon comme témoin de cette histoire et des écailles multicolores, étranges et mystérieuses s’étaient incrustées au fond de sa barque…

Quand le soleil tarde à se coucher par manque d’ennui, une sirène malicieuse vient parfois chanter pour accompagner le refrain des chansons de Marius le pêcheur, celles qui se baladent sur la mer à la recherche trouvée du plus bel écho de sa vie.

 

Pascal.

 

27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 10:44

 

       C'est pour elle que j'ai passé le concours de la police. Pour le gyrophare bleu aussi, bien sûr, mais surtout pour la sirène. Avec elle, je traversais la ville à toute allure en faisant des queues de poisson. Que n'ai-je entendu dire par les malfrats et les voyous, à propos de son soi-disant hurlement. Moi j'adorais son chant, ré-la, ré-la, et la faisais sans cesse fonctionner. J'ai reçu des avertissements, puis des blâmes, enfin on m'a chassé de la police pour excès de z'ailes, ce que je n'ai pas compris, car depuis le Moyen Âge les sirènes ont échangé leurs ailes contre des nageoires.

Je me fis alors embaucher en usine, rien que pour entendre le mugissement de son chant mélodieux, qui s'élevait à midi chaque premier mercredi du mois, mêlé au chœur de ses sœurs de la zone industrielle. Mais je me laissai envoûter, entraîné vers de vastes prairies couvertes des ossements et des chairs desséchées des ouvriers qui avaient succombé, et bâclant mon travail, tant et si bien qu'on me mit à la porte.

De nouveau à la rue, je finis par me faire engager comme commis de cuisine dans un grand restaurant dont elle était la spécialité. C'est un plat très difficile à réussir. On ébouillante la queue vivante pendant trois minutes, tandis que le reste de la créature rôtit. Le Tout-Paris accourait goûter ce mets raffiné, moitié viande, moitié poisson, avant que le restaurant ne soit fermé par décision administrative pour cause de cruauté envers les animaux et anthropophagie.

Je partis en voyage. Copenhague, où les lamantins pleurent sur le sort de leur sœur de bronze, muette sur un rocher. Prague. Dans les forêts de Bohême, au bord d'un lac, un jour que tel un prince je chassais la biche blanche, j'entendis Rusalka chanter sa chanson à la lune et j'en fus à nouveau charmé. Mais par un sortilège funeste elle perdit la voix, et je renonçai à l'épouser.

Quand je revins de mes voyages, je fus soudain heureux comme Ulysse. J'aime le chant de la sirène de mon village, sur le toit de la mairie, je passe mes doigts dans les boucles de sa toison d'écailles, et son mont de Vénus m'est plus doux que le mont Palatin.

 

Bricabrac

 

 

26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 20:07
              
 
Sirène, ma mie, lisse tes longs cheveux,
Pour le bonheur de ton prince amoureux.
Loin de tes fonds marins où dans les algues brunes
Autrefois tu jouais en nageant comme poisson,
Fais miroiter ta jolie queue couleur de lune
Et chante encore une ultime chanson
Langoureuse ritournelle
Avant de devenir sa princesse Belle
Avec jambes de femmes et muette à jamais.   
 
Marief
26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 13:49
 
 
Belle exilée de ton monde aquatique,
Que pensais-tu trouver chez nous pauvres humains ?
Croyais-tu au réel de ta vie onirique ?
Laisse l'eau glisser, si douce, sur ta main
Et relier par d'invisibles fils
Nos vœux si différents, nos contrées et nos villes
En un clair idéal moins chimérique.
 
Jeanne
26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 09:09

 

 

« Sur ma maquette, la figure de proue, là, à l’avant ?... Hé bien, c’est la protectrice des marins du bateau. Placée sous le mât de beaupré, elle surveille l’étrave, qui fend au mieux les vagues des flots, quand la mer se déchaîne… »

 

« Papy, papy ?... On dirait une sirène !... »

 

« Oui, Yannick, c’est vrai. C’était pendant une grande saison à Terre-Neuve que, nous autres, fier équipage de l’Alcatore, avons repêché cette belle sirène… »

 

« Raconte-moi, Papy !... »

 

« On était en action de pêche sur les grands bans ; toutes les doris étaient à la mer, le mauvais temps se calmait enfin et le ciel avait des couleurs indéfinissables… Moi, j’étais jeune mousse, j’étais l’aide cuistot du bord, le préposé à l’épluchage des patates…

Les nuages se croisaient en laissant briller des halos de lumières inquiétantes sur l’eau. Les tempêtes sur la mer sont les disputes des humains sur la terre et, là, c’était un peu comme la fin d’une chamaillerie océane…

 

Essoufflée, battue par les vagues, elle flottait entre deux eaux, par le travers bâbord, quand notre vigie, perchée sur le mât du grand hunier, l’a aperçue…

 

On avait récupéré ce bonhomme dans un bouge infâme, du côté des îles de la Tortue. Malgré tous les rhums qu’il avait derrière les mirettes, il était encore capable de retrouver une aiguille, plantée dans un plancher, à plus de six mètres !... Il ne voyait pas double, il voyait cent fois mieux !... On avait besoin d’un bon gabier, on l’a embarqué avec nous. Il passait sa vie dans son nid-de-corbeau… 

 

Accrochée à une souche d’arbre inconnu, elle dérivait dans les courants d’eau glacée… Elle était belle comme une larme d’aiguail quand un rayon de soleil l’irise d’éclats scintillants. Elle se débattait mollement en tapant l’eau avec sa nageoire et je crois que nous sommes tous tombés amoureux d’elle. Sa jeune poitrine frémissait sous la chaleur de nos regards de marins depuis trop longtemps en mer. Ses rangées d’écailles étaient comme un parement polychrome dans sa robe de poisson. Chacun de ses gestes avait une grâce exceptionnelle ; ce devait être une princesse sous la mer… Quand on l’a hissée à bord, son magnifique collier s’est cassé et toutes les perles nacrées ont couru se cacher sur le pont !...

 

Tu vois, gamin, elle avait des yeux qu’on ne peut pas oublier. Un instant, elle a posé son regard sur moi et, depuis, ma vie se filtre dans l’immensité de ses prunelles. Toutes les beautés du Monde, je les étalonne avec la vision de cette sirène sublime. Les escales, les paysages, les filles, le rhum, l’argent, les meilleurs bateaux, les bonnes marées, tout ça, ce n’est rien, c’est sans aucune valeur quand je repense à ses yeux.

Dedans, j’y devinais des troupes d’oiseaux exotiques posés sur des branches d’îles pacifiques, des cascades d’eau claire bousculaient les rochers avec des myriades d’embruns éclatés, des poissons multicolores s’abreuvaient avec des milliards de bulles convenues, des zéphyrs rivalisaient de douceur avec les alizées et c’était des nuages de pétales de fleurs odorantes qui s’essaimaient dans l’air… »

 

« Papy ?... Papy ?... T’es où, là ?... »

 

« Ha, oui… Des minuscules hippocampes lui servaient de barrettes, des étoiles de mer ornaient sa chevelure et des algues versicolores décoraient ses boucles rebelles.

 

C’est notre médecin de bord qui l’a soignée de sa blessure de bosse. Tu vois, gamin, il était complètement sourd, notre toubib !... Pendant une bataille navale contre les anglais, il avait pris un mauvais coup de canon, si près des oreilles qu’il n’entendait plus rien !... C’est qu’elle chantait fort, la cantatrice !... Elle avait un répertoire de soprano, pire qu’un soir de première à la Scala !... En un rien de temps, il l’a remise sur pied, enfin, sur sa nageoire… Elle s’était à moitié assommée avec cette souche !...

De toute façon, elle devait vite rejoindre les profondeurs de la mer pour retrouver sa respiration ordinaire.

Majestueusement, elle rampait dans la coursive ; sur ses coudes, elle avançait en nous fredonnant ses complaintes amoureuses et nous étions tous subjugués par la gamme de ses notes tellement merveilleuses. Bêtement, nous lui faisions une haie d’honneur… Quelques-uns d’entres nous avaient ôté leurs bonnets comme s’ils croisaient une reine…

 

Tu vois, gamin, le soleil se couchait en brûlant les derniers nuages ; il avait sa façon irrationnelle de remettre en cause toutes les certitudes sur notre nature humaine. Les gris s’arrangeaient en ocre, les jaunes s’imaginaient en or, les bleus se dansaient en émeraude, les rouges flamboyaient en laissant naître, çà et là, mille chimères évanescentes. Dans cette fin de bout du monde, sous nos yeux stupéfaits, la Nature rangeait son arc-en-ciel…

Ce soir-là, les doris étaient toutes remplies de beaux poissons argentés comme si la mer voulait nous remercier d’avoir soigné une de ses vestales…

 

Elle s’est approchée du bastingage en se soulevant sur les aussières. Elle a jeté un regard circulaire conciliant  sur notre assistance médusée puis elle a plongé dans l’onde profonde. C’est à ce moment que le soleil s’est véritablement estompé. Les voiles claquaient, les drisses tremblaient, la mâture craquait et une multitude de frissons intenables couraient sur ma peau…

 

C’est notre charpentier de marine qui a réalisé son œuvre en la reproduisant fidèlement sur cette souche. Ses doigts caressaient le bois comme s’il lui faisait l’Amour… On l’a investie à la proue de notre navire et elle a pris soin de nous, à chacune de nos saisons, pendant cinquante ans, comme une mère attentionnée surveille ses enfants… »

 

« C’est pas vrai, papy, tu racontes des blagues !... »

 

Alors, j’ai tiré sur le col de mon pull marine. Facilement, j’ai extirpé le petit collier qui orne mon cou depuis si longtemps avec une perle, une perle… extraordinaire…

 

Pascal.

 

25 décembre 2013 3 25 /12 /décembre /2013 16:51
 
 
Sirène, elle en vaut plus qu'une demi douzaine,
elle dont les marins s'abreuvent à la fontaine,
au torrent ruisselant coulant d'entre ses cuisses
bien plus désaltérant qu'un vieux rhum aux épices.
 
Ils bandent les amarres, emprisonnent ses seins
posent qui son mousquet, qui sa jambe de bois,
otages de l'amour et de tout ce qu'ils voient,
la marée les entraîne au rythme de ses reins.
 
Elle sait les goûter du pont à la hunette,
découvre le grand mât que voilait la braguette
et sa langue salée comme crête d'écume
les tue et les emporte comme le vent, la plume.
 
Mais si - plus vigoureux - l'un d'entre eux ressuscite,
de la femme-poisson profanant les trésors,
sur l'échiquier mouvant, la reine gagne encore,
pour toi, pauvre marin, plus dure sera la fuite.
 
Vegas sur sarthe
 
24 décembre 2013 2 24 /12 /décembre /2013 09:48
 
 
Si la sirène passe dans le chas de l'aiguille
 
Dans une botte de foin finiront les anguilles.
 
 
Nounedeb
24 décembre 2013 2 24 /12 /décembre /2013 09:44

       

       Juste à côté de mon école primaire, il y a un étrange magasin de poissons. A chaque marée, c’est le rassemblement des badauds curieux, des gourmets et des cuistots des restaurants alentour. Ils vont humer les parfums capiteux de la mer, ces senteurs d’algues profondes, ces effluves de rochers affleurant, ces relents de marée aux sons des cloches des chalutiers quand ils rentrent au port. Ils observent la sieste du dormeur, la toile de l’araignée, les antennes de la crevette ; ils écoutent les glouglous du bulot, ils devinent la perle de l’huître, ils guettent les soubresauts du bar, ils soupèsent les poulpes, ils donnent le la au thon, ils commandent des quartiers de poisson lune…

 

Mais ce matin, c’était un véritable attroupement. Les pêcheurs de la nuit avaient dû remonter une prise extraordinaire pour que les gens s’arrachent la primeur de l’étal. On jouait des coudes, on se bousculait, on parlait fort ; les hommes se lissaient les moustaches en souriant… La rumeur allait s’enflant… J’ai pu me faufiler au travers de cette foule vorace et je l’ai vue…

 

Une sirène !... C’était une petite sirène !... Elle était là, recroquevillée, emprisonnée, sur l’étal du marchand de poissons !... Il l’avait enrobée dans de la glace pilée mais je voyais bien, moi, qu’elle tremblait de peur !... Sa peau était toute marbrée de frissons, elle claquait des dents et le souffle de sa bouche n’était que des petits dessins de vapeur d’épouvante !... Sous les yeux avides des voyeurs agglutinés, elle tentait de cacher sa jeune poitrine de condamnée. Par moment, sa queue flottait dans l’air comme pour s’enfuir de ce terrible cauchemar…

Sur le bord de sa bouche, un filet de sang coulait comme un maquillage outrancier sur ses petites lèvres. Le poissonnier martyrisant lui avait coupé la langue pour ne pas succomber à ses chansons de sirène... Dans le bleu de ses yeux, deux aigues marines tellement affolées, on voyait les abysses, on voyait toute sa frayeur ; dans ses larmes de cristal, c’était l’effroyable tempête de sa souffrance. Au milieu de toute cette terreur, elle transpirait le sel de la mer en une nuée de pépites précieuses accrochées sur chacun de ses pores. Dans ses longs cheveux bruns, emmêlés comme des laminaires encore phosphorescentes, s’agrippaient désespérément quelques jeunes étoiles de mer décoratrices de l’étagère…

 

Dépecée, ébouillantée, désarêtée, on la prévoyait au four avec du citron, en papillote avec de la mayonnaise, marinée dans du vin blanc !... Pour prétendre à la qualité de sa chair, ils ont commencé à la palper, ces vicieux !... Pétrisseuses, leurs mains libidineuses couraient sur sa peau en laissant des marques rougeâtres de tortionnaires. En bavant, ils glissaient leurs doigts baladeurs sur sa peau en se laissant guider par leur choix de dépravés. Bien sûr, quelques bonnes femmes ont balancé des coups de canne et de parapluie sur leurs maris pervers mais ils se reculaient pour mieux envisager leurs travers !... Ils l’auraient bien violentée dans un lit de fines herbes, ils l’auraient parfumée avec des aromates, ils l’auraient badigeonnée dans un coulis de tomate, ils la préparaient à leur tournure avec les meilleurs verbes… Déjà, ils la dégustaient au champagne avec leurs recettes d’aubergistes en campagne !...

 

Tout à coup, un type, à côté de moi, a réclamé un steak de sirène !... Un autre a parlé de soupe, un autre de friture, un autre de bouillabaisse !... Ils se disputaient les futurs morceaux, ces vils requins !... On voulait goûter sa cervelle, croquer dans ses joues, frire son cœur, lécher ses épaules !... On voulait l’étriper, on voulait la sécher, on voulait la fumer, on voulait la congeler…

L’affreux poissonnier, au fait des enchères de sa clientèle excitée, a commencé à aiguiser ses deux couteaux les plus pointus en les frottant lentement lame contre lame. C’était comme un tic-tac de compte à rebours… On pouvait voir, dans la précision de ses gestes de mareyeur, toute l’application d’un bourreau dépeceur… D’un coup de poing rageur, j’ai supprimé les sifflements répétés des flics qui tentaient la circulation…

 

Moi ?... Moi, j’avais posé ma main sur son front de petite sirène et je comprenais toute sa fièvre !... Je sentais le frottement de ses cils dans ma paume et c’était comme des appels de détresse !... Je voyais bien qu’elle voulait me chanter quelque chose, au bout de ses lèvres, mais ce n’était que des faibles borborygmes, avec des notes rougissantes, dans ses bulles de sang !... Tout à coup, elle a posé sa tête dans ma main, un peu comme un gentil chien quand il cherche une caresse… Sa chevelure coulait entre mes doigts ; ses yeux se sont endormis et sa nageoire caudale s’est émoussée de ses balancements éperdus…

Les autres, ils me bousculaient, ils me houspillaient, ils voulaient ma place, ils voulaient l’étreindre !...

Sa peau, maintenant bleuâtre, était griffée en mille endroits ; une à une, ses écailles s’éteignaient de leur luminosité, ses bras nus étaient pantelants, sans vie…

Les autres, ils me frappaient, ils me renversaient, ils m’écrasaient, ils voulaient s’en emparer !...

La fièvre était à son comble, le tumulte grandissant avait rameuté d’autres chalands exaltés, on cherchait la meilleure place pour assister à l’équarrissage…

 

Tout à coup, l’éclat éblouissant du tranchant d’un couteau a tu la foule en délire…C’était comme un rayon de soleil brûlant à travers mes volets ouverts…

 

« Debout !... C’est l’heure !... Tu n’as pas entendu ton réveil ?... »

 

Je me suis prestement retourné… A la faveur de la stupéfaction générale, je l’ai prise dans mes bras !... Les siens se sont mollement enroulés autour de mon cou quand je l’ai soulevée d’entre les glaçons !... J’avais parcouru une dizaine de mètres quand les autres ont réalisé l’enlèvement de leur poupée festin !... En apnée, j’ai couru jusqu’à la jetée ; ma petite sirène semait ses dernières étoiles de mer, encore accrochées dans sa chevelure, quand j’ai sauté par-dessus le débarcadère… J’étais trempé mais elle reprenait vie ; je crois qu’elle m’a embrassé sur la joue, j’entendais même sa voix revenue !...

« T’as encore pissé au lit !... »

 

Pascal.

 

 

23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 18:56

 

Elles nous disaient,

Dans les temps très anciens

Où les femmes étaient libres.

Elles nous disaient,

Nos doctes et belles aïeules

« surtout ne montez pas à terre !

Les hommes y sont cruels

Sous des dehors charmants.

Femmes nous avons été

Dans des cités perdues

Englouties par les eaux.

Fuyant leur violence et leurs guerres

En quête d'une terre

Nous avons pris la mer ! »

 

Avaient-elles raison

Nos si doctes aïeules ?

 

Je voudrais voir un homme.

 

Parler avec lui

Discourir un peu

Sur le sens de la vie.

Demander si Sagesse

La mère de nos consciences

A atteint leur esprit.

Si Justice a grandi.

 

Ont-ils encore des pauvres ?

Des enfants affamés

Des femmes décharnées

Sans autre dignité

Que leur être soumises ?

 

Ont-ils enfin connu

Les joies  de la vertu ?

 

J'ai trouvé en nageant

Dans le creux d'un rocher

… un galion oublié

De leurs très vieilles guerres.

Et là, au fond d'un coquillage

Trente-six perles attachées

Comme le long d'un cordage...

 

Faut-il être très belle

Pour pouvoir leur parler ?

 

Je coiffe mes longs cheveux

Avec des doigts de nacre.

 

Faut-il être si belle

Pour pouvoir leur parler ?

 

Je voudrais voir un homme

 

Discourir avec lui

Sur l'art de l'amour

Et des fruits de l'esprit.

 

Je voudrais voir un homme...

 

Christiane

 

23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 15:20
              
 
comme un chant
douce sirène
enfant phosphore toute habillée d’abysses
ton vol transparent
en tournoiements confus
m’hypnotise et me charme
ton chant d'éventail
m’enveloppe me réchauffe
tes mots
petits cristaux fiévreux
d’âme et de caresses
m’ornent de faisceaux
d’illusions frissonnantes
 
petite nymphe
enfant bleutée toute engourdie de l’onde
ton ballet de dentelles
m’entraîne et me susurre
tes mots
perles d’être
méandres sucrés
se glissent en mon sein
me nourrissent et m’abreuvent
pansent mes fêlures
 
tendre fée
enfant laiteuse toute nimbée de lune
ton étreinte diffuse
me pare jusqu’aux confins
d’un voile de sourires
tes mots
battements de vie
sont des mains qui m’enserrent
me portent hors la nuit
me chuchotent l’infini
comme le chant des sirènes
 
daniel      
 
23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 08:52
 
A Etretat, le jour de l'an
Une sirène vient s'asseoir
Sur les galets au bord de l'eau.
Elle y coiffe sa chevelure.
On dit que celui qui pourra,
Avant qu'elle ait attaché ses cheveux,
Voir son reflet dans un miroir
Pourra passer avec elle sous l'arche
Et l'aimer, dans un autre monde.
 
Nounedeb
22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 22:48

 

Là,

Sous la mer opale
Bat
Le coeur de la vague
Passent et glissent sur le sable
Des êtres insaisissables
Poissons d’argent
Nagent en bancs
Tout doucement
 
Là,
Au fond de l’abysse
Des
Ombres pélagiques
Entre les rouges gorgones
Et les bouquets d’anémones
Posidonies
Et astéries
Dansent sans bruit
 
Le poisson clown
Ondule
Entre les algues
Et l’écume
 
Le
Pâle madrépore
Offre
Sa vivante flore
Aux pagures et aux balistes
Et aux hôtes de sa liste
Holothuries
Et ascidies
Toutes ravies
 
Vois,
Mille tentacules
Bras
Au milieu des bulles
Poulpes méduses élédones
Un monde qui nous étonne
Dans ses remous
Et ses glouglous
Dessus dessous !
 
Le blanc requin
Fend le silence
Et s’élance
Au loin
 
Sous la mer immense
Bat
Le cœur de la danse
Des dauphins et des baleines
Et du doux chant des sirènes
Si troublant
Envoûtant
Et obsédant
 
Que dans la houle
Y a des marins
Qui coulent
Qui coulent.       
 
cloclo

 

 

22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 22:45
 
 
                       Ça y est, j'ai atteint l'âge de percer le mystère de la surface. On ne doit jamais interagir avec les hommes, les anciens disent souvent qu'ils sont trop peureux pour comprendre quoi que ce soit et que cette crainte se transforme en violence. Je trouve ça fort dommage... Je sais qu'en bas, nous rêvons toutes d'une idylle digne du chef d’œuvre de Walt Disney.
J'ai nagé pendant des heures pour atteindre cette petite plage de galets. C'est ici que je vais pouvoir passer officiellement à l'âge adulte. Ma mère m'a longuement expliqué la méthode à suivre : tout d'abord, brosser ses cheveux jusqu'à ce que les grains de sel les fassent scintiller comme le nacre de nos perles. Ensuite, chanter jusqu'à ce que notre voix se perde au fin fond du récif et que les grottes chantent notre écho. Enfin, implorer la grâce de Poséidon.
Ça y est, j'ai tout fait comme il faut. Le soleil semble se rapprocher, la mer vient saluer une dernière fois ma forme originelle et les falaises chantent pour moi. J'en ai gros sur le cœur mais telle est la destinée des sirènes.
Nombreux sont ceux qui croient que nous sommes de féroces créatures, nombreux sont ceux qui tentent de percer notre mystère, mais jamais personne ne le saura. Je pense que l'erreur de compréhension est ce qui vous empêche, vous, humains, de nous trouver. Je crois que grand-mère disait que c'est ceux qui en parlent le plus qui en savent le moins. Elle regardait toujours vos terres en prononçant ça.
Le moment est venu, mes écailles dansent au rythme effréné de l'écume et soudain je change. Ma queue se lisse douloureusement, mes cheveux laissent place à un nouvel aileron et ma tête s'allonge. Ma vue se brouille et l'air devient tout d'un coup un ennemi mortel. De l'eau. Vite.
Je me décarcasse à atteindre le rivage et soudain je glisse, je flotte, je nage, je revis. Ma vitesse de croisière n'a jamais été si joyeuse et je ressens à présent un malin plaisir à jouer avec les bateaux. Le reflet dans une coque me montre différemment. Je connais cet animal, je suis un dauphin.
Pourquoi serait-ils si adorables et accessibles ? Je crois, d'après ma petite expérience, que tout repose dans leur nature humaine. Sous cette forme, nous, femmes sirènes, ne représentons plus aucun danger pour vous. Nous sommes condamnés à vous regarder de loin, ou à vous contempler de près, sans jamais vous toucher comme on aimerait tant.
 
Tilancia  
 
22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 19:28

 

          J’ai froid, froid, froid ! Je grelotte, je tremble, ma peau devient bleue, je m’engourdis.
Il me faut pourtant paraître naturelle, sourire, prendre la pose.
J’ai froid !
A qui me plaindre ? Je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même si j'ai échoué sur des galets et non sur le sable fin d'une plage paradisiaque.
Cette cotte d’écailles m’empêche de me mouvoir, pour un peu il me pousserait des nageoires !
J’ai froid !
Le peigne a du mal à glisser dans ma chevelure dégoulinante d’eau de mer, ma seule parure hormis de fausses perles fines. Du toc, rien que du toc !
Et voilà le vent qui se lève et m’envoie des embruns glacés. Dans peu de temps, je serai submergée par la marée.
Quand ce calvaire cessera-t-il ?
Chanter ? Vous n’y pensez pas ! Si je tente de faire sortir un son de ma gorge mes cordes vocales vont se déchirer, l’angine me guette.
Pourquoi ai-je écouté le chant des sirènes ?
Pourquoi me suis-je laissée embarquer dans ce scénario glauque ?
Promis, juré, de ma vie, je ne mangerai plus de poissons ou de crustacés !
J’ai froid.
La vie de starlette n’est pas de tout confort !

Coupez ? Le metteur en scène a bien dit « coupez » ?
Mon châle ! Qui me donnera mon châle ?

Mony

 

22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 19:23

 

            

…Tant que la bière est à peu près fraîche et qu’il reste du tabac dans sa blague, il est content, le maître timonier Dylan. Il parle à moitié breton du côté de son père et à moitié breton du côté de sa mère aussi. Pour faciliter votre compréhension, je vais vous traduire cette aventure en français en jetant l’encre sur ce papier friture comme un écrivain boucanier…

 

Le maître timonier Dylan a roulé sa bosse plus longtemps qu’une baleine du même nom. Il a commencé mousse sur un chalutier des grands fonds puis il a fait son service comme marin d’état sur un escorteur à Brest. Tour à tour pêcheur terre nova, chasseur de phoques sur la banquise, gardien d’un sanctuaire marin, il a bourlingué des années dans la « marchande » ; on l’a vu encore comme second maître bosco sur un navire de plaisance entre Sumatra et Bangkok. Il avait rasé sa barbe ! Il a mesuré la profondeur des océans sur un bateau océanographe du côté du Pôle Sud ; il s’est baladé sur les ponts du « France » le temps d’une croisière. On dit aussi qu’il a été pirate en mer de Chine, contrebandier en mer d’Oman, trafiquant d’armes en mer Rouge. Il paraît qu’un  jour de grand rhum, il s’est marié avec une vahiné autochtone mais il partage ses vieux rhumatismes avec une bretonne plus moustachue qu’un homme. Maintenant, quand il s’ennuie, il régate en solitaire sur son « Quatre vingt » entre Houat et Belle île.

 

Il a passé plus de temps sur un bateau que sur terre. Alors, quand il entre dans la taverne, il est comme chez lui, au milieu des siens. Le roulis, le tangage, les vagues de marée basse ou celles de l’âme, les voyages sans partance, les errances en odyssée sans bagage, c’est dans la normalité de son existence.

 

Il bourrait sa pipe quand le patron lui a apporté une bière.

 

« Salut, Père Dylan. Dis donc, c’est pas mes oignons mais elle est vraiment minuscule ta pipe !... »

 

« C’est sentimental tout ça !... Je vais t’expliquer… »

 

Comme d’habitude il fait l’attroupement, le grand timonier Dylan... Les jeunes loups viennent « *piter » à ses amorces avec la frénésie affamée de curieux attentifs. Les vieux, presque septiques, sourient en tendant l’oreille mais ils ne savent toujours pas la part de la  réalité et celle de la fiction.

Le Père Dylan (sous aucun ordre) est, pour quelques instants, le chef d’orchestre de tous ces « cacophonistes » des bas fonds. Ils deviennent alors des instruments accordés à ses tarasconnades par les silences, les rires et les exclamations étonnées. Il les met tous à son diapason en parlant plus fort et personne, oh non, personne n’oserait l’interrompre pendant ses explications…

 

« Pendant la guerre, j’étais matelot sur une corvette. J’avais quoi ? Dix-neuf ans, à peine… Notre navire a été coulé par un sous-marin allemand et j’ai été le seul survivant !... »

 

Petit aparté : Pas un pêcheur breton ne sait nager. L’océan est un lieu de travail  et non une aire de vacances pour barboter entre deux marées, entre deux casiers, entre deux filets. Et puis, dans le tumulte désespéré d’un naufrage en mer, savoir nager ne donnerait que le temps de réciter sa dernière prière à un Dieu qui se fout bien, comme de son premier suaire, des pêcheurs atlantiques et de leurs difficultés aquatiques. Fermez le ban… (de poissons)

 

Tous les attablés balafrés buvaient ses paroles comme des femmes bigoudènes, pendant un prêche d’église bretonne, un soir de tempête. On entendait zonzonner les mouches collées dans le plâtra visqueux et clapoter les rideaux « jaunisse » dans l’onde volatile des courants d’air baladeurs.

 

« Hé bien, c’est une sirène qui m’a sauvé la vie… »

 

Jusque là, rien de bien impressionnant. Tout le monde a entendu des sirènes, ici…

Qui n’a jamais écouté leurs chansons ?... Et pas besoin de naviguer bien loin pour les entendre…  Après quelques bières tièdes, des brunes, des rousses ou des blondes, on se rappelle leurs prénoms et leurs caprices préférés, leurs sourires d’écueils, leurs minauderies et tous leurs pouvoirs attractifs...

 

« Je coulais à pic, emporté par les remous !... et c’est une gentille sirène qui m’a récupéré par le bras et hop !... Elle m’a conduit sur une île déserte, aux Bahamas ; elle avait le béguin pour moi !... »

 

Aux Bahamas ?... se disaient les jeunes… Mais c’est où ?...   Aux Bahamas… se disaient les anciens avec quelques chauds souvenirs de rêves fleuris dans leurs escales passées…

 

« Patron ! Donne-moi un coup à boire ! Un coup de vinasse ou autre chose ; j’ai la gorge à sec et je vais manquer de salive pour te raconter la suite ; je vais racler le sable !... »

 

Plus amusé que curieux, le patron a ramené une chope à la table du maître timonier Dylan. La mousse du faux col se ratatinait en dentelle effilochée comme des embruns délaissés sur un imperméable rocher…

 

« Ben tu vois, cette sirène des profondeurs dont je n’ai jamais su le nom m’a même promis, tant elle m’aimait, de réaliser trois vœux… »

 

« Alors ?... »

 

Chacun des clients avait imaginé ses vœux comme s’il était aux Bahamas avec cette gentille sirène au bras…

 

« Alors, je lui ai demandé de terminer la guerre sur cette île, loin de la mort… »

 

« Et après ?... »

 

« Je lui ai demandé qu’elle me fasse vivre dans l’opulence jusqu’à la fin de mes jours et pour le troisième vœu, je lui ai demandé de faire l’Amour avec moi… »

 

Tous les yeux transportés se sont écarquillés pour connaître la suite…

 

« Alors là, je ne peux pas, m’a-t-elle répondu.  Je t’accorde les deux premiers souhaits mais, pour le dernier, ce n’est pas possible puisque le bas de mon corps est celui d’un poisson… »

 

« Et tu vois patron, très bêtement, je lui ai répondu : Une p’tite pipe alors ?... »

 

Pascal.

 

*piter : Provençal. Se dit des poissons qui viennent titiller l’hameçon avec l’envie de mordre par faim curieuse…

Histoire tirée d’une blague qui flotte encore sur le net.

 

22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 17:16
 
 
Sur les galets millénaires
D'un océan, d'une mer
Femme poisson
Femme poison
Se lisse la chevelure acajou
Se pare de bijoux
En attente d'un bateau
Sur les flots
Mission de charme
Avec pour toute arme
Sa nudité de sirène
Son chant qui entraîne
Les mâles sur les fonds
Pour le Dieu Poséidon
Et son appétit inhumain
Pour la chair de marin...
 
Belle mais cruelle
Le faible mortel
Comme un aimant attiré
Par sa beauté
Et ses gammes
Plonge corps et âme
Et ainsi disparaît
A jamais, à jamais
Créature du Dieu Poséidon
La sirène est poison...
 
jill bill
 

  • : Mil et une, atelier d'écriture en ligne
  • : atelier d'écriture en ligne
  • Contact

Recherche

Pour envoyer les textes

Les textes, avec titre et signature, sont à envoyer à notre adresse mail les40voleurs(at)laposte.net
 

Infos