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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 18:04

 

      Le regard s'accroche par delà les pensées au gilet rose ou au bleu de la jupe aimée, au bleu d'un ciel qui échancre la colline.
Elle, son regard se noie de bleu et pèse, loin du cahier délaissé, le passage des martinets, voltigeurs émérites, leur excentrique escalade de l'espace et du temps avant que le froid les entraîne vers la chaleur plus douce.
Partout autour d'elle, l'immense élan de la terre a été raboté : arbres taillés, buissons ordonnés en arcades précieuses, même le chat a cherché son confort sur une natte.
Et elle, que vit-elle? l'abandon de sa main, hors de l'appui du fauteuil, suggère la quiétude, mais le regard est trop ouvert, trop vif pour dire le néant ou la paix.
Bientôt l'ombre investira la place. La femme quittera son chapeau immense. Elle ira chercher, à travers les méandres verts qui jalonnent le jardin, la porte ouverte à la maison heureuse.
Pourtant, si tout cela n'était que le bonheur imaginé, imaginaire, image de l'esprit ?

Roseline.
17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 13:26

 

Miss Marple ?


Vous ici ? What a nice surprise !

Ça fait combien ? Trente ans qu'on ne s'était pas croisés ?

Vous êtes superbe, ma chère. N'est-ce pas là le tricot que vous avait offert Miss Cavendish, la chanteuse dont vous aviez fait la connaissance à l'hôtel Bertram ? Pour vouloir gagner ainsi vos faveurs, elle avait forcément quelque chose à se reprocher, ne serait-ce que cette détestable habitude de commander du cake pour le thé, au lieu de scones, avec la clotted cream.

Elle aimait tellement le rose, Daphne Cavendish, de son vrai nom Mary Wingham, fille naturelle de Lord Vermont. Je reconnais que sur ce coup-là, vous avez été forte.

Pour une Anglaise.

Il n'était pas évident de deviner que c'était le serpent minute caché dans le réticule de Miss Scarlett qui avait tué le Colonel Mustard.


Mais que faites-vous ici, Jane, dans cette pension  de Brighton ?


Moi-même, au cas où vous vous le demanderiez, j'y suis pour travailler avec mon ami Hastings sur mes mémoires, un ouvrage qui fera référence.

Ce brave Hastings me sert de secrétaire parce que, vous le savez peut être, je ne veux pas toucher à ces diaboliques machines à écrire. Mais lui prétend qu'il supplée aux défaillances de ma mémoire, ce qui ne manque pas d'arrogance.

N'est-il pas, comme vous dites ici ?


Je vous imaginais soignant vos roses Queen Victoria dans votre cottage de Ste Mary mead, jouant au rami avec le révérend Bringles et le major Ackroyd, et cancanant à l'infini avec les soeurs Mc Ginty.

Me direz-vous ce qui vous amène à Brighton ? Ah non, ne le dites pas, je vous fiche mon billet que je l'aurai trouvé avant le diner de ce soir.


Toujours aussi peu bavarde, pourquoi me snobez-vous, Miss Marple ? Probablement êtes-vous envieuse de mes nombreux succès ? Mais il n'y a pas de quoi, voyons, vous n'êtes qu'une femme, après tout. Et fussiez-vous née homme, il est peu probable que vous auriez reçu la formidable intelligence de Poirot.

Moi-même, voyez-vous, je suis admiratif devant cette qualité si British qu'on appelle le "quant à soi ". Admirable ! Cela vous réduit une scène de crime atroce à une flaque de sang discrète, presque proprette, et les passions, tellement vulgaires, ne s'exposent pas au grand jour, à supposer qu'elles osent s'exprimer.

Que cela est admirable ! Imaginez qu'  hier, à la télévision de la salle de jeux, j'ai vu gicler de la cervelle sur un papier peint. Shocking, absolutely shocking, ma chère. Il est heureux que ces horreurs nous aient été épargnées.


Avez-vous aimé, ou haï, Jane ?

Vous ne répondez pas. Vous ne me regardez même pas. Que voit donc votre regard vide ?

Comme vous voulez !

Le soir tombe, il va être l'heure de regagner les rayons de la bibliothèque, m'accompagnez-vous ?


Sherlock, au pied !

 

Deux petits nègres s'assirent au soleil.
L'un d'eux fut grillé
et il n'en resta donc plus qu'un.


Un petit nègre se trouva tout seul.

Il alla se pendre

et il n'en resta plus aucun.


Emma


16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 10:33

 

 

         Mamie Rose n'est pas une femme comme les autres. Chez elle pas de plantes vertes seulement un bouquet de fleurs des champs dans un pot en terre. Elle ne s'embarrasse pas de mobilier ni d'objets envahissants tels des bougies romantiques, des parfums lourds et autres bêtises que les femmes aprécient. Mamie Rose n'aime que les promenades dans la nature mais quelque fois elle se prélasse dans son transat, regardant les feuilles tomber tout en fumant ses petits cigares ou écrivant ses pensées dans un petit carnet avant que celles ci s'enfuient . Le soir elle se met à l'ordinateur et tape ses mots sur son vieux dinosaure branlant et toussautant, c''est elle qui fume et l'ordi qui tousse et perd son souffle mais qu'importe, il sert encore . A son âge, elle ne va pas en racheter un autre dont elle ne comprendrait plus rien.

Mamie Rose refuse de ressembler à ces voisins enfermés dans des musées aux objets bien rangés et époussetés chaque jour et où l'ennui et la mort arrivent à grand pas. Sa vie à elle est dehors, elle est toujours par monts et par vaux,regardant, humant les senteurs des alentours, elle rentre chez elle, le soir, fatiguée et heureuse de ses découvertes. Il faut bien dormir de temps en temps et rien de mieux que son lit pour ça . C'est la seule chose qu'elle concède au confort. Mamie Rose adore prendre toute la place, plongeant tous ses membres dans les draps et les couvertures douillettes avec moustique au creux de son épaule lorsqu'il ne miaule ou qu'il ne griffe pas pour manger.

Ce matin mamie Rose ressent un peu de tristesse, elle prend son carnet et écrit «temps limité». c'est fou, elle n'avait jamais pensé auparavant qu'elle puisse partir définitivement , laisser Moustique seul dans la vie. Elle l'imagine cassant un petit pot de lait et boire l'hypothétique dernière goutte et crever dansl'indiférence des voisins. Que va devenir son fidèle compagnon si elle meurt ? A ses tristes pensées, son visage rieur s'obscurcit, ses yeux mutins laissent couler quelques larmes. “Allons,on va trouver une solution, n'y pensons plus, il fait beau, on va sortir Moustique”. Elle attache une laisse au collier et les voilà tous deux cheminant doucement jusqu'à la plage. Elle s'assoit sur une couverture multicolore posée sur le sable, elle réffléchit ou rêve à d'autres cieux. Moustique, près d'elle miaule devant de petits crabes qu'il ne peut attraper sans se faire pincer.


Aimela

16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 08:33

 

 

Elle leva ses prunelles azur 

De sa lecture  

La vieille fille chapeautée 

Perdue dans ses pensées

L'ombre couvrant ses épaules roses

De septuagénaire à la pause

Cinq doigts

Cherchant pour la énième fois

Une présence familière

Très chère

Celle de Martin

Son chien...

Elle relisait « Maux d'absence »

D'un certain Maxence

Fidèle à cet auteur

Qui remplissait ses heures

En toutes saisons

Depuis la pension

A la chambre comme au jardin

Demain ou après demain

Elle achètera son dernier roman

Si seulement, seulement

Elle s'en rappelait du titre

Maudite vieillesse va, fichtre !

 

jill bill


 

14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 08:11

 

Le sourire en pleine lumière d’une hydre à trois têtes happe le regard. Un sourire décomposé et pourtant harmonieux comme le discours persuasif, éloquent d’un expert du barreau. Chaque visage a l’éclat de la justice, la certitude tranquille du bon droit, et le port de la robe accentue la majesté des traits. Ces têtes pensantes et dodelinant crèvent la toile, on les toucherait presque. Elles demeurent indifférentes cependant, centrées en elles-mêmes, conscientes de leur importance, de leur pouvoir. Une sorte d’orgueil de caste, de clan, ou l’adoption d’une stratégie, une attitude de circonstance.

 

Les cravates, les documents portés près du cœur, comme autant de preuves de foi et sincérité, offrent à la scène un air de virginité. Voyez comme la bête se donne et dépense une énergie folle dans la défense du citoyen ! Derrière la porte close, dans son dos, l’étendue de son talent s’exprimera tout à l’heure. Elle rencontrera le public, envoûtera l’auditoire, c’est presque gagné. Un halo doré, éblouissant se répand sur ce corps monstrueusement efficace. Et lorsque les têtes seront toutes trois auréolées de lumière, elles tourneront lentement. Nous ferons face, nous fixeront, un rictus carnassier appliqué à l’endroit sacré de la parole.

 

Mansfield

 

 

 

 

12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 17:49

 

Avant de venir plaider aujourd’hui, J’ai réalisé un micro-trottoir devant le palais de justice en tenue d’avocat. J’ai posé une question, une seule question à une cinquantaine de personnes dans la rue : hommes, femmes, jeunes vieux aussi représentatifs de notre Société que vous Messieurs les jurés.

 

 Quelle était cette question ?

 

 Qu'est ce qui peut être indéfendable ?

 

 Les réponses sont très variées dans le genre.

 

 Parmi les plus courantes :

· les criminels : violeurs et meurtriers d’enfant, auteurs de génocides, terroristes,

· Les pervers harceleurs et les entreprises qui les protègent

 

Parmi les plus idéologiques

· Le capitalisme

· Les politiciens

· La peine de mort

· Le travail des enfants

 

Parmi les plus originales, manière élégante de botter en touche avec un humour

 

· Ma belle mère

· Mon percepteur

· Mon miroir

· Mon patron

 

· Les avocats qui acceptent de défendre les indéfendables (et l’interviewé de rajouter pour faire pardonner cette critique)…. Même s’ils ont du courage à plaider des causes perdues d’avance

 

Et c’est vrai qu’il en faut du courage car, comme le disait Pierre DAC,

« En bonne justice, il est rare qu’une cause perdue soit retrouvée »

 

La réponse que je préfère est humaniste. C’est celle d’un jeune interviewé me répondant avec une belle assurance : « l’indéfendable n’existe pas ». Tout et chacun peut être défendu. Je me suis dit que j’étais face peut être à un futur confrère car pour être avocat, il faut être intimement convaincu qu’il n’y a pas de coupable d’action qui ne peut être défendu et à qui l’on ne peut trouver d’excuse, de circonstances atténuantes comme on dit dans notre jargon judiciaire.

 

Qu’est-ce qu’une une action sinon :

· soit une folle pulsion, impulsion incontrôlable due à la folie,

· soit une intention transformée en acte

 

Ce n’est pas l’intention mais l’acte que nous jugeons et à travers lui la personne qui s’en est rendue coupable.

 

Si nous devions juger l’intention : les tribunaux qui sont déjà pleins déborderaient.

 

En toute sincérité, que ceux qui parmi vous, Monsieur le Président, Monsieur l’avocat général, Messieurs les Jurés n’ont pas eu un jour l’intention même furtive, de voler, de frapper, de nuire à quelqu’un d’haï, voire de se débarrasser de lui lèvent le doigt.

 

Aucun doigt levé : Merci de votre honnêteté. Pourtant aucun de vous n’est passé à l’acte. Pourquoi ?

 

Tout simplement en raison des valeurs qu’on vous a inculquées, de la raison qui à cet instant vous habitait et vous habite encore, qui vous habitera certainement encore demain mais pouvez-vous en être si certains ?

 

Non n’est-ce-pas …. l’impulsion folle peut guetter chacun d’entre nous.

 

Attention c’est en tenant compte de ces mêmes valeurs de ce que vous considérez comme bien que vous allez juger ce que vous qualifiez d’indéfendable donnant raison à Aristote qui écrivait « ce n’est pas le mal mais le bien qui engendre la culpabilité »

 

L’indéfendable que je défends aujourd’hui est coupable à vos yeux, vous attendez peut être ses excuses pour atténuer la peine que vous allez prononcer, il n’en fera vraisemblablement pas car l’indéfendable se sent rarement coupable au nom de ses propres valeurs ou de la perte de la raison. Seuls ceux qui se sentent coupables peuvent s’excuser

 

« La justice est la forme endimanchée de la vengeance » cette même vengeance qui a conduit mon client à commettre l’irréparable.

 Honoré Daumier 

Le blog d'Eglantine

11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 14:02

 

L'avocat à la fine aigrette: "Avant on les appelait des coupables-un-point-c'est-tout et on les coupait sans chichis, tout simplement"

L'avocat mayennais: "Fichtre"

L'autre: "Oui, avec une guillotine... c'était la belle époque où y'avait pas la présentation d'innocence et tous ces trucs qu'empêchent de les couper"

"T'as raison, y z'ont que ce mot à la bouche: l'innocence, même les ripoux, même les VIP"

"Ouais, et tant qu'on a pas établi leur culpabilité, on les dorlote et y en a même qu'on met en examen, qu'on soigne à La Santé! Y en a aussi qui font appel aux greffes!!"

"Aux greffes! Diantre! Et qui est-ce qui paie tout ça? La Sécu?"

"C'est tous les autres, les innocents aux mains pleines comme on dit, enfin tant que ça durera..."

 

Reprise des débats dans dix minutes, Maîtres

 

"Et tous ceux qui font appel pour gagner du temps"

"Bigre! Y en a qui font appel? Et y z'appellent qui?"

"T'as forcément appris ça... y z'appellent des gens pour qu'y soient prévenus"

"Mais c'est pourtant eux les prévenus"

"Ouais et puisqu'ils sont tous prévenus, on peut délibérer"

"D'accord. Et délibérer ça veut donc dire qu'on les met derrière les barreaux"

"Pas forcément, si on les a pris en flagrant du lit, oui! Sinon on les met en demeure"

"Passe qu'y a une différence entre la demeure et les barreaux?"

"Ca je connais pas la nuance, mais c'est sûr qu'on les coupe pas!"

"Et le jugement par des faux, tu trouves ça normal?"

"Ben, le jugement par défaut c'est pas ma spécialité, alors je peux pas juger"

"Tu peux pas juger? T'es un marrant toi"

"Ouais je sais, on m'appelle le marrant depuis qu'on a supprimé la guillotine en 77. C'est marrant, non?"

"C'était le bon temps, hein? Quand on sauvait sa tête, ça avait un vrai sens, alors qu'aujourd'hui..."

"Pas pour tout le monde mais Badinter a fini par mettre les pieds dans le plat..."

"Bon sang de bois! Je croyais qu'il était seulement chargé de garder les seaux"

"Dis. T'es très occupé dans les six prochains mois?"

"Euh non... le train-train habituel, bien assis au dernier rang en cour d'assises et puis les vacances et pas mal de RTT en retard..."

"Alors tu devrais réviser ton code"

"Mais je l'ai déjà!"

 

(Soupirs d'avocats)

 

Vegas sur sarthe

 

 

9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 13:56

 

« - Qu’est-ce que vous croyez ! Cet être à tuer tout de même ! » accuse Maître Pierre comme toujours emporté.

 

« - C’est l’ivresse, la véritable coupable, elle aurait pu tout aussi bien le pendre au cas où il serait resté sous sa mansarde ! » rétorque Maître Paul, surnommé l’indulgent.

 

« - J’affirme qu’il faut revenir sur les circonstances de ce drame et ne jamais oublier la victime qui avait elle aussi, un nom, une adresse et surtout, oui surtout, une famille… » renchérit Maître Jacques.

 

Ils n’étaient pas à ce procès pour confronter leurs idées, leur langage, ni même leur brio mais sur cet énième dossier qu’hélas le quotidien délivre, ils ne seraient pas d’accord.

 

Suzâme

 

 

7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 16:34

Amour, Sagesse et Paix
dans un couloir discutaient,
en partageant leurs visions
ils prirent la décision
qu'ensemble ils s'harmoniseraient
ensuite se rebaptiseraient.
Maintenant réunifiés
ils se nomment Sérénité.

Hélène
6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 13:50

 

A en croire le bâtonnier qui avait dû être clerc autrefois avant de sombrer dans l'alcool, le plus compliqué n'avait pas été tant de confectionner une robe seyante à ses trois avocats siamois que de leur faire accorder leurs violons lors des plaidoiries.

Quand l'un était sévère et intraitable, l'autre était magnanime et le dernier indécis ce qui entraînait des débats houleux, des discussions stériles et d'interminables ajournements.

Il fallait les voir essayer d'arpenter le prétoire et à leur piétinement chaotique - qui aurait pu être à l'origine de l'expression "les pas perdus" - le bâtonnier répliquait qu'ils avaient dû faire quatre ans de droit et tout le reste de travers!

Il avait bien tenté de les faire séparer mais l'opération semblait délicate et depuis quand sépare-t-on des oiseaux de proie, des vautours habitués à chasser de conserve et à fondre sur leur proie, qui par devant qui par derrière qui par... le dernier des trois était toujours aussi indécis.

Tel prévenu risquait tout à la fois la relaxe et perpette sans que le troisième ne puisse trancher et on essaya de fermer le clapet tour à tour aux deux autres sans succès.

Avec ces trois là qui n'en faisaient qu'un sans l'être pour autant, le fataliste qui croyait au pile ou face risquait bien de finir sur la tranche.

A trois heures sonnantes, les pieds nickelés de la Justice frappaient les trois coups pour une instruction à durée indéterminée...

Si jamais vous avez un jour affaire à Athos, Porthos et Aramis... ne faites ni une ni deux, rendez-vous tout droit en prison : vous gagnerez du temps

 

Vegas sur sarthe

 

 

 

 

5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 10:51

 

« L'avocat c'est quelqu'un qu'il faut voir avant pour éviter les ennuis après ! »

C’est ce que disait la pub émanant du barreau et, entrepreneur novice, j’avais suivi ce conseil judicieux.

 

Maître Robillard, jeune avocat spécialisé dans les affaires commerciales et internationales, m’avait reçu pour un premier rendez-vous. Son air ouvert et jovial avait confirmé mon choix : j’avais face à moi l’homme qui allait me permettre de louvoyer sans anicroches dans le monde des loups et des hyènes.

Peu à peu mon entreprise prospérait et le marché mondial s’ouvrait à mes ambitions.

Hong-Kong, Tokyo, New-York, Dubaï, Sydney… voyager devenait indispensable pour élargir mon panel de clients potentiels.

 

J’avoue que je prenais goût à cette vie. Souvent entre deux avions, deux rendez-vous ; toujours à la recherche de l’idée originale, du must des mois à venir, je pouvais compter sur la compétence de mon épouse Anne pour la gestion journalière de l’entreprise et sur Eric, maître Robillard, pour démêler les arcanes des lois internationales et établir des contrats avantageux.

 

Tout fonctionnait pour le mieux et ensemble nous prospérions. L’entreprise était une référence sur le marché au même titre que le cabinet de Maître Robillard qui s’était étoffé de quelques pointures du barreau. Mes costumes désormais de bon drap étaient bien coupés et la toge d’Eric n’était plus d’un noir douteux mâtiné de roux comme sa chevelure flamboyante qui le distinguait dans une assemblée. Et pourtant…

 

Et pourtant, je n’ai rien vu venir ! Rien, si ce n’est un adorable poupon copie conforme de mon avocat.

Je dois à présent régler un divorce à l’amiable en essayant de préserver au mieux ma société.

 

De cette mésaventure je retiens une leçon : malgré ce que dit la publicité, les loups se transforment parfois en pigeon !

 

Il me reste à trouver un bon avocat !

 

Mony

 

 

4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 15:38

 

Un bâtiment imposant

À l’intérieur, des gens en toge

C’est voulu impressionnant

Pour le citoyen honnête ou celui qui déroge

 

Il faut avoir la parole facile

Pour défendre les opprimés

Connaître les lois civiles

Et avoir un jugement assuré

 

Du plus loin que l’on se souvienne

Cette profession a existé

Dans les écritures anciennes

Le jugement de Salomon est cité

 

Aujourd’hui, je suis fière

Parce que mon deuxième fils

Avec son allure altière

Est un disciple de Thémis

 

Solange

 

4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 10:53

 

L'idéal si l'on dispose de quelques jours, c'est de les acheter durs. En général ils sont tous vendus comme ça et ceux qui sont mous sont gâtés. Achètez les plutôt noirs que verts car verts c'est qu'ils ne sont pas mûrs et noirs qu'ils ne sont pas à point mais mûrs. En plus ça peut être trompeur car à force d'être tripotés ceux qui paraissent "mous" résultent de pressions répétées et ils sont oxydés à l'intérieur. Je ne voudrais pas dire mais ces avocats sur la toile sont plus que murs , un conseil ? Mangez les au plus vite

 

Le mieux c'est de les faire mûrir chez soi ; pour cela, vous les stockez dans un endroit frais et sec (dans un petit saladier) enveloppés dans du papier journal. Au bout de deux jours ils seront à point. Ne pas oublier pas de vérifier qu'ils sont tendres et pas mous.

Mous, c'est sur que ceux de la toile le sont, il suffit de regarder leur allure relachée … Ils rient de leur forfaiture.

 

Je ne voudrais pas dire mais ces avocats sont plus que murs et mous, un conseil ? Manger les au plus vite...

 

La premère condition pour que ce long parcours du combattant se déroule au mieux, c'est que s'instaure une relation de pleine confiance entre vous et votre avocat. Vous devez vous sentir à l'aise avec lui/elle, vous rendre à ses rendez-vous sans hésitation ni crainte, être convaincu que rien ne vous est dissimulé, que tout se passe dans la plus grande clarté. Bref, votre avocat doit être une personne avec laquelle vous vous sentez pleinement à l'aise.

 

Ce n'est qu'après une ou plusieurs rencontres préalables que vous pourrez décider de solliciter tel ou tel avocat. Et, bien sûr, il faut toujours aller en voir au moins deux avant de s'engager dans une procédure judiciaire. Pour pouvoir ensuite faire un véritable choix.

 

Soyez bien conscient d'une chose essentielle : qui que vous soyez, quel que soit l'avocat que vous choisirez, et quelque soit le montant de ses honoraires et de sa réputation, si votre dossier est bon vous gagnerez votre procès, et si votre dossier est mauvais vous le perdrez. Le ténor du barreau vous fera peut-être croire qu'avec lui tous les espoirs sont permis. Mais aucun avocat ne pourra jamais transformer une citrouille en carrosse. Cela ne se produit que dans les contes de fée, pas dans les palais de justice.

 

Sinon pour faire mûrir plus vite un fruit ou un légume on peut mettre le légume ou le fruit dans le bac prévu à cet effet dans son frigo et mettre une pomme "ridée" avec ... ça libère une sorte de gaz qui accélère la maturité des fruits et légumes !

 

Comme vous le voyez, Daumier a très bien saisi la chose.

 

Voilà ils sont à point !!

 

Aimela

 

 

 

2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 06:23

 

- C'est si drôle leur vie!! il s'imaginait perdu, il n'est qu'enfermé !!

ces êtres ne méritent aucune réflexion, leur façon de vivre dépend de

leur humeur et du moment qui passe....

D'ailleurs, si vous voulez m'en croire, il faudrait vraiment changer

notre façon de penser : ne plus dire qu'ils sont malheureux, mais que

"le ciel était variable ce jour-là"; non plus ils ont du mal à s'en

sortir, mais "le restaurant leur était interdit le jour où ils ont

commis leur crime"...

 

Vous riez, mes amis? mais songez un peu à ce qui se passerait si on ne

tenait plus compte de ces pleurnicheries continuelles et si l'on tentait

d'imposer la vérité au monde... Vous riez toujours? mais regardez donc

derrière nous, les deux collègues qui parlent sont si émus qu'il sort de

leur corps le spectre de leur plaignant.... regardez donc, je vous prie

et laissez-moi rire car nul mieux que ces deux-là pensent au procès.

 

Nous, au moins nous en pleurons de rire... Adieu, amis

 

Roseline

 

1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 14:02

 

- Alors, ces vacances, bien passées ?

 

- Oui, autant que faire se peut, malgré le temps, terriblement pénalisant…

 

- Vous étiez partis en famille ?

 

- Oui, avec ma légitime et mes ayants-droits…

 

- Vous logiez à l’hôtel ?

 

- Non, dans un bien indivis acquis par la communauté il y a quelques décennies

 

- En nue-propriété ? O, excellentissime, et toi ?

 

- In globo, ça s’est bien passé, sauf que je me suis fait ravir ma valise à Marseille !

 

- J’espère qu’on rattrapera les coupables…

 

- Et qu’ils seront condamnés à des peines incompressibles

 

- Oh ! Tu sais, la justice, de nos jours, n’est plus ce qu’elle était…

 

- Tu prêches un converti. Comme dit le dicton : cordonnier qui va pieds-nus…

 

- … vaut avocat mal défendu…

 

- De lege ferenda

 

- Tagada, tagada…

 

- Ne plaisantons pas sur des sujets aussi sérieux, cher confrère

 

- In casu, espérons qu’au vu et à l’entendu de ces présomptions irréfragables, les auteurs du délit seront vite épinglés et jetés derrière les barreaux…

 

- Et que le barreau de Paris fera son travail et fera valoir ce que de droit…

 

- Tout à fait, cher confrère, dura lex, sed lex, serrons-nous les coudes et unissons-nous présentement contre la délinquance si préjudiciable à notre ci-devante quiétude. Et luttons ensemble pour les non-mises à néant et les annulations trop fréquentes des cours de cassation… A quoi servons-nous s’il faut que nos décisions soient constamment remises en cause ?

 

- Je suis bien de votre avis, mon cher…Il n’y a pas de petit délit, je suis pour l’application des lois ad litteram…

 

 - A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto « Prends garde au bœuf par devant, à l'âne par derrière, à l'imbécile par tous les côtés. »

 

- Et gardons-nous d’acquérir des bien ex dolo malo. Vos voleurs n’emporteront pas votre malle au paradis !

 

- Ni en prison d’ailleurs, n’empêche que se baigner sans slip de bains et se présenter à table sans cravate devant un panel de notables, ce n’est pas très raffiné pour un homme de loi ! Même en vacances !

 

- Ex ongue leonem, on reconnaît le lion à sa griffe …et l’avocat à son slip de bains…hi hi hi

 

- Cessez de galéjer, cher confrère, j’aurais voulu vous voir à ma place !

 

- Oh, mais je n’y tiens pas du tout, moi, je ne me baigne jamais, je vais en vacances à la montagne, ça évite les incidents de ce genre…

 

- Veritas fecit legem, un jour, toute la lumière sera faite sur cette affaire

 

- J’y compte bien, allez, le prétoire nous attend, quo fata ferunt…

 

- Ave, et bon courage pour la reprise, espérons un rapide de in rem verso [A part ] Mais que deviendrait cette noble profession, sans ces faucheurs de valises, je vous le demande…

 

 Cloclo

1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 11:33

 

Et le bal commence

Dans la grande salle des pas perdus  

Dans ce théâtre au haut plafond

Où brille l’éloquence des mots

Devant la statue de Berryer

Les avocats et bâtonniers

Dans leurs robes noires de dignitaires

Au rabat blanc et beau drapé

Conversent sur l’art de parler,

Manches pendantes et bras levés

 

Mais le temps s’écoule lentement

Dans la grande salle des pas perdus

Pour cette mère qui attend

Le verdict d’un jugement

Assise prostrée, seule sur son banc

Devant la statue de Berryer

Elle scrute le regard de ces femmes

Assises toutes deux, à ces côtés

Et ne perçoit de l’œuvre

Que la froideur des pierres

 

Chloé

 

1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 06:30

 

Mon fils, mon p'tit

 

Mon grand... Mon gentil

 

Dix-huit ans

 

Adieu le collège et ses bancs

 

Te choisir une Université

 

Pour te diplômer...

 

Si loin de la maisonnette

 

Louer un kot quelle quête !

 

L'été pour se faire

 

Et rame la galère

 

De visites

 

En visites

 

De chambre en déception

 

Journal et crayon

 

Ce qu'on a vu vite biffer

 

Taudis et autres joyeusetés

 

Au prix fort... Crapuleux

 

Un business juteux

 

Puis sous les combles dénicher

 

Le six mètres carré

 

Potable et ses lieux communs

 

Cuisine, W-C, salle de bains

 

Te savoir là pour X temps

 

Sans papa maman

 

La fratrie

 

A l'autre bout du pays

 

Départ

 

Les dimanches soir

 

Retour les vendredis vingt heures

 

Et avoir le coeur

 

A la pluie bien un peu

 

Et les yeux

 

Qui se brouillent

 

Le mouchoir mouillent

 

De quai

 

En quai

 

De valise

 

En valise...

 

Tu seras un Monsieur mon fils

 

Un avocat pas un vendeur de saucisses

 

Comme ton père... Ca fait plus son beurre

 

Au patelin qui se meurt...

 

 

 

jill bill

 

31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 19:15

 

Mon fils premier né,

Merveille dans un monde

trop vaste pour moi,

viens !

Ne reste pas dans ce berceau,

mon lit est un nuage bien plus doux

où je pourrai m’abreuver à la lumière de ton visage.

Mon corps affaibli par l’hémorragie trouve la force

de te porter là où tu seras tout proche de ma voix.

Tu ne dors pas ?

Tes yeux sont grand ouverts. Ecoute.

Ma chair ne t’enveloppe plus

mais je peux te voir mon amour.

Auprès de toi ma conscience veille,

je ne dormirai pas en cette nuit unique.

Sans doute ne te le dirai-je pas souvent,

il se pourrait même que tu l’oublies :

Tu es la plus belle chose qui soit venue dans ma vie.

 

Le coton maintenant nous recouvre

Peut-être est-il rude sur ta peau ?

Mais la vie, mon enfant, imprime sa marque sur la matière,

on ne peut que suivre son mouvement qui a ses raisons,

savourer le bon et laisser glisser ce qui nous contrarie

en retenant ses leçons si nos émotions le permettent.

Ce monde est tout ce que mon corps de femme peut t’offrir.

Il est à prendre comme il est, il sera différent par ton sillage.

Oh oui, il y a un avant toi et un après, ainsi le perçoit une mère.

Tu es le visage divin dans toute sa vulnérabilité.

Je te baptise en mon cœur, mon fils :

au nom de l’Amour

au nom de la Vie

au nom de l’Esprit de l’Air, de l’Eau et de la Terre.

Je te présente en cette nuit à la vie sur Terre.

Puisse cette pureté des premiers instants

traverser des décennies.

Puisses-tu faire œuvre utile.

Tant de possibilités s’offrent à toi que mon esprit ne peut imaginer

En toi le secret de ton avenir et la liberté de le réaliser.

 

Je te l’ai dit, le monde est vaste, mon enfant.

T’accueillir me comble de joie.

Ton père demain nous rejoindra, tu as déjà senti sa présence.

Notre confiance est sans limite et notre amour éternel.

Un jour, tu trouveras ton Amérique et cela aussi nous réjouira.

 

Carmen

 

 

 

 

31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 18:53

 

Filémon, souviens-t-en naguère,

Devant un certain nouveau-né,

A murmuré à sa bergère

- Je veux avec toi pouponner.

Elle a pris son plus beau sourire

Pour éclairer son doux visage

Et lui dit - c'est avec plaisir

Qu'une naissance j'envisage.

D'ici quelques brèves semaines,

Tu verras bien dessous mon sein

S'arrondir enfin ma bedaine ;

C'est maintenant plus qu'un dessein.

Inutile de les espérer

Ni dans les choux ni dans les roses :

Dans mon giron elle est nichée,

D'ici neuf mois sera éclose.

- Elle ? le brave berger murmura !

- Certes, je n'en sais rien encore ...

Bénie des dieux, Théodora,

Sinon Il sera Théodore.

 

Jeanne

 

30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 18:06

 

Il était une fois , dans un pays où il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, ni très jour, ni très nuit,  un enfant blotti dans le grand lit de sa maman .

Il dormait paisiblement comme le font tous les nourrissons après la tétée et de ses narines sortait un souffle doux, tiède et régulier ...

Il ne savait pas que sa naissance était entourée d'un grand mystère et laissait son coeur, son corps, ses lèvres, ses rêves errer sous les yeux attendris de sa mère, laquelle songeait en silence à ce qu'allait advenir son chérubin .

 

Il faut vous dire que la vie n'était pas facile dans cette contrée.

Tous les habitants avaient peur d'une personne qu'ils n'avaient jamais vue mais qui envahissait leur sommeil et les terrifiait.

Le grand château qui dominait la colline n'était guère visité ...

 

Garance ne se souvenait pas comment elle était arrivée là, dans cette chambre close.

Elle ne protestait pas, ne pleurait pas pour ne pas effaroucher son enfant et acceptait les plats que venait lui porter une servante sur un grand plateau d'argent. 

Elle avait bien essayé d'interroger la jeune femme, en vain. Celle ci restait muette et ses yeux ne laissaient paraître ni crainte, ni peur. 

Le silence s'entrecoupait de quelques pleurs lorsque l'enfant avait faim.


Les pierres des murs renfermaient des secrets lourds et pesants.

Les poutres des plafonds cachaient des araignées observatrices et discrètes qui tissaient constamment des fils invisibles. Garance les sentait ; ce n'était ni chatouille ni gène mais une présence incontrôlée et fugace qui l'enveloppait.

Les portes des salles étaient fermées à clé, les serrures étaient larges et solides.

Les fenêtres étaient étroites et ne s"ouvraient pas ; pourtant un air frais arrivait régulièrement sur la couche.

Allongée dans son lit moelleux et apparemment douillet, la mère du bébé ne perdait pourtant pas espoir.

Elle savait qu'un jour elle réussirait à s'enfuir de là.  

Elle réfléchissait en admirant l'enfant.

 

Le temps semblait jouer à cache cache derrière les persiennes ; la clarté ou l'obscurité ne l'atteignaient plus ; elle vivait un présent qui n'était en apparence ni inquiétant ni rassurant.

Un très long ralenti silencieux ...

C'est en admirant sans cesse l'enfant qu'elle arriva pourtant un matin, à échafauder quelques plans de délivrance...

 

à suivre ...

 

Annick SB

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