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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 12:27

        Je traîne, quelques fois, dans les rues folles de cette capitale. Je suis très curieux et je fouine comme un animal.

je t 'apprends , tu me domptes, nous nous apprivoisons sans mal. J'aime tes réverbères à la lueur de la lune et j'adore tes silences soleil de grande solitude. Tes lumières d'enseignes éclairent la nuit les visages cachées des errantes. Ces filles tentent de rapporter quelques passes impaires de moments forcés. Leurs clients sous impers, envahissent ces étages partagés pour quelques euros soulagés. Tes eaux ne sont plus saines , elles fragilisent tes naviguantes bon marché pour les ruinées.
...
Des accordéons résonnent dans tes impasses sous les doigts des jongleurs de notes. Ces magiciens tricotent des histoires à l'envers à l'endroit antidotes . Au détour des quartiers, des odeurs de cuisine aux senteurs sahariennes remplissent ma hotte. J'emporte de magnifiques bouquets aux saveurs colorées dans mes narines contaminées. Je les transporte jusqu'à ma tête dans une belle traînée étoilée. Depuis, ici et là, je stoppe , comme un épagneul Breton au fumet d 'un gibier.

J'aime te regarder lorsque tes autos klaxonnent et réagissent au moindre embouteillage. Tes arbres en hiver éclaircissent des branches et débauchent leurs feuillages. Ces feuilles tombent par centaines sur les trottoirs, c'est un carnage. Par des températures extrêmes de négativités, on retrouve alors dans tes entrailles métropolitaines tes sans habitation. Ces mal menés déversent leurs malheurs au milieu des fourmis en pleine agitation. Je reste impassible à cette pauvreté familière pourtant elle est à la porte de mon habitation.

Tes porteurs d'appareils photos étrangers se prosternent devant toi. Ils t'aiment, ils sont tes esclaves d'un jour minois. Paris, je te découvre lumineuse et juteuse de passion.

Langevert
12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 09:13

 

je t’ai vu la première fois, juste une ombre penchée au parapet,
tu jetais dans l’onde scintillante une sorte de paquet,

au jour fatigué chez les bouquinistes quelqu’un m’a bousculé,
et puis sur la butte un après midi de soleil,
c’était toi certainement à observer mon visage naître du chevalet,
on entre au vaisseau de roche et ses bougies qui tremblent,
plus tard la table en pénombre habillée de clapots,
oubliées les sirènes celles qui hurlent,
sur ces dalles au cœur de l’arche, nos mains confondues,
et devant ce parvis tant de promesses et d’espoir,
tous ces fleuves porteurs d’âmes,
je t’ai vu hors de l’embarcation, au miroir qui frissonne,
ta poupée de chiffon aux remparts de tes bras,
comme des baisers humides,
nos visages ondulant vers nos lèvres craquelées,
le bateau tout éteint fait semblant de s’échouer,
maudits soient ces pieds d’acier et ton cri résonnant,
ces chambres froissées, l’écho de nos tourments,
cette ville dévoreuse aux mille séductions

nous porte de la crue aux confins de l’étiage


Daniel

11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 19:12


    S'il avait pu choisir entre bossu, borgne, boiteux ou sourd, Grossomodo aurait certainement choisi le dernier handicap, tant le vacarme des vedettes du Pont Huit (Henri IV ne fit le Pont Neuf qu'en 1607) était devenu assourdissant sur les rives de l'île.
Or la nature, dans ce qu'elle a de plus implacable, lui avait tout donné sans faire de détails, d'où son nom Grossomodo.
Ayant touché sa bosse par inadvertance, la chance lui sourit - la seule chose qui lui ait jamais souri depuis sa naissance - et il toucha le gros lot en la personne du prêtre du même nom: Claude Grollo dit le Glaude qui lui signa un CDI de sonneur de cloches à Notre-Dame (le poste de sonneur de dames à Notre-Cloche étant un emploi réservé).
Le Glaude - dont la ressemblance avec Anthony Quinn est saisissante - vétu de noir comme tout archidiacre qui se respecte allait donner naissance au style gothique bien connu; Grossomodo n'allait donner naissance à personne malgré tous ses efforts pour séduire deux rom: Esme et Ralda dont on sait - après autopsies - qu'elles avaient la langue bien pendue.
Après des années à ne faire que des sonneries, Grossomodo allait périr sous la plume d'un certain Victor, Hugo de son prénom ou l'inverse, fierté de Besançon avec la griotte bisontine et dont la dramaturgie maladive consistait à faire mourir les gens avant l'âge légal de la retraite et avant la fin de l'oeuvre.
Aujourd'hui nous reste cette superbe illustration où l'on imagine Grossomodo sonnant les trente cinq heures sur son lieu de travail ainsi qu'une vedette du Pont Neuf à trois coques dite "très marrant"...

 

Vegas sur sarthe

10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 18:53

 

 

 

La soirée est douce et la belle ville enfile lentement sa tenue de nuit. Mais pour moi la vie est folle au point de ne plus discerner les méandres où se perdent mes jours et mes nuits. Aussi mon désarroi est-il grand quand je découvre un inconnu au creux de mon lit. Quand s’est-il immiscé au cœur de ma couche ? Ai-je à ce point manqué de vigilance pour perdre ainsi toute intimité? Ou alors ai-je harponné cet homme dans un excès de séduction dont je m’avoue capable ? Malheureusement, je n’en ai pas le moindre souvenir. Bientôt, il dort à mes côtés, tranquille, et je ne sais rien de lui.

Hélas, cet amant de passage est bien trop sage face à mon tempérament fougueux. Bien trop sage ! Aussi je prends l’initiative et je l’entraîne dans mes délires espérant le libérer de ses entraves. Nos corps se mélangent, s’unissent. Nous valsons, nous tanguons, nous délirons. La nuit se transforme en une série de cascades de plaisir et il me suit obéissant, docile. Il m’a voulue et, généreuse, je lui offre le plus profond de moi-même, le plus secret.

 

Mais lui en retour pourquoi ne se livre-t-il pas ? Pourquoi reste-il cantonné dans son rôle de pantin ? Alors que je bouillonne encore d’ardeur il se fait lourd, de plus en plus lourd et ses traits altérés avouent une certaine fatigue de la vie. Il dort.

 

Il dort ! A mon tour, recrue de fatigue, je me lasse de tout tumulte.

Il flotte ; je m’assagis.

Après avoir dépassé doucement un ultime pont, je débarque mon éphémère soupirant dans la ruelle gauche de mon lit. Déjà l’aurore se profile à l’horizon et je perçois au loin l’appel de mon seul et véritable amour. A l’entendre, je reprends goût à la vie et ne suis plus qu’un cri : « Grand Large me voici ! »


 

Mony

10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 16:45

 

           Quelle déception, quelle déception !

Tu croyais bien connaitre Paris, petite Naiko… Tu avais vu "Amélie Poulain", et "Marie Antoinette", ainsi que la vidéo du mariage en blanc de ta cousine Sakakibana à l’église adventiste de Neuilly…

Et rien n’est comme ça, rien !


La ville est sale et désordonnée, les Français impolis, vulgaires, bruyants, agressifs ou entreprenants. Ils crient, ils rient. Tout ce qu’ils pensent se lit sur leur visage, c’est d’une indécence insoutenable.

À peine étiez-vous descendus du car, hier, que madame Watanabe, l’honorable guide, s’est fait dépouiller de son sac. Ce midi, il n’y avait pas de papier dans les toilettes du restaurant.! Et personne du groupe n’a osé évoquer cet inconvénient trivial auprès du personnel, par ailleurs affairé et indifférent.

Ce matin, pas de gentilshommes emperruqués dans la galerie des glaces, visitée en 7 minutes, mais une exposition de Takashi Murakami qui n’a pas manqué de te troubler.

Pendant les 24 minutes de la visite de Notre Dame, tout à l'heure, tu n’as pas compris les piliers de la terre, tu n’as pas senti la puissance des monstres griffus, fourchus, grimaçants, ni vu le Paradis peint, où sont harpes et luths, et l' enfer où damnés sont boullus[1] Tu n’as pas aperçu le bossu sonnant le grand bourdon, ni deviné les ombres des jongleurs et cracheurs de feu mêlées aux jeunes gens du flash mob tonitruant sur le parvis.

Tu as bien essayé de t’imaginer en blanche mariée remontant la nef, sans même savoir que tu posais tes petits pieds sur les traces de ceux de l’impératrice Joséphine, mais c’était si grand, si gris !!!


Heureusement que le périple s’achève demain, après le tour des boutiques de luxe, bientôt tu pourras te régénérer dans la contemplation des cerisiers en fleurs, et retrouver la perfection de l'impassibilité[2].

Tu étais à deux doigts, petite Naiko, de rejoindre ceux de tes compatriotes secourus à Sainte Anne pour cause de délire du voyageur, ce désastre des sens et du mental qui saisit Stendhal à Florence,   ou qui, çà et là, conduit nombre d'occidentaux  à jeter leur Rolex de contrefaçon par-dessus les moulins, pour aller battre la campagne, qui en toge, qui  nu et chevelu, selon qu'il se prend pour Jésus ou Bouddha...

La mascarade cesse en général dès le rapatriement  sanitaire, quand les victimes du poids cumulé de l'histoire et de la culture exotique retrouvent avec bonheur la familiarité rassurante des bousculades de leur propre métro[3], comme le tien, Naiko, avec ses employés gantés de blanc...

 

 

 



[1] François Villon, "ballade pour prier Notre Dame".


[2]si tu ris, tu ne seras pas distinguée, si ton visage exprime un sentiment, tu es vulgaire, si tu mentionnes l'existence d'un poil sur ton corps, tu es immonde,  si un garçon t'embrasse sur la joue en public, tu es une putain, si tu manges avec plaisir, tu es une truie, si tu éprouves du plaisir à dormir, tu es une vache... Amélie Nothomb, "stupeur et tremblements".


[3] La première fois que j’ai pris le métro, des messieurs et des dames dansaient l’habituelle pantomime du pingouin qui salue. Les wagons s’ouvrent et les pingouins deviennent chats sauvages. Et je te pousse, et je te cogne, et je te bouscule jusqu’à ce que toutes les places assises soient occupées. J’ai vu une femme, si vieille qu’elle ne tenait que par ses os et ses tremblements, littéralement catapultée par un gaillard de vingt ans qui s’est vautré sur les sièges, sans la moindre honte, et sans que personne lui dise quoi que ce soit

 Anne-France Dautheville "Et j'ai suivi le vent".

 

7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 17:01

 

Beauté de Paris

Reste notre joie d’y vivre

Foi entretenue

Sur les flots vogue l’espoir

Pour merveilleuse Cité


Violette Dame mauve

6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 08:15


Paris plonge dans le rêve,
Les flots ne mouillent pas,
Paris brille sans petits pas.

La photo coule comme une toile huilée qui n'a pas fini de sécher,
Et qui attend le lendemain pour être égarée dans un coin de grenier,
Tout chuchote et l'eau ne reçoit que le reflet des toits,
La lumière sacrée éblouit et appelle le calme qui partout s'abat .

Il fait nuit mon amour et nous nous promenons,
Sans dériver, sans déraison,
Juste pour le plaisir de la magie immuable du lieu.

Que Paris est beau quand les flots ressemblent à des cieux...

Annick SB

5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 17:12
Paris boulevard
Paris trottoir

 
Paris pièton
Paris selon

 
Paris cabaret
Paris musée

 
Paris Eiffel
Paris la Seine

 
Paris quartier
Paris ciné

 
Paris Doisneau
 Paris moineaux

 
Paris Prévert
Paris d'hier

 
Paris misère
Paris métro

 
Paris d'hiver
et d'aujourd'hui

 
Paris village
Et sous les Tuileries

 
Paris passage
Paris bagage

 
Paris s'égare
Sous le pont des Arts

 
Paris Chat noir
Paris le soir

 
Pari tenu
Paris avenue

 
Paris la nuit
Paris la pluie

 
Il fait mi-nuit
comme du velours
bleu

un bruit d'eau glisse
l'azur se penche au jazz

 
Agnès
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 19:10

- Dis mamie, les bateaux mouches qui vont sur la Seine ont-ils des jambes ?
- Bien sûr que non et tu le sais mais pourquoi me demandes tu ça ?
- C'est que je ne sais pas nager et puisqu'il en est ainsi, je ne monterai pas dessus
- Tu n'as pas besoin de savoir nager, il te suffit de t'accrocher au bastingage et de regarder la vue, regarde comme c'est beau.
- Tout est bleu, même la grande maison au fond avec sa grande tour.
- Ce n'est pas une maison mais une cathédrale
- Ah ! dit l'enfant étonnée.
Après quelque moments de réflexions.
- Dis mamie, on dort bien dedans ?
- Dans quoi ?
- Ben dans la cathédrale ?
- Ce n'est pas fait pour dormir mais pour prier.
- Prier ? Encore un mot que la petite fille ne connaît pas
- C'est quoi prier mamie ?
- C'est parler à Dieu.
- Ce doit être un géant pour avoir une si grande maison, dis mamie, tu l'as vu ?
- Non personne ne le voit.
- Alors pourquoi lui faire une cathédrale si personne ne le voit ?
- Je ne sais pas ma puce, c'est vieux tu sais.
- Vieux comme toi mamie ?
- Bien plus vieux.
La petite se tait médusée, elle ne voit pas comment on peut être plus vieux que mamie.
Aimela
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 07:10
La classe ricana.
Mr. Johnson venait bien de dire « Flying BUTTresses ». Hahaha, butt, c’était les fesses, on voulait bien les voir s’envoler, hahaha.
Moi, je les entendais vaguement.
Je pensais à la merveille que le prof de français venait de présenter.
J’imaginais mal ce que c’était, que le poids de toutes ces pierres repartait par ces structures que je trouvais absolument – envoûtants, quoi.
Il me fallut encore deux ou trois ans pour apprendre qu’on les appelait, en français, des arcs boutants.
Un arc boutant ! Même leur nom était joli, ces filaments de dentelle en pierre.
Fascinant, l’idée du poids reparti dans l’air, grâce à des arcs-en-ciel de granit.
Des arcs boutants !
Deux ou trois années plus tard, j’étais, pour la première fois à Paris.
Je pensais encore à Mr. Johnson, qui nous disait toujours « WHEN you go to France. » et non pas « IF you go to France ». Jamais « Si vous allez en France ». Toujours « Quand vous irez en France ».
Je le trouvais bien naïf. Ma famille était pauvre. Nous ne voyagions jamais. Je savais que je n’irais jamais à Paris, ou bien, peut-être un jour quand j’étais trop vieille pour l’apprécier.
Mais bon, c’était moi la naïve.
Je m’en rendis compte ce premier jour où j’étais à Paris.
Puisque je m’étais promptement perdue dans le métro, je ressortis vers le jour et le chauffeur de taxi me dit qu’il voulait bien m’emmener où j’allais, mais qu’il s’agissait juste de quelques petits kilomètres. Je lui dis que s’il voulait bien m’y emmener, je voulais bien lui payer pour le privilège…
Et dans quelques secondes, le taxi passa juste devant ces étonnants arcs boutants.
Je ricanai de fatigue et puis de joie en voyant le miracle du granit et de la dentelle, celui du poids distribué à travers de quelques petites années et de plusieurs longs siècles.

Joye
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 10:53


       Le jour décline et Paris s’illumine. Quarante ans ce sont écoulées mais Jeanne se souvient comme si c’était hier, de ses longues ballades romantiques sur le bord de la seine où, main dans la main, ils aimaient musarder ! Lui, elle, inséparable duo, affublés de leurs jeans, de tuniques indiennes sentant le patchouli, longeaient alors la rive, marchant nonchalamment les cheveux dans le vent.
Premiers baisers, premiers amours, c’étaient les années fac ! Ils s’aimaient au présent sur le bord de la seine, sans tabous, d’un amour puérile, idyllique sentant le renouveau ! Emerveillés de tout, ils consumaient la nuit jusqu’au petit matin, sans se soucier de rien, ni des quand dira t’on, ni même des lendemains, s’inondant de douceur, d’étreintes et de caresses!
Puis Paris s’éveillait tout autour de la Seine. Lui, elle, sans se lâcher la main reprenaient la rive gauche vers le quartier latin, s’arrêtant en chemin pour prolonger l’instant, chez Laurette, un p’tit bistrot du coin aux allures de guinguette !
Ils se disaient je t’aime sans jamais rien promettre que la sincérité de ce moment présent ! C’était juste un cadeau qu’ils se donnaient vraiment avec beaucoup d’amour et c’était suffisant.
Dans leur chambre d’étudiant, au milieu de copains, ils refaisaient le monde aux sons de leurs guitares, en écoutant Neil Young ou en chantant Dylan ! Et chacun s’enflammait, prônait la tolérance, la liberté des mœurs, de l’esprit, des couleurs, refusant la violence et la guerre du Vietnam.
Peace and love ! La vie avait passé ! Tous deux s’étaient maries ! Lui, elle, cette fois séparément avaient fait leur chemin, loin des rives de la Seine, sans vraiment se quitter! Ils ne s’étaient rien juré que la sincérité de ce très doux moment, qu’ils conservaient tous deux, comme un précieux présent !

Chloé
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 10:23

 

Voilà soudain Notre-Dame
Qui fait bateau mouche !

Sebarjo
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 07:28

Lovelocks

Une fois passé l'arc du pont de l'Archevêché, Philippe pourtant aguerri poussa un soupir de soulagement. Le plus étroit des ponts du parcours l'impressionnait toujours après tant d'années de navigation, d'autant plus que tous ces cadenas d'amour verrouillés à sa rambarde par des amoureux du monde entier lui rappelaient le serment de Samantha.
Le lovelock gravé à leurs deux prénoms était toujours là, suspendu au dessus du fleuve mais Samantha avait disparu le soir même sans jamais donner signe de vie.
A chaque tournée, comme dans un rituel immuable, son regard se perdait dans les grands arc-boutants de Notre Dame, remontait jusqu'aux tours massives où semblait palpiter le coeur infatigable de la ville, filait jusqu'à la pointe de sa flèche avant de revenir vers le pont de leurs amours naissantes...

Mais... une mince silhouette, élancée, de longues jambes aux cuisses fuselées. Non! C'était impensable.
L'ombre se penchait vers un enfant, cette lourde masse de cheveux relevés en chignon compliqué, la poitrine délicieusement opulente et comprimée dans un tailleur chic.
Il avait hurlé en même temps qu'une violente douleur lui comprimait la poitrine et l'empêchait de respirer.
Elle semblait lui faire un signe de tête et l'enfant lui tenait la main, ses mains chaudes et caressantes aux doigts fins et manucurés avec tant de soin.
Pas le temps d'expliquer... Broyant l'épaule de son copilote il s'entendit lui crier: "Prends la barre".
A cet endroit le quai était à peine à plus d'un mètre et, enjambant le bastingage Philippe sauta dans la masse compacte des touristes où il s'affala sans s'excuser.
Fendant la foule en claudiquant - sa cheville droite lui faisait horriblement mal - il trouva vite l'escalier qui mène au quai, rata une marche, bousculant les gêneurs interloqués.

Il allait se jeter contre elle, l'enlacer sans un mot, enfouir son visage dans les cheveux roux et odorants, retrouver cette peau veloutée, le contact des seins palpitants sous le tissu, le ventre ferme...
Elle lui dirait ses regrets, expliquerait tout, même l'enfant qu'il aimait déjà, lui jurerait...

"Monsieur!"
Pourquoi l'appelait-elle Monsieur?
"Samantha! c'est moi, Philippe"
"Monsieur, ça va mieux? Essayez de respirer doucement. On a prévenu les secours"

 

Vegas sur sarthe

1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 10:26


Au fil du flot
Voguons sur l'eau
De la Seine
Jolie scène
Que Paris
A minuit
Sous les réverbères
Qui tamise ses lumières
Mai est si doux
A votre cou
Décolleté
De l'hiver enfin libéré
Ah prendre le bateau mouche
Et puis votre bouche
J'en ai rêvé si fort
Que du décor
Je ne vois que vous
Par-dessus tout
Et votre mouche
Peu farouche
Qui se laisse embrasser
Sur votre joue rosée...

 

jill bill

 


30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 20:00

 

Où vont ceux qui s'en vont,

ceux qui prennent le large pour l'amer

lâchent le fil et dérivent à l'envers.

 

Où vont ceux qui se quittent

plongent dans des murmures sarcastiques

enferrés dans la nasse d'un derviche déboussolé

 

de l'autre côté du miroir opaque

je te vois

tu te débats

 

où sont ceux que l'on aime

ceux qui filent leur rengaine

sourds au fracas de nos silences

 

De l'autre côté du miroir opaque

qui es tu ?

 

imago

30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 19:24


Depuis que j'étais là, assis sur ma couche à regarder en face... je connaissais tous les détails du mur... une petite fente montant vers le plafond, un morceau de brique rouge qui ressemble à un chat assis, le plâtre qui s'effrite...
Les journées passaient lentement, les heures défilaient pesamment ... J'avais bien obstrué la lucarne avec mon pull-over afin d'oublier si c'était le jour ou la nuit mais il y avait toujours une petite lueur qui arrivait à s'infiltrer et à me rappeler ainsi le temps qui passe. Depuis combien de temps étais-je là ? Au début, j'avais fait des traits sur le mur avec un petit morceau de craie... puis faute d'outil et surtout d'envie, j'avais cessé ! Pour accentuer cet isolement, j'avais détruit ma montre... heures, minutes, secondes, quelle importance ? Mon repas quotidien ne représentait plus rien... est-ce qu'on me le servait aux mêms heures ? Je l'ignorais... Je m'endormais,et, au réveil, il était là ! Qui l'apportait ? Qui remportait le plat ?
... Je ne voyais personne ...
Mettait-on de la drogue dans les aliments ? J'avais bien essayé de ne plus m'alimenter pour vérifier cette théorie mais les repas n'étaient plus arrivés ... Comprenant que je ne serais pas le plus fort, j'avais capitulé et les repas avaient repris.
Mon esprit vagabondait souvent ; j'inventais des histoires, j'avais repris des problèmes de maths à résoudre, des suites de chiffres ; je visitais des pays où j'aurais aimé aller... Je me récitais les poèmes appris avant ... Bref, tout pour passer de l'autre côté du mur.
Cette porte, quand allait-elle s'ouvrir ? Quand un clé tournerait-elle dans la serrure ?

Entresoi

30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 08:16
Longtemps ce mur je l’ai senti entre eux et moi
Je pensais qu’il leur appartenait
Impuissante, je le cognais parfois
Le caressais aussi, en vain, alors s’éloigner.

Ce mur n’est plus, depuis qu’en moi, je l’ai touché
Au premier contact, il a fondu
Laissant apparaître un espace vibrant
Où s’ébat la vie en tant de formes

Michelle
30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 08:07



Ecris écris

Ecris toi Râ sur blanc

Le Ru de tes ruisseaux

Les Rayons roux de ta Route en des routes

L' R qui regimbe d'en manquer

Le R de crier d'aimer



Ecris écris

Ecris toujours

Le R de ce qui est rare

Les uRgences les refuges les ressorts

Les Rires les laRmes des Rêves

Au-delà des chairs

Au-delà des ères



Chante l'R contre le refus

Comme un cri

Comme un baiser



A défaire les heures

A dénuder la mort

A rappeler le vivre



Ecris et cries

Le vertige de la lettre nue

A toucher l'horizon de la blessure

Comme si deux êtres se tenaient à l'aube de leurs lèvres -râpprochées-...

 

Agnès

26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 15:21
Il y a des peurs qui vous glace le sang
Des peurs qui vous aspire lentement
La mienne me terrorise
Elle m'a sous son emprise
Je cours, je cours
Je ne veux pas qu'elle m'entoure
Je me cogne à elle
Ravie, elle déploie ses ailes
Ses doigts me frôle
Elle me veut sous son contrôle
Je travaille, je sors, je ris,
A heures perdues, j'écris
Je suis dans mon propre monde
Chaque particule de lumière m'inonde
Il ne faut pas qu'elle entre dans mon existence
Qu'importe son apparence
Je me sens comme prisonnière
Il me faut trouver un endroit, une tanière
Chaque occupation
La repousse loin de ses aspirations
Je la repousse de toutes mes forces
Aujourd'hui, j'y suis arrivée, je la désamorce
Oh ennui, tu ne m'auras pas
Chaque seconde de ma vie est un long combat
 
Magui
26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 10:35


Mon thérapeute est plein d'humour ; j' y suis très attachée, même si parfois je le trouve bizarre. Il se nomme monsieur Lard alors qu'il est maigre comme un passe-lacet ; je ne sais pas où il va chercher ses concepts mais j'avoue que j'ai un faible pour l'originalité de sa démarche.
Lors de la dernière séance il m'a proposée de me livrer à un petit jeu ; "un jeu d'attachante décontraction" a t-il dit ...
Mais comment une personne à qui vous confiez vos troubles les plus secrets pour ne pas dire suspects peut-elle vous proposer une décontraction amusante et ... salissante ?

Je vous explique ; je suis maniaque, extrêmement maniaque et c'est devenu quasiment un handicap de vie. J'ai développé depuis des années une véritable phobie...
Le problème chez moi c'est que ça prend des proportions inquiétantes, étrangement troublantes car je ne supporte pas la moindre petite tache. C'est d'ailleurs pour cette raison que je consulte chaque semaine.
Mon thérapeute, probablement lacanien met sans cesse l'accent sur l'accent justement :
- Absence ou présence de circonflexe ? me demande-t-il constamment et il sourit tout seul sur son gros fauteuil mêlant des suppositions de panique et de flemme pour ma pathologie.
Les thérapeutes parfois sont tellement narcissiques qu'ils s'approprient nos émois pour les détourner en sourires circonstanciés ou alors se sentent obligés de faire des expériences pour peaufiner leurs recherches théoriques.
Il m'agace, il m'agace ... mais ...

Il a néanmoins réussi à me faire accomplir une chose insensée.
Regardez bien cette photo ; c'est moi !!!
Incroyable, n'est ce pas !!!
Je vous explique.
La semaine dernière, il m'a accompagné dans un atelier.
J'ai revêtu une tunique et un pantalon blanc symboliquement proche de la camisole.
J'ai du détacher mes cheveux, renverser la tête à l'avant et à l'arrière pour me décoiffer totalement puis tremper ma chevelure devenue hirsute dans différents seaux de peinture acrylique et frotter ma tête contre le mur de haut en bas de droite à gauche.
Une musique de plus en plus rapide accompagnait mes gestes ; c'était terrifiant.
Je devais rester les yeux clos.
De temps à autre, je poussais des petits gémissements.
Était-ce de la honte, de l'angoisse, du plaisir, je ne sais pas très bien.
Toujours est-il que la séance dura une heure ; une sonnerie stridente retentit à la fin du temps écoulé. Il me fit sortir de la pièce, toujours les yeux fermés, et me dirigea vers une salle de bain ; j'eus le droit de prendre une douche, de me rhabiller et de sortir.

Quelques jours plus tard je reçus ce cliché chic et choc par voix postale et j'avoue que je suis restée bouche bée.

Je crois que je suis guérie et que je vais sans plus tarder me mettre à la tâche : est-ce l'art ou Lard qui m'attend au tournant ...

Annick SB

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